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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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leur tente. Entre toi pis moi, tu sais que c’est comme ça dans bien des familles. Bon, astheure, j’vas...je vais aller chercher un magasin.»
    C’est en vain qu’Emilie arpenta les rues. Lasse, elle se renseigna et on lui dit que le matériel scolaire était vendu à l’école. Elle grimaça devant la perspective d’être forcée d’inventer une histoire pour justifier un tel achat au mois de mai. Elle revint à la maison, prépara le repas puis, tenant Paul et Blanche par la main, elle prit la direction de l’école, obligeant les enfanta à remarquer le trajet, à le mémoriser, à regarder plusieurs fois avant de traverser la rue.
    «Ici, à Shawinigan, il y a pas mal plus de machines qu’à Saint-Tite. A Saint-Tite...de-Champlain, il y avait celle de mon’oncle Edmond pis deux autres. Je voudrais surtout pas, ici à Shawinigan, être changée en moman grenouille. C’est clair ça les enfants?
    —        Oui, moman.»
    Blanche se mit à sangloter. Sans laisser la main de sa mère, elle commença à ralentir le pas.
    «Je veux voir mémère Pronovost. J’aime pas ça, ici à Shawinigan...
    —        Tu vas t’habituer, Blanche.»
    Ils étaient arrivés à l’école. Émilie les laissa, regroupés, leur demandant de ne pas se séparer, pendant qu’elle irait dans l’école acheter les cahiers dont ils avaient besoin. Elle entra dans l’école et tomba nez à nez avec l’assistante de la directrice.
    «Madame, madame euh...
    —        Pronovost.
    —        Pronovost. Ce matin, j’ai complètement oublié de vous dire que votre mari devait signer les inscriptions. J’ai aussi oublié de vous demander les baptistères des enfants.
    —        Les baptistères sont à Saint-Tite-de-Champlain, ma sœur.
    —        C’est bien embêtant...
    —        Est-ce que vous voulez dire que les enfants...
    —        La règle veut que nous ayons une copie du baptistère. Mais étant donné que vos enfants arrivent presque à la fin de l’année, nous pourrons faire une exception. La directrice vous demanderait de les avoir pour leur inscription de l’année prochaine.
    —        C’est bien aimable. Vous pouvez compter sur moi. Nous les aurons.»
    Elle était furieuse contre elle-même. Comment avait- elle pu négliger ce détail?
    «Au fait, ma sœur, pourriez-vous me dire où acheter les cahiers pour les enfants?
    —        C’est pas nécessaire d’acheter de nouveaux cahiers. Ils pourront utiliser les cahiers qu’ils avaient cette année. »
    Emilie se força de sourire d’un air entendu. Elle devait absolument et rapidement inventer quelque chose.
    «C’est que, voyez-vous, ma belle-mère m’a demandé les cahiers des enfants. Ce sont ses premiers petits-enfants et notre départ la chagrinait. Alors, je lui ai laissé tous les cahiers pour qu’elle puisse les feuilleter en pensant à eux. »
    Elle se demanda si la religieuse avait avalé ce prétexte. Aussi, elle continua de sourire, s’efforçant d’imprégner son sourire de tendresse.
    «Pauvre femme! Ça doit être bien difficile de voir partir un fils et ses petits-enfants.» Emilie tiqua devant la pointe de la religieuse qui venait de l’exclure de sa famille. «Dans ce cas-là, suivez-moi. Je vais vous montrer notre petit “magasin”. »
    Émilie revint vers ses enfants et leur remit à chacun un cahier neuf. Paul embrassa le sien comme s’il venait tout juste de recevoir le plus beau des cadeaux. Émilie leur demanda ensuite de lui remettre ceux qu’ils avaient apportés.
    «J’ai complètement oublié, mais mémère m’avait demandé de les avoir...pour moins s’ennuyer.» Ils acceptèrent cette explication sans problèmes et remirent leurs vieux cahiers. Emilie les enfouit dans son grand sac à main. On appela les enfants. Elle leur recommanda une dernière fois d’être sages et attentifs, de lever la main avant de parler, de ne pas se mettre les doigts dans le nez, de ne pas répondre à toutes les questions et d’attendre leur tour, de ne pas discuter, de ne pas parler de Saint-Tite sans dire comté de Champlain, de ne pas se tirailler, de ne pas se battre, de s’asseoir bien droits, de bien prendre en note les devoirs et les leçons qu’ils auraient à faire et d’essayer de donner le bon exemple. Presque essoufflée, elle les regarda partir, souriant et faisant des clins d’œil, surtout à Paul qui se dandinait allègrement.
    Elle demanda à

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