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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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prépara sa purée. Ovila vint la retrouver en riant.
    «Ça fait cinq minutes que j’attends pour pisser. Les jeunes passent leur temps à se pendre après la chaîne de la toilette.»
    Emilie sourit, se rappelant sa fascination dans la salle de toilette de l’hôtel Windsor.
    «Qu’est-ce que tu dirais de ça, Émilie, si je restais avec les jeunes pendant que toi tu vas faire le tour du quartier pour leur trouver une école?
    —        Tu voulais pas aller à la Belgo?
    —        J’irai demain. L’école ça presse plus. Si tu peux les inscrire, ils vont pouvoir y aller après-midi.»
    Émilie accepta l’offre d’Ovila. Elle s’habilla, mettant une de ses robes les plus convenables, un chapeau de paille et des gants de dentelle. Elle ne voulait surtout pas avoir l’air d’une «femme de la campagne qui arrive en ville».
    Elle trouva l’école à deux coins de rues. Une religieuse l’accueillit et lui demanda si elle venait pour inscrire ses enfants. Émilie répondit par l’affirmative. La religieuse la dirigea alors vers une petite salle. Émilie y entra et fut étonnée de voir qu’elle était bondée. Elle dut attendre, debout, qu’on l’appelle. L’assistante de la directrice n’avait pas l’air dépassée par l’arrivée de tant de nouveaux élèves.
    Cela était coutumier au début de mai. Elle expliqua à Émilie qu’il y en avait à peu près autant qui quittaient à cause d’un déménagement.
    «Pour mai et juin, madame, on a à peu près le même nombre d’élèves, compte tenu des départs et des arrivées.
    —        Est-ce que mes enfants peuvent venir cet après- midi?
    —        Bien sûr, s’ils ont tout ce qu’il leur faut. Sous quel nom?
    —        Pronovost.
    —        Quel prénom?
    —        Il y en a plusieurs.
    —        Si vous voulez bien, on va commencer par le premier.
    —        Rose, treize ans, en quatrième année.»
    L’assistante leva les yeux de son cahier et regarda Émilie. Émilie n’ajouta pas un mot. Elle n’avait pas envie d’expliquer, ici, les difficultés de Rose. Elle vit l’assistante faire un point d’interrogation à côté du nom de Rose.
    «Ensuite...
    —        Marie-Ange, onze ans, sixième année.
    —        Ensuite...
    —        Émilien, neuf ans, quatrième année. Si vous avez deux quatrièmes, j’aimerais mieux que lui et Rose ne soient pas dans la même classe.
    —        Nous n’avons qu’une quatrième année. Ensuite...
    —        Blanche, sept ans, deuxième année.
    —        Ensuite...»
    Émilie décida de prendre un risque. Paul n’avait pas fait sa première, mais elle savait qu’il pourrait suivre. Ayant fait ses preuves, il leur serait difficile, l’année suivante, de le retourner en première.
    «Paul, presque six ans, première année.»
    L’assistante leva les yeux encore une fois.
    «Il a bien commencé tôt?
    —        Oui. Paul est plein de talent et comme j’ai moi-même été institutrice pendant six ans...
    —        Dans une école de rang?
    —        Oui, à Saint-Tite-de-Champlain.
    —        C’est que, madame, les programmes sont beaucoup plus difficiles ici... Paul devrait peut-être attendre et reprendre sa première l’an prochain. Vous savez, nous reculons les enfants d’une année quand ils viennent de la campagne. »
    Émilie inspira profondément. Elle ne devait pas faire d’éclat à sa première visite. Elle connaissait les programmes et savait que ses enfants étaient parfaitement préparés.
    «Ma sœur, en permettant à Paul de terminer sa première, vous serez à même de juger s’il pourra faire sa deuxième l’an prochain. Et si vous n’y voyez pas d’objection, je vous demanderais de laisser chacun de mes enfants dans le niveau que je vous ai indiqué.»
    Elle avait parlé sèchement, remerciant silencieusement Henri Douville de lui avoir appris à parler lentement en articulant chacun de ses mots. La religieuse souleva les épaules, jeta un coup d’œil derrière Émilie, vit le nombre de personnes qui attendaient et décida de ne pas discuter. Cette mère, comme toutes les mères venant de la campagne, comprendrait bien assez vite qu’il était inutile de s’entêter.
    Rarement, les enfants de la campagne pouvaient rivaliser avec ceux de la ville.
    «Une dernière chose, madame. L’an prochain, il n’y aura que des filles ici

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