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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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lui répondit que oui. Dosithée demanda à Edmond d’aller le chercher. Ovila sortit pour aller voir Émilie et chercher réconfort. Il avait les oreilles emplies des halètements et des gémissements que la porte bien close ne réussissait pas à assourdir.
    Le médecin était venu aussitôt que possible. Il assistait une autre femme quand Edmond l’avait rejoint. Dès qu’il avait pu se libérer, il était arrivé chez Dosithée et était entré à la hâte. Il avait discrètement interrogé la sage- femme, avec laquelle il était habitué de travailler.
    «Le cordon, docteur. Au moins trois tours. Moi, j’ai réussi à en défaire juste un.»
    Le médecin demanda à Félicité de patienter un peu, le temps qu’il l’examine. Félicité avait répondu faiblement qu’elle n’avait plus grand choix. Elle demanda l’heure. Le médecin sortit sa montre et lui dit qu’il était huit heures. Elle compta mentalement que le travail était commencé depuis vingt et une heures. Elle savait qu’un bébé n’avait pas autant de patience. Le médecin avait enlevé son veston et retroussé encore une fois ses manches de chemise blanche tachée du sang de sa dernière patiente. Il regarda la sage-femme en hochant la tête. Cette dernière lui indiqua la porte du menton. Il fit un signe d’assentiment. Il se leva, tapota la joue de Félicité pour l’encourager et lui dit qu’il la quittait pour quelques instants, le temps de prendre un bon verre d’eau. Il sortit de la chambre et se dirigea vers Dosithée.
    «Monsieur Pronovost, est-ce que je pourrais vous parler? »
    Ce dernier, agenouillé, la tête baissée, en prière, avait sursauté, s’était levé et avait invité le médecin à le suivre au salon. Le médecin expliqua au père déjà grisonnant que le mère souffrait terriblement, que son pouls était très bas et qu’il entendait à peine le battement du cœur du bébé. Il lui faudrait des forceps. Dosithée ne savait pas ce qu’étaient des forceps. Le médecin le lui expliqua, précisa qu’il ne les avait encore jamais utilisés, mais qu’aujourd’hui, il ne croyait plus avoir de choix. Se raclant la gorge, il demanda à Dosithée s’il devait essayer de sauver la mère ou l’enfant. Dosithée blêmit. Il avait déjà entendu raconter de ces histoires où un homme devait devenir Dieu et décider de la mort d’une personne. Il savait que l’Eglise demandait de sauver l’enfant. Il pleura, dos tourné.
    «Sauvez ma femme, docteur.»
    Le médecin n’avait pas réagi. Il s’était attendu à une autre réponse mais il comprenait Dosithée. Trop d’enfants, dans cette famille, avaient encore besoin de leur mère. Il mit la main sur l’épaule de Dosithée. Dosithée s’était affaissé dans une des chaises du salon, et avait prié Edmond d’aller chercher le curé. Edmond était parti à vive allure.
    Le médecin était à nouveau au chevet de sa patiente. Il demanda à la sage-femme de tenir la tête de Félicité et de lui donner un peu d’alcool. Il espérait, ainsi, l’empêcher de voir les forceps qu’il s’apprêtait à sortit de sa trousse. Félicité eut vaguement conscience qu’elle buvait. Elle voulait en finir. Le médecin demanda ensuite à la sage- femme de l’aider à installer Félicité au pied du lit. Félicité n’offrit aucune résistance. Elle ne sentit même pas qu’elle avait deux oreillers sous les reins et que ses jambes ballottaient au pied du lit. Le médecin avait approché une chaise et une lampe. Il s’était signé avant d’introduire les forceps. La sage-femme avait aussi fait le signe de croix, impressionnée par ces «pinces à glaces» médicales. Félicité poussa un hurlement, ranimée par le feu que le médecin venait de lui entrer dans le ventre. Dosithée décida qu’il était temps qu’il soit aux côtés de sa femme et entra dans la chambre. Les enfants pleuraient, impressionnés par le cri qu’ils venaient d’entendre.
    Dosithée s’agenouilla à côté du lit et prit la frêle main de Félicité dans les siennes. Le médecin, nerveux, avait retiré les forceps et décidé de donner une injection de morphine à la mère maintenant presque inanimée. Il n’aimait pas cette drogue, convaincu qu’une femme devait enfanter dans la douleur comme le disaient les Ecritures, mais il venait d’atteindre les limites de ses croyances. Il attendit que le médicament fasse effet puis réintroduisit les forceps, regardant leur lente

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