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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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Félicité, Ovide, Edmond et Émile vinrent voir le meuble. Félicité en avait fait le tour à plusieurs reprises, et avait ouvert chacun des tiroirs, s’extasiant sur tout ce qu’Ovila avait fait.
    «Tu peux pas savoir, Ovila, ce que ça fait au cœur d’une mère de voir le talent d’un de ses enfants comme ça. C’est une affaire, le talent, que je comprendrai jamais. On peut pas dire que Dosithée pis moi on a eu bien du talent, pis là, on a un fils qui en est bourré. On a toujours su que tu aimais le bois, mais on n’a jamais pensé que le bois, lui, se laisserait aimer comme ça par toi. »
    Ovila jubilait. Comme le temps était généreux. Comme le temps lui avait donné la chance de redevenir un fils qui faisait sourire sa mère et sa femme. Ovide toussotait son admiration, mais en bon frère aîné, il se sentit obligé de critiquer un peu.
    «Tu as pas pensé le teindre, ton meuble?
    —        J’ai pas voulu le teindre. Ce qui fait la beauté du bois, c’est son grain. Si je l’avais teint, comment est-ce qu’on aurait pu voir la différence? Je l’aurais fait en pin ou en érable que ça aurait été pareil.
    —        En tout cas, Télesphore est pas remis de ses émotions parce qu’à matin, il a jamais voulu se lever. Il nous a dit qu’il viendrait cet après-midi pour commencer à préparer le meuble pour le voyage.»
    Télesphore n’avait pu se déplacer, souffrant d’une indisposition. Félicité lui avait mis une main sur le front et lui avait confirmé qu’il faisait un peu de fièvre.
    «Ça doit être parce que j’ai attrapé la pluie. Pour moi, je fais une grippe.»
    Le lendemain, au grand soulagement d’Ovila, il vint l’aider à bien emballer chacun des petits tiroirs. Il découvrit d’autres merveilles sur son meuble. Il ne tarissait plus d’éloges. Ils réglèrent leurs comptes, Ovila acceptant, après d’interminables discussions, un léger dédommagement.
    «J’aime pas ça, Télesphore. Quarante piastres, c’est
    trop.
    —        Si je pouvais te donner cinq cents, ou mille piastres, Ovila, c’est ça que je te donnerais. Un meuble de même, ça a pas de prix. Jamais de ma vie j’vas m’en séparer. Jamais!»
    Ovila travaillait, tôt le lendemain matin, à fixer le meuble dans une voiture. Ils s’étaient organisés pour le faire transporter par train. Télesphore n’avait pas voulu prendre le risque de l’abîmer sur les routes cahoteuses. Le train était ce qu’il y avait de plus sûr. Ovila vit passer la voiture du médecin et lui fit un grand signe de la main. Le médecin ne lui répondit pas. Au même moment, Ti-Ton était arrivé à la course. Ovila déposa le câble qu’il s’apprêtait à serrer autour du meuble. D’un coup d’œil, il avait reconnu la mauvaise nouvelle dans le visage de son jeune frère.
    «Qu’est-ce qui se passe le Ton, Télesphore est trop grippé pour partir aujourd’hui?
    —        C’est pas une grippe, Ovila. On sait pas ce que c’est. Mais il est trop mal en point pour voyager aujourd’hui. Moman a fait venir le docteur. Elle dit qu’il y a quelque chose qu’elle aime pas.»
    Ovila rentra la voiture dans son atelier, craignant que le meuble ne soit endommagé par la pluie qui commençait à tomber tout doucement.
    «J’vas aller le voir. Donne-moi juste deux minutes pour que j’avertisse Emilie pis je te suis.»
    Ils étaient arrivés au moment où Félicité s’affaissait dans une chaise du salon. Inquiète. Elle les regarda tous les deux puis, d’une voix chevrotante, leur dit que le médecin était avec Télesphore et qu’avant de lui demander de quitter la chambre, il lui avait dit qu’elle avait bien fait de le faire venir. Ovila ne put en entendre davantage. Il monta à la chambre de son frère, frappa et entra. Le médecin tirait le drap sur le visage de Télesphore. Il se signa puis se retourna et aperçut Ovila.
    «Je sais pas pourquoi pis comment ça arrive, Ovila. Mais, quand ça arrive, on peut rien faire.
    —        Ça, quoi?
    —        C’est les poumons qui viennent pleins de sang. Le patient s’étouffe, exactement comme s’il se noyait...euh...dans son sang. Ça arrive rarement, mais c’est comme s’il se noyait dans son sang. »
    Le médecin lui-même était bouleversé. Il détestait cette médecine qui ne savait pas encore éloigner la mort. Il la détestait encore plus quand la mort aspirait un jeune comme Télesphore. En pleine

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