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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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Ovila d’aller à l’école signer les inscriptions. Il s’était donc rasé et habillé proprement et avait attendu la fin de l’après-midi de façon à pouvoir revenir à la maison avec les enfants. Ils rentrèrent tous, heureux et jubilants. Emilie les attendait dehors, sur le trottoir, Alice dans les bras, Jeanne et Clément jouant à ses côtés. En l’apercevant, Paul courut à toute vitesse, le visage illuminé d’un grand sourire.
    «C’est facile-bébé, moman. J’ai tout su! La sœur m’a posé beaucoup de questions pis j’ai tout su! La sœur m’a demandé de compter. J’ai compté. Moi, je pensais que la sœur voulait que je compte lentement, ça fait que j’ai compté lentement, pis après la sœur m’a demandé d’aller plus vite, ça fait que là, moman, j’ai compté bien vite. La sœur m’a dit d’arrêter pis j’étais juste rendu à cent. La sœur m’a demandé si je savais toutes mes centaines, pis j’ai dit oui. Pis j’ai dit que je savais mes millaines aussi.
    —        Tes quoi?
    —        Ben, mes mille! J’ai dit que je savais mes mille. Pis que je savais même mes millionnaines! En tout cas, la sœur avait l’air bien découragée que je sache autant de chiffres. Ici à Shawinigan, les enfants savent pas autant de chiffres qu’à Saint-Tite-de-Champlain. »
    Emilie se mordit les lèvres pour ne pas rire. Elle pouvait imaginer l’expression de la religieuse devant l’assurance de Paul.
    Ils entrèrent dans la maison. Ovila et Emilie écoutèrent les histoires du premier après-midi d’école pendant près d’une heure. Paul prit la parole, répétant à tous ce qu’il avait déjà raconté à sa mère. Au grand soulagement d’Emilie, personne ne rit. Blanche interrompit Paul.
    «La sœur m’a demandé ce que faisait mon père. Comme je savais pus si pâpâ était toujours menuisier ébéniste, j’ai répondu que pâpâ était déménageur. De ce temps-là, c’est ce qu’il fait. Il déménage. Mais j’ai fait attention de dire qu’on venait de Saint-Tite-de-Champlain. Pis la sœur m’a demandé dans quelle ville j’étais maintenant. Je l’ai regardée pis j’avais envie de lui dire que franchement, c’était une question pas mal niaiseuse. Mais je me suis rappelé que vous nous aviez dit d’être polis, ça fait que j’ai répondu.
    —        Qu’est-ce que tu as répondu, Blanche?» demanda Emilie tout à coup inquiète.
    «Ben voyons, moman, j’ai dit qu’on restait à Icias- hawinigan.» Emilie ferma les yeux deux secondes et les rouvrit. Elle demanda à Emilien s’il avait rencontré quelques difficultés.
    «Non, c’était aussi facile que chez nous. Les élèves sont juste plus sages. C’est dans la dictée que j’ai eu de la misère. Je savais pas écrire Shawinigan. Astheure, je le sais.
    —        Comme est-ce que tu l’avais écrit?
    —        C -h-a-t-o-u-i-n-i-g-a-n-e. »
    Emilie fit épeler Shawinigan à tous ses enfants pour être certaine qu’ils le sauraient tous. Blanche répéta et comprit qu’elle n’avait pas bien répondu à la question qui lui avait été posée en classe. Elle s’enfonça la tête dans les épaules. Rose et Marie-Ange n’avaient rien de spécial à raconter. Marie-Ange se borna à dire que la plupart des filles avaient des robes plus belles que la sienne et Rose, qu’elle était assise à l’arrière de la classe et que la religieuse ne lui avait pas posé de questions. Quant à la dictée, elle n’avait eu que trois fautes.
    Ovila entra en trombe. Il avait la figure rouge et le souffle court. Emilie avait sursauté. Elle ne connaissait pas encore tous les bruits de sa nouvelle maison.
    «Tu m’as fait peur, mon maususse. Arrive moins vite la prochaine fois. Regarde Alice, même elle a l’air inquiète.
    —        Je l’ai! Je l’ai, Émilie! Une journée pis je l’ai! Ah! la ville, Émilie, c’est pas la place pour quêter pis attendre. Je l’ai!
    —        Tu l’as?
    —        Je l’ai! Je l’ai! Pis pas pour des pinottes. Pour un bon salaire.
    —        Tu l’as!»
    Émilie déposa Alice par terre, se jeta dans les bras d’Ovila qui la fit valser, la frappant sans arrêt sur les coins de la table.
    «Ouch! Ovila! Fais-moi pas tourner si vite.
    —        Si tu penses que nous autres on tourne, c’est parce que tu as rien vu. Moi, à matin, j’ai vu les breast rolls, pis les guide rolls pis ça, madame, ça

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