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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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les réjouit comme si cet enfant eût été leur premier. La grossesse d’Émilie se déroula normalement. Elle épaissit à nouveau et Ovila se moqua un peu d’elle. Mais malgré plusieurs livres supplémentaires, il la trouvait toujours aussi belle. Et elle l’était.
    À l’automne, Ovila dut se résigner à quitter le Bourdais pour aller dans les chantiers. Émilie et lui savaient qu’ils n’avaient pas vraiment de choix. Mais cette fois, Ovila partait le cœur léger à la pensée que sa famille était bien. Rose allait à l’école et se débrouillait grâce à la persévérance de sa mère. Marie-Ange, brusque et plutôt coléreuse, n’en demeurait pas moins la plus comique des enfants qu’il lui avait été donné de connaître. Émilien grandissait à vue d’œil et Ovila s’amusait à se tirailler avec lui, même s’il avait à peine plus d’un an. Et, avec un peu de chance, il réussirait à mettre assez d’argent de côté pour être de retour à la mi-février de façon à aider Émilie à accoucher de leur prochain enfant. Ils ne pouvaient plus compter sur Éva qui quitterait la maison paternelle pour suivre son mari.
    Ovila partit et Émilie lui promit de l’attendre. Il avait ri en lui demandant si elle pouvait faire autrement. Elle lui avait répondu qu’elle le pouvait. Il lui suffirait de cesser de penser à lui. Ovila avait feint de la supplier de n’en rien faire. Elle lui avait répondu qu’elle y songerait.
    Émilie passa quatre mois à regarder par la fenêtre tous les soirs, feignant une attente quotidienne. Elle alimentait son ennui, certaine que le retour d’Ovila n’en serait que meilleur. Quand il lui écrivait, elle dévorait ses lettres et continuait de les enfouir sous son oreiller. Elle ne voulait pas perdre ses habitudes d’adolescente, même si son adolescence était maintenant terriblement lointaine.
    L’hiver fut assez clément pour ne pas l’obliger à s’alourdir davantage sous des vêtements trop épais. Ovila lui avait dit qu’il rentrerait au plus tard le quinze février au cas où elle accoucherait plus tôt que prévu. Aussi, dès le dix, elle essaya de vaincre son impatience. Tous les jours, elle devait se faire violence pour combattre la distraction qui s’emparait d’elle, lui faisant faire les pires imprudences. Sous son emprise, elle oubliait de chauffer le poêle, ou de bien fermer la porte ou encore de laver les couches d’Émilien. Le quinze février passa sans qu’elle eut de nouvelles de son mari. Elle commença à s’inquiéter. Elle relut sa lettre des centaines de fois. Il avait bien écrit qu’il serait de retour pour le quinze.
    Le vingt février découvrit une Émilie sombre et inquiète. Elle craignait qu’un accident ne fût la cause du retard d’Ovila. Ses beaux-parents tentèrent de la calmer, mais en vain. Elle était de plus en plus angoissée. Edmond, lui, se contenta de froncer les sourcils. Il avait ses craintes secrètes.
    Le vingt-sept février au matin, elle ressentit les premières douleurs. Elle préféra se dire qu’elles étaient le fruit de son imagination. Les douleurs persistèrent. A la fin de l’après-midi, quand déjà la journée se confondait avec la nuit de l’hiver, elle coucha ses enfants et fit de même. Les douleurs s’accentuèrent. Elle se releva, prise de panique à l’idée d’accoucher sans aide, et décida d’aller chercher sa belle-mère. Elle regretta de n’avoir pris cette décision plus tôt. Rose aurait pu aller demander du secours. Maintenant, il était trop tard. Elle ne voulait pas que Rose sorte à la noirceur et de plus, Rose dormait. Elle tremblait à l’idée de laisser ses enfants seuls. Peut-être n’accoucherait-elle que le lendemain? Une violente contraction l’obligea à réagir. Elle devait aller chercher du secours. Elle s’emmitoufla dans son manteau, prit son manchon, cala sa toque sur ses cheveux défaits et sortit d’un pas décidé dans la noirceur remplie de rafales et de tourbillons de vent.
    Elle suffoqua. Une lame de vent venait de se briser contre sa poitrine courbée. Jamais elle ne réussirait. Le vent était de plus en plus emporté. Elle jura contre son mauvais sort puis décida que tout ce qui lui arrivait était la faute d’Ovila. «Maudit Ovila! Maudit toi! Pourquoi est-ce que tu es pas arrivé comme tu l’avais dit?»
    Des larmes commencèrent à lui dessiner des sillons sur les joues. Son ventre se faisait de plus en plus pressant. Elle

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