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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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celui-ci ouvrit lentement les yeux. Ses pupilles trahissaient l’effet de l’opium ; ses paupières crispées celui de la douleur que l’opium ne pouvait atténuer. Il déclara d’une voix faible mais claire :
    — Ce n’est pas vrai. Il n’en a extrait qu’une. La seconde balle me tuera.
    Il referma les yeux tandis que la joie de Noël résonnait dans l’escalier.
    Le chien soupira.
     
    Rachel Hunter posa une main sur son ventre, l’autre sur sa bouche et réprima un rot.
    — La gourmandise est un péché, déclara-t-elle. Mais il porte en lui son propre châtiment. Je crois que je vais vomir.
    Son frère plongea sa plume dans l’encrier et répondit distraitement :
    — C’est le cas de tous les péchés mais tu n’as rien d’une gourmande. Je t’ai vue, tu as picoré comme un oiseau.
    — Mais je suis sur le point d’exploser ! protesta-t-elle. En outre, je ne peux m’empêcher de comparer le pauvre Noël de ceux que nous avons laissés à Valley Forge à la… la… décadence de notre festin de ce soir.
    — Dans ce cas, c’est de la culpabilité, pas de la gourmandise. De plus, c’est de la culpabilité mal placée. Tu as mangé tout ce qu’il y a de plus raisonnablement. C’est juste que tu n’avais pas fait de repas normal depuis des mois. Je ne pense pas qu’une oie rôtie soit le comble de la décadence, même si elle était farcie d’huîtres et de châtaignes. Si encore cela avait été un faisan farci aux truffes ou un sanglier tenant une pomme dorée dans sa gueule…
    Il releva les yeux de ses papiers et lui sourit.
    — Tu as déjà vu des choses semblables ? demanda-t-elle intriguée.
    — Oui, quand je travaillais à Londres avec John Hunter. Il était très mondain. Parfois, il m’invitait à l’accompagner avec son épouse à quelque grande occasion, ce qui était très généreux de sa part. Comme tu le sais, il ne faut pas juger sur les apparences. Même une personne qui semble frivole, dépensière ou licencieuse possède une âme et est donc précieuse aux yeux de Dieu.
    — Oui, répondit-elle l’esprit ailleurs.
    Elle écarta le rideau et regarda dans la rue. Celle-ci n’était qu’un flou blanc. Une lanterne au-dessus de la porte de l’auberge projetait un petit halo de lumière mais la neige tombait toujours. Son propre visage flottait sur la vitre, mince avec de grands yeux sombres. Elle se contempla en fronçant les sourcils puis repoussa une mèche de cheveux sous son bonnet.
    — Tu crois qu’il sait ? demanda-t-elle soudain. L’ami William ?
    — S’il sait quoi ?
    Elle laissa retomber le rideau.
    — A quel point il ressemble à James Fraser. Tu ne crois quand même pas que ce soit une pure coïncidence ?
    — Je crois surtout que cela ne nous regarde pas, répondit-il sans cesser d’écrire.
    Elle poussa un soupir exaspéré. Il avait raison mais cela ne signifiait pas qu’elle ne pouvait pas observer et se poser des questions. Elle avait été heureuse – très heureuse – de revoir William et, si le fait qu’il soit un soldat britannique n’était pas une surprise, elle avait été stupéfaite d’apprendre qu’il était un officier de haut rang. Et plus encore quand son valet aux allures de brigand lui avait confié qu’il était un aristocrate.
    Deux hommes ne pouvaient se ressembler à ce point sans partager un lien de parenté, si éloigné soit-il. Elle avait souvent vu James Fraser et l’admirait pour sa haute taille, son air de dignité et de droiture. Elle n’était pas insensible à la beauté un peu barbare de son visage, qui lui rappelait toujours vaguement quelque chose. Ce n’était qu’en revoyant William à Valley Forge qu’elle avait fait le rapprochement. Mais comment un lord anglais pouvait-il être apparenté à un jacobite écossais, ancien criminel de surcroît ? En effet, Ian lui avait brièvement raconté l’histoire de sa famille. Trop brièvement, la laissant sur sa faim.
    Sans relever les yeux de son travail, son frère observa sur un ton résigné :
    — Tu penses encore à Ian Murray.
    — Je croyais que tu avais renoncé à la sorcellerie, riposta-t-elle. A moins que tu ne considères pas le fait de lire dans les pensées comme relevant des arts de la divination ?
    — Je remarque que tu ne nies pas.
    Il redressa la tête et repoussa d’un doigt les lunettes sur son nez pour mieux la voir. Elle releva le menton.
    — C’est vrai, je ne le nie pas. Mais comment l’as-tu su ?
    — Tu as

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