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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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mette le ventre un peu à l’envers si je veux qu’elle se souvienne de moi.»
    Emilie et Ovila regardèrent arriver le printemps de leur fenêtre de chambre. Emilie en profita pour annoncer à Ovila qu’il y avait aussi un bourgeon qui voulait éclore en elle. Ovila, encore une fois, valsa de plaisir. Les affres de l’accouchement d’Emilie étaient presque oubliées.
    «Cette fois-là, ma belle brume, j’vas pas te quitter pendant tout le temps que le p’tit va se faire un caractère. J’vas le regarder pousser sur ton nombril. Euh... jusqu’à quand est-ce qu’il faut que je patiente?
    —        Jusqu’à l’automne. Crains pas, tu vas finir ton Chemin de croix avant que moi je finisse le mien.»
    Émilie se demandait si c’était la présence d’Ovila qui facilitait sa deuxième grossesse ou si c’était parce que son corps se moulait simplement à la maternité.
    «C’est un ange ce bébé-là. Il me laisse dormir la nuit, pis il me fait pas mal au dos.
    —        Ça doit être un garçon.
    —Je dirais que non. Je suis grosse de la même manière.
    —        Dis-moi pas que tu crois à ces histoires-là, Emilie. Instruite comme tu es! Les p’tits, filles ou gars, sont dans le même ventre.
    —        Dis ce que tu voudras, moi, je suis certaine que ça va être une autre fille.
    —        Pis moi je dis que ça va être un gars. Veux-tu gager?
    —        Oui. On gage que si c’est une fille tu repars pas pour les chantiers l’hiver prochain. » Emilie avait lancé sa gageure l’air triomphant, comme si elle venait de trouver un moyen miracle de tenir Ovila loin de la forêt. Près d’elle.
    «Ouais...tu y vas pas avec le dos de la cuiller!» Ovila avait feint d’être très inquiété par l’enjeu. Emilie souhaitait que ce fût bien une feinte.
    «Quand on gage, on gage, mon vieux.
    —        Gagé!»
    Les feuilles avaient depuis longtemps pris possession des branches puis abandonné leur domaine quand Emilie ressentit les premières douleurs de la naissance. Elle demanda à Ovila d’aller chercher la sage-femme, Ovila voulut envoyer Oscar ou Télesphore mais Emilie le pria de n’en rien faire.
    «J’aimerais mieux que tu. y ailles toi-même. Si tu vas chez tes parents, tout le monde va s’inquiéter. De même, on va pouvoir les avertir à la dernière minute.»
    Ovila, Rose sur les genoux, partit chercher la sage- femme en prenant bien son temps, comme Emilie le lui avait recommandé. Ils revinrent une heure plus tard. La sage-femme frappa à la porte de la chambre, mais Emilie la pria d’attendre, le temps qu’elle s’installe. Ovila frappa à son tour et lui demanda si tout allait bien. Elle lui répondit par l’affirmative, ajoutant que c’était beaucoup plus facile que la première fois. Elle lui suggéra d’emmener Rose jouer dehors.
    «Je veux pas te laisser toute seule.
    —        J’aime mieux que Rose soit pas dans la maison.
    —        D’abord j’vas aller la porter à ma mère ou à Éva.
    —        Non! Je veux que tu restes tout près de la maison.
    —        Émilie, c’est complètement niaiseux de se parler de même à travers la porte. La sage-femme est prête à venir t’aider.
    —        J’vas la laisser rentrer aussitôt que tu vas être dehors avec Rose.»
    Ovila regarda la sage-femme qui finissait de chauffer l’eau et de déchirer de vieux draps en longues lisières.
    «Une femme qui accouche a toujours ses caprices», dit- elle avec un sourire moqueur.
    Ovila sortit de la maison, Rose à sa suite. La sage- femme frappa à la porte et entra dans la chambre. Émilie était rouge ; ce qui fît craindre à la sage-femme une poussée de fièvre. Emilie lui demanda si elle avait apporté le fil. La sage-femme lui rappela qu’elles n’en n’étaient pas encore là. Émilie éclata de rire.
    «Le bébé est arrivé! J’ai juste besoin du fil pour le cordon. »
    La sage-femme la regarda, incrédule, puis souleva rapidement le drap. Une toute petite fille gigotait sur la poitrine d’Émilie. Émilie riait encore et la sage-femme comprit que ses rougeurs étaient des rougeurs de plaisir. La sage-femme prit son fil, attacha puis coupa le cordon. Pendant ce temps, Émilie regardait par la fenêtre. Elle voyait Ovila qui essayait bien de distraire Rose mais qui visiblement avait énormément de difficultés à le faire.
    «Depuis quand est-ce qu’elle est née?
    —

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