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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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paquet de mon’oncles pis de ma’tantes.» Il fit une pause, sans quitter Émilie des yeux. «Pis? qu’est-ce que tu en penses?»
    Émilie lui répondit qu’elle réfléchirait à la question. L’idée lui plaisait. Elle avait tellement perdu sa famille de vue qu’il lui arrivait parfois d’en oublier jusqu’à l’existence. Ses filles pourraient s’amuser à Saint-Stanislas. Elle ne pouvait pas les priver de connaître leur grand-père et leur grand-mère.
    Le lendemain matin, elle dit à son père qu’elle acceptait. Caleb s’en réjouit. Émilie fit la valise de ses filles et les regarda monter dans la calèche. Elle trouva Marie-Ange bien petite.
    «Êtes-vous certain, pâpâ, de pouvoir vous occuper de Marie-Ange pendant le trajet? Je pense que ça serait mieux que Rose aille toute seule.
    —        Inquiète-toi donc pas. Avec ce que tu nous a donné pour manger j’vas avoir de quoi leur remplir la bouche jusqu’à Saint-Stan’. Si ta fille c’est la fille de sa mère, aussitôt que ça va commencer à brasser un peu, elle va dormir comme une princesse.»
    Émilie se reposa à souhait. L’absence de ses filles l’aida grandement. Elle pensa à son père avec attendrissement. Il avait bien essayé de lui porter secours, mais sa maladresse proverbiale lui avait encore joué de vilains tours. Émilie avait pourtant longuement réfléchi à une toute petite phrase qu’il lui avait dite, sans intentions: «Aussitôt que ça va brasser, elle va dormir comme une princesse. Comme sa mère.»
    Oui, elle s’était endormie. Depuis la mort de Louisa, elle avait refusé d’ouvrir les yeux. Elle les avait fermés. Plus que fermés. Elle les avait bouchés. L’absence d’Ovila commença à lui peser. Elle savait qu’il était à La Tuque.
    Elle s’était bien gardée de le dire aux Pronovost, préférant jouer les martyres. La femme abandonnée. Les Pronovost seraient certainement furieux quand ils apprendraient qu’elle n’avait rien dit. Comment leur expliquer qu’Ovila avait fait déposer de l’argent à la banque ? Non. Oui. Elle leur dirait. Elle demanderait même à un de ses beaux-frères d’aller chercher Ovila. Ovila attendait peut-être qu’elle lui manifeste son désir de le revoir. Il attendait sûrement.
    Caleb revint conduire ses filles deux semaines après leur départ. Il retrouva sa bonne vieille Émilie. Elle lui annonça même qu’Ovila arriverait sous peu. Edmond avait déjà pris le train pour La Tuque, mais Émilie avait tu ce détail à son père. Elle préférait lui laisser croire qu’elle avait eu des nouvelles de son mari.
    Caleb repartit pour Saint-Stanislas en promettant à Émilie de revenir plus souvent. Maintenant qu’il connaissait ses petites-filles, il ne pourrait plus endurer de s’en sentir éloigné, avait-il ajouté.
    Dosithée vint la voir pour lui dire qu’Edmond arriverait le lendemain. Émilie sauta de joie.
    «J’ai dit Edmond, Émilie.»
    Elle cessa de sourire.
    «Pis Ovila?
    —        Ovila va arriver un peu plus tard.
    —        Combien plus tard?
    —        Ça va dépendre.
    —        Ça va dépendre de quoi? s’impatienta Émilie.
    —        Ça va dépendre de lui, Émilie. Ovila est pas... comment dire...est pas prêt à revenir. En tout cas, tu en parleras avec Edmond demain.»
    Elle interrogea Edmond, qui fut aussi vague et discret que son père.
    «Ovila va revenir au moins?
    —        C’est sûr, Émilie. Peut-être même plus vite que tu penses.
    —        Mais il veut pas revenir tout de suite?
    —        C’est pas parce qu’il veut pas...
    —        C’est pourquoi d’abord?»
    Edmond ne répondit pas. Il ne voulait pas dire à Émilie qu’il avait cherché Ovila partout et qu’il l’avait trouvé, ivre mort, dans un campement d’indiens. Il ne voulait pas qu’elle sache qu’il n’avait dessaoulé qu’en de rares occasions depuis son départ. Qu’il s’était noyé de chagrin, dans tous les sens du terme. Qu’il lui avait fallu attendre qu’Ovila reprenne ses esprits pour lui dire qu’il avait un fils sans nom. Qu’Émilie l’attendait pour le baptême. Il ne voulait pas qu’elle sache qu’il l’avait conduit au presbytère pour qu’il se fasse soigner le corps et l’âme.
    «Émilie... Ovila dit que tu l’as presque accusé d’avoir tué Louisa...pis il dit que le docteur a dit que Louisa était peut-être morte avant même que

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