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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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auprès des Anglais prêts à partir pour l’Aquitaine, une seconde tente, des couvertures et des fourrures. Ses compères ouvrant aussi leurs escarcelles, les chevaux furent pourvus en paille et en trosses 165 de fourrage. Quant à la nourriture il laissait à son écuyer, à Lebaudy et Lemosquet le soin d’y pourvoir. Qu’elle provînt des fumeuses cuisines de l’armée ou qu’ils l’eussent acquise intra-muros, parfois difficilement, elle ne cessait d’être chaude : le bois ne manquait pas.
    Si le roi Henri et Guesclin, toujours fort entourés, s’évertuaient à paraître en ville, soit ensemble, soit » séparément, les chefs, les ricos hombres et les fidalgos sortaient peu. Les grands seigneurs français ne se montraient guère. Les interminables et vains conseils où l’on haussait le ton et le menton avant de frapper du poing sur la table semblaient abandonnés. Tous ces hommes pour une fois désunis mais rapprochés par diverses affinités, confabulaient au coin du feu, tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre, en buvant du vin chaud rehaussé de cannelle.
    Février s’annonça par un vent violent. La neige chut en flocons légers, serrés, tout d’abord mouchetures, puis suaire. Des vols de corbeaux passèrent, lugubres et criards. Aucun des carreaux décochés par les arbalètes françaises ne les atteignit ; en revanche, les archers anglais en touchèrent quelques-uns.
    –  Toujours leur supremacy, comme ils disent ! enragea Paindorge.
    –  Oui, Robert. Shirton, le meilleur d’entre eux, a laissé son long bow dans sa housse.
    –  Cela signifie quoi ? demanda Lebaudy.
    –  Tout simplement, Girard, qu’il mange à sa faim.
    Parfois sur son grand cheval houssé de velours noir afin qu’il ne prît froid, on voyait Calveley passer sur la rive de l’Arlanzôn, lointain, si lointain qu’on eût dit un fantôme soufflant des vapeurs par la bouche et les narines et se dédoublant à plaisir sur le miroir de la rivière. Il ne craignait pas, lui, que son roncin se rompît un membre en tombant. Quelquefois, il mettait pied à terre pour le mener par la bride. Tristan l’enviait tout en le désapprouvant : pour rien au monde, il eût mis la vie d’Alcazar en péril – ni d’ailleurs celle des autres chevaux.
    –  C’est un temps de glissades funestes, compères. Ménageons-les pour revenir en France aussi vélocement que possible !
    Quel remède contre l’ennui et l’oisiveté ? Aucun, sinon deviser assis ou debout autour d’un bracero entretenu nuit et jour. Échanger les dernières nouvelles de l’existence à Burgos :
    Commencées en novembre, les séances des Cortès se poursuivaient toujours 166 . Depuis quelque temps, il semblait que les événements s’entortillaient les uns aux autres, sans trêve, abondamment. Il ne faisait aucun doute que le roi Henri avait peur non seulement des Anglais, mais surtout de participer à l’inéluc table grande bataille qui l’opposerait à Pèdre. Les exigences de ses alliés bretons et routiers jointes à celles des ricos hombres avaient épuisé le trésor pourtant immense qu’il avait ravi au roi déchu. Il était conscient d’avoir dû ses succès à la lassitude qu’avait fait éprouver à la Castille une longue guerre contre l’ Aragon. Il craignait que ses sujets les plus humbles et les seigneurs qui les avaient subjugués contre Pèdre ne consentissent plus aux nouveaux sacrifices provoqués par une autre guerre contre les meilleurs chevaliers et les meilleurs soudoyers du monde : les Anglais. Le plus sincère des alliés du roi Henri, Charles V de France, était incapable de lui fournir une aide supplémentaire. Charles de Navarre était prêt à le trahir – si ce n’était fait. Plutôt que de lui envoyer quelques Compagnies fraîches, le roi d’Aragon le menaçait de rappeler à son service le comte de Dénia que lui, Henri, avait fait marquis de Villena. Pierre IV réclamait en outre, impatiemment, l’exécution du traité qui devait lui livrer la moitié de la Castille 167 , mais consentir à une cession pareille, c’était non seulement s’exposer au mépris de ses nouveaux sujets, c’était les inciter à trahir. L’on disait que Henri ne décolérait pas, sauf s’il avait à se montrer dans Burgos et particulièrement aux membres des Cortès. Il avait envoyé des chevaucheurs à Pierre IV pour s’excuser de ne pouvoir tenir ses promesses, et pour aggraver, s’il se pouvait, un différend

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