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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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J’ai pensé que tu ne parviendrais pas à t’extirper du cercle tout seul.
    — C’est vrai, je n’aurais jamais pu.
    Roger se laissa retomber en arrière, étourdi, puis ajouta quelques instants plus tard :
    — Merci.
    Il sentait un grand vide en lui, aussi vaste que le ciel mauve.
    — Ce n’est rien. Ça compensera peut-être pour t’avoir fait pendre. Et maintenant, que faisons-nous ?
    Roger fixa le ciel qui tournoyait lentement au-dessus de lui. Cela acheva de l’étourdir et il ferma les yeux.
    — Maintenant, on rentre à la maison et on réfléchit. Aide-moi à me relever, veux-tu ?
    ----
    5 . Réplique du film musical Le Magicien d’Oz (1939). (N.d.T.)
    6 . Idem. (N.d.T.)

45
    Valley Forge
    William avait passé son uniforme. Il en expliqua à son père la nécessité.
    — Denzell Hunter est un homme de principe. Il est d’une grande intégrité. Je ne peux espérer le faire sortir du camp américain sans une autorisation en bonne et due forme de son officier ; autrement, il ne me suivra pas.
    Toutefois, obtenir une permission pour un médecin de l’armée continentale demandait qu’on y mette les formes. Ce qui signifiait se rendre dans les nouveaux quartiers d’hiver de Washington à Valley Forge vêtu de sa redingote rouge d’officier britannique.
    Lord John ferma les yeux, imaginant tous les risques que cela impliquait. Puis il déclara :
    — Soit. Tu emmènes un valet avec toi ?
    — Non, répondit William surpris. Pour quoi faire ?
    — Pour s’occuper des chevaux, surveiller tes affaires et être les yeux dans ton dos.
    Son père lui adressa un regard indiquant qu’il aurait dû le savoir. William évita donc de répéter sottement « Des chevaux ? », « Quelles affaires ? » et se contenta de hocher la tête.
    — Tu veux bien me trouver quelqu’un de compétent ?
    Le quelqu’un de compétent en question s’appelait Colenso Baragwanath. C’était un jeune Cornique chétif arrivé en Amérique avec les troupes du général Howe en tant quegarçon d’écurie. Au moins, William devait lui accorder qu’il s’y connaissait en chevaux.
    Il y en avait quatre, plus un mulet. Ce dernier était chargé de quartiers de porc, de cinq dindes bien dodues, d’un sac de pommes de terre, d’un autre de navets et d’un tonnelet de bière.
    Tout en surveillant le chargement, lord John expliqua :
    — Si les conditions de leur armée sont aussi mauvaises que je le pense, le commandant te prêtera volontiers un demi-bataillon en échange de toutes ces victuailles.
    — Merci, papa.
    William grimpa en selle. Son nouveau gorgerin de capitaine brillait et un drapeau blanc était soigneusement plié dans sa sacoche.
    Valley Forge ressemblait à un gigantesque camp de bûcherons maudits. L’endroit avait accueilli une forêt avant que les soldats de Washington n’abattent tout ce qui poussait. Il y avait des souches déchiquetées partout et le sol était jonché de branches brisées. D’énormes feux brûlaient ici et là. Des piles de troncs élagués parsemaient le paysage désolé. Des cabanes étaient construites à la hâte. Il s’était mis à neiger quelques heures plus tôt et le camp était déjà recouvert d’un manteau blanc.
    William espérait qu’ils verraient son drapeau blanc.
    Il tendit à Colenso le long bâton au bout duquel il avait attaché le drapeau.
    — Passe devant et brandis-le bien haut.
    Le jeune homme écarquilla les yeux.
    — Qui ça, moi ?
    — Oui, toi, s’impatienta William. Dépêche-toi ou je te botte les fesses.
    William sentit un picotement entre ses omoplates tandis qu’ils pénétraient à l’intérieur du camp. Colenso était recroquevillé sur sa selle et agitait timidement le drapeau en marmonnant d’étranges imprécations en cornique. La main gauche de William le démangeait, prête à saisir la garde de son épée ou la crosse de son pistolet. Sauf qu’il était venu sans armes, pour montrer sa bonne foi. Si l’envie leur en prenait, ils le tueraient, qu’il soit armé ou pas. En dépit de la neige, ilrejeta sa cape en arrière afin de montrer son ceinturon vide et s’avança lentement dans la tempête.
     
    Les préliminaires furent plutôt positifs. Personne ne lui tira dessus et on l’adressa à un colonel Preston. Ce dernier, grand homme dépenaillé portant les vestiges d’un uniforme continental, le regarda d’un air soupçonneux mais écouta sa requête avec une étonnante courtoisie. La permission fut

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