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Les Fils de France

Les Fils de France

Titel: Les Fils de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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qu’il s’agissait de discipline intérieure, pouvait se révéler d’une violence inouïe. L’empereur, un peu étonné de cette soudaine rigidité, remercia son allié de ses bons avis. Le maréchal rouvrit la bouche.
    — Pour ce qui est du Milanais...
    Charles grimaça : ce mot, deux mois durant, avait été soigneusement évité ; et voilà qu’il surgissait, comme un prurit trop longtemps camouflé, à la dernière minute.
    — Tout sera, coupa-t-il très vite, réglé à la pleine satisfaction du roi.
    Le connétable sourit de manière un peu forcée. Alors l’empereur lui glissa, dans le creux de la main, un petit sac de velours vert sombre qui se révéla contenir la plus grosse, la plus magnifique des émeraudes, taillée « en table » – cette formule traduisant assez bien l’impression produite par la gemme... Les Fils de France reçurent, de leur côté, de très beaux et gros diamants. Présents impériaux.
    — Dès que j’aurai puni, comme il convient, tous ces rebelles...
    Charles Quint ne finit pas sa phrase, mais Montmorency combla mentalement son silence : « ... je veillerai à trouver une solution agréable à la question du Milanais ». Il avait été convenu, du reste, qu’il appellerait le connétable à lui dès qu’il en aurait fini avec les Gantois.
    — Adieu, mes enfants ! lança l’empereur dans un accès de liberté qu’expliquait en fait son soulagement.
    Les princes agitèrent la main ; Charles s’éloignait déjà au milieu de son escorte légère ; quant à Montmorency, il réalisa d’un coup le risque énorme qu’il avait pris : sa parole en cause, la gloire du roi largement engagée, des sommes immenses englouties – à commencer par ses propres deniers... Tout cela sans contrepartie certaine, sans garantie de retour d’aucune sorte. Le dauphin, du reste, remarqua l’air sombre du connétable.
    — Vous paraissez songeur, lui dit-il.
    — Tout va bien !

    Les semaines passèrent. L’ordre fut rétabli à Gand. Mais jamais l’empereur n’invita le connétable à le rejoindre...

Manoir d’Anet.
    E n politique, le temps estompe habituellement les échecs. Il n’en fut rien cette fois ; et plus les semaines passaient, plus le camouflet infligé à Montmorency par le silence et l’oubli de l’empereur alimentait les médisances. L’atmosphère de la Cour finit par devenir irrespirable pour les partisans du connétable. Et Diane de Poitiers préféra se retirer quelque temps sur ses terres, où elle convia – sans égard au qu’en-dira-t-on – le dauphin, mais aussi son épouse.
    Un malaise de plus en plus tangible s’était immiscé entre Henri et Catherine. Après six longues années d’union stérile, il apparaissait que leur couple était voué à l’échec. Et si la dauphine, encore éprise en dépit de tout, continuait secrètement d’espérer quelque chose, son mari cachait de moins en moins sa liaison platonique – disait-on – avec Diane.
    Ainsi, le monogramme 5 qu’il s’était choisi ne trompait-il personne. Officiellement, il s’agissait d’un H mêlé avec deux C . En fait, les C étant collés aux barres du H , ils dessinaient des D assez provocateurs qui, tout en ménageant l’honneur de la dauphine, lui déchiraient le cœur. On en trouverait désormais partout : sur les bannières de tournoi, les harnais des chevaux, les assiettes en vermeil...

    Par un matin pluvieux de février, Henri et Catherine se retrouvèrent seuls, ce qui devenait rare, dans la bibliothèque du défunt mari de Diane.
    — Vous paraissez bien maussade, soupira la princesse en s’approchant de son époux.
    En vérité, Henri était nerveux, plus que maussade ; il ne quittait pas des yeux la porte marquetée, comme s’il avait redouté l’irruption d’un intrus.
    — Il paraît que ma fille vient d’arriver, lâcha-t-il sans ménagement.
    Catherine se détourna pour cacher à son mari un visage décomposé.
    — Vous parlez de cette enfant piémontaise...
    — C’est cela.
    Si le dauphin manifestait quelque embarras, c’était moins par regret de cette liaison adultère que par gêne d’évoquer devant sa femme une fécondité quelconque.
    — La verrons-nous, cette enfant ? demanda toutefois Catherine avec complaisance.
    La réponse lui fut apportée aussitôt : la porte s’ouvrit sur Diane de Poitiers, menant par la main une enfant de dix-huit mois. Impressionnée par les deux inconnus, celle-ci commença par se réfugier

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