Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
Vom Netzwerk:
emplissent du mieux qu’ils peuvent les coffres des trésoriers de Pèdre.
    À quoi bon suggérer à l’archer d’aller rôder dans la juiverie pour savoir si maître Pastor, le drapier, vivait encore. Quelle qu’eût été la réponse, elle eût ravivé des plaies qui suppuraient toujours.
    –  Est-ce tout, Jack ?
    –  Non. La seigneurie de Soria vient d’être offerte à Chandos en règlement des sommes qu’il a prêtées et dépensées pour Pèdre. Hugh Calveley s’est vu confirmer la donation du comté de Carriôn dont il avait reçu, de don Henri, l’investiture. Les dernières conventions vont être réglées dans la cathédrale avant notre départ 367 .
    –  Pour où ?
    –  Valladolid. C’est là que le prince attendra les fonds que Pèdre lui a promis et qu’il doit aller chercher à Séville.
    –  Et nous ?
    –  Vous nous suivrez, Robert, sous bonne garde.
    Le soir, Édouard et Pèdre se retrouvèrent une fois de plus dans le cloître de Las Huelgas. Il n’était pas nécessaire de tendre l’oreille : ils parolaient haut et fort et l’on sentait en eux l’envie de s’entre-tuer.
    –  C’est décidé, mon cousin : je prendrai mes quartiers à Val d’Olif et y attendrai les contributions destinées à mes hommes. Si vous me trahissez, redoutez mon courroux !
    –  Quand partez-vous ?
    –  Quand nous aurons scellé nos tout derniers accords.
    –  Je partirai aussi pour Séville la Grande (528) .
    –  N’essayez point de m’enquinauder par quelque cordelle : il vous mésarriverait (529) … Et sachez-vous montrer magnanime envers votre peuple.
    Tristan et Paindorge en avaient suffisamment entendu. Ils s’apprêtaient à regagner pour la nuit la cellule qu’on leur avait assignée dès leur venue au monastère quand une rumeur courut parmi les prisonniers assemblés dans le jardin du cloître :
    –  Édouard va nous parler.
    On attendit et le prince apparut.
    –  Merdaille ! glissa Paindorge à l’oreille de Tristan. Ses hommes liges sont avec lui.
    La plupart avaient revêtu des habits de ville, les uns sobres, les autres voyants : Lancastre, Chandos, Guichard d’Angle, Calveley, Mussidan formaient autour du prince une chaîne sombre, impénétrable. Guesclin n’était point marri de se tenir à proximité, auprès du captal de Buch. Des porteurs de torche et des picquenaires les entouraient et l’on entendait parmi le bruissement des vêtements et le cliquetis des armes, des murmures d’expectative. Quelle annonce le prince avait-il décidée ? Dans l’ombre que léchaient les flammes d’or et de pourpre, il paraissait plus gros « comme quatre ou cinq sacs engrenés au moulin », et de ce fait plus redoutable. Son pourpoint de velours noir tracé d’or se bourrelait au-dessus et au-dessous de sa ceinture d’armes épaisse, en brocart, d’où pendait une épée des plus simple, aux quillons droits et au pommeau trilobé. Il était chaussé de heures courtes, sans éperons. L’austérité de sa mise semblait annoncer la sévérité d’un propos qui emplissait ses joues mafflues comme un reste de souper pénible à entonner.
    –  Messires, vous êtes mes prisonniers et le demeurerez. Je vais quitter don Pèdre. Dans quelques jours, nous partirons pour Val d’Olif… L’inaction où vous serez maintenus vous permettra d’écrire à vos familles – qui sait, pour quelques-uns, à votre roi – afin que votre rançon soit acquittée dans les meilleurs délais… J’estimerai bientôt le prix de votre vie.
    Nul ne broncha. Ce discours semblait de mauvais aloi, plein d’obscurité, à moins qu’il ne s’agît d’une menace diffuse. Lancastre souriait. Chandos grattait son menton mangé de barbe. Pembrocke curait son nez qu’il avait long et bossu. Guichard d’Angle serrait les dents afin, sans doute, de retenir des mots de haine. Auberchicourt, Armagnac, Clisson se demandaient ce qu’ils faisaient face à des hommes qu’ils respectaient dans la paix et haïssaient dans la guerre. Bagerant fixait son regard de fauve muselé sur cette proie que Calveley lui avait ravie.
    –  Or, venez, mes amis, dit le prince à ses leudes. J’en ai dit suffisamment.
    Guesclin sortit parmi les premiers. Quand ses hommes furent hors du cloître, Édouard revint sur ses pas. Calveley seul l’accompagnait.
    –  Messire Castelreng, dit-il, le prince veut vous entretenir en particulier. Amenez votre écuyer.
    –  C’en est fait de nous, dit

Weitere Kostenlose Bücher