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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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ici…
    Il n’eut pas le temps d’en dire plus. La jeune femme (elle était très belle, Rachel devait le reconnaître) ouvrit son élégantmanteau d’hermine et le laissa tomber au sol où il s’affala dans un soupir. Rachel écarquilla les yeux. Dessous, elle était vêtue d’un sac à patates. Il n’y avait pas d’autre mot pour décrire sa robe, même si elle avait des manches. Elle était coupée dans un grossier drap gris et pendait mollement sur ses épaules, informe.
    Elle leva haut le menton et déclara fièrement :
    — Je vais devenir quaker, Denny. C’est décidé.
    Rachel vit le visage de son frère se décomposer mais elle n’aurait su dire s’il se retenait de rire, de pleurer ou de couvrir immédiatement sa bien-aimée avec sa fourrure. Un vêtement aussi beau n’avait pas sa place par terre, aussi Rachel le ramassa-t-elle.
    — Mais… Dorothea, tu en es sûre ? Tu ne connais rien à la Société des Amis.
    — Mais pas du tout ! Vous… enfin tu… non, vous voyez Dieu dans tous les hommes, cherchez la paix en Dieu, reniez la violence et portez des vêtements difformes afin de ne pas distraire vos esprits avec les vanités de ce monde. Ce n’est pas ça ?
    Dorothea l’interrogeait d’un regard anxieux. Lady Dorothea, corrigea mentalement Rachel. William lui avait dit que son oncle était duc. Cela expliquait également les difficultés de la jeune femme avec le tutoiement de rigueur chez les quakers, une familiarité à laquelle l’aristocrate était peu habituée.
    — Euh… oui, plus ou moins, admit Denny.
    Les lèvres tremblantes, il la regarda des pieds à la tête.
    — Tu as confectionné toi-même cette… tenue ?
    — Oui, bien sûr. Pourquoi, elle n’est pas bien ?
    — Non, non, ce n’est pas ce que je voulais dire, répondit-il d’une voix étranglée.
    Dorothea se tourna vers Rachel qu’elle sembla soudain remarquer.
    — Quoi, quelque chose ne va pas avec ma robe ?
    Rachel se retenait elle aussi de rire.
    — Non, mais les Amis ont le droit de porter des vêtements qui leur vont. Il n’est pas nécessaire de s’enlaidir.
    — Ah, je vois.
    Lady Dorothea examina d’un air songeur la jupe plissée et la veste de Rachel. Elles étaient dans un simple homespun orange mais fort bien taillées.
    — Tant mieux, conclut-elle. Je n’aurai qu’à la reprendre ici et là.
    Cette question réglée, elle s’avança à nouveau et prit les mains de Denny dans les siennes.
    — Oh Denny, Denny, dit-elle d’une voix douce. J’ai bien cru ne jamais vous revoir.
    — Moi aussi.
    Rachel pouvait voir les traits de son frère tiraillés entre le devoir et le désir. Elle eut de la peine pour lui.
    — Dorothea, reprit-il, tu ne peux pas rester ici. Ton oncle…
    — Il ne sait pas que je suis sortie. J’y retournerai une fois que nous aurons pris les décisions qui s’imposent.
    — Les… décisions ?
    Avec un effort visible, il retira ses mains.
    — Tu veux dire…
    Rachel vint à son secours et saisit la carafe que la servante avait déposée dans leur chambre.
    — Tu prendras bien un verre de vin ? proposa-t-elle à Dorothea.
    Cette dernière lui sourit.
    — Volontiers, merci. Il en prendra un peu aussi.
    — En effet, je crois qu’il en aura besoin, murmura Rachel.
    Denny se passa une main dans les cheveux, désemparé.
    — Dorothea… Je comprends ce que tu veux dire mais il ne s’agit pas uniquement de devenir une quaker, dans la mesure où cela est possible…
    Elle se redressa avec la fierté de son rang.
    — Vous doutez de ma détermination, Denzell Hunter ?
    — Euh… non, loin de là. Mais peut-être n’y as-tu pas suffisamment réfléchi.
    Les joues de lady Dorothea s’empourprèrent et elle le regarda d’un air hautain.
    — C’est ce que vous croyez ! Sachez… pardon, sache que je n’ai fait que cela, réfléchir, depuis que vous êtes parti deLondres. Et comment diantre croyez-vous… crois-tu… que je sois arrivée jusqu’ici ?
    — Tu as conspiré pour que ton frère reçoive deux balles en plein ventre ? Cela semble radical quoique un peu excessif.
    Lady Dorothea expira par les narines en faisant un effort manifeste pour conserver son calme, puis répondit sur un ton conciliant :
    — Vous voyez, Denny, si je n’étais pas une parfaite quaker, je vous aurais giflé… je t’aurais giflé. Mais je ne l’ai pas fait, n’est-ce pas ?
    Elle se tourna vers Rachel, accepta le verre de vin.
    — Merci, ma chère. Vous êtes sa

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