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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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sœur, je présume ?
    Retrouvant un peu de son aplomb, Denny coupa court à ces présentations.
    — Soyons raisonnables, Dorothea. En admettant que Dieu t’ait vraiment parlé et t’ait demandé de nous rejoindre, il reste la question non négligeable de ta famille.
    Elle rétorqua aussi sec :
    — Il n’y a rien dans les principes de votre foi qui m’oblige à demander la permission de mon père pour me marier. Je me suis renseignée.
    Denny ouvrit des yeux incrédules.
    — Auprès de qui ?
    — De Priscilla Unwin. C’est une quaker que je connais à Londres. Vous la connaissez aussi. Tu . Elle m’a dit que vous… que tu… bigre… que tu avais percé un furoncle sur les fesses de son petit frère.
    A ce stade, Denny voulut remonter ses lunettes sur son nez et se rendit compte qu’il ne les avait plus. Il avait sans doute été trop occupé à dévorer sa belle des yeux, se dit Rachel en les lui tendant avec un soupir. Puis elle prit le second verre de vin et le lui donna.
    — Elle a raison, dit-elle. Tu vas en avoir besoin.
     
    — De toute évidence, nous tournons en rond, déclara lady Dorothea.
    Elle n’avait pourtant pas l’air d’une femme habituée à tourner en rond, pensa Rachel. D’un autre côté, Denny avaitbeau l’implorer de rentrer chez son oncle, elle n’était pas près de céder.
    — Il n’en est pas question. Si je pars, je sais que vous filerez en douce rejoindre l’armée continentale à Valley Forge, où vous vous imaginez que je ne vous suivrai pas.
    — Tu ne ferais pas ça ? s’alarma Denny.
    Rachel crut déceler un soupçon d’espoir dans sa voix, mais ne sut dire ce qu’il espérait au juste.
    Lady Dorothea le fixa de son regard bleu acier.
    — J’ai traversé un océan pour te rejoindre. Vous… Tu crois que c’est une petite armée qui va m’arrêter ?
    — Non, soupira Denny. Mais je ne veux pas que tu me suives.
    Lady Dorothea marqua un temps d’arrêt, ravalant sa dignité mais gardant le front haut.
    — Pourquoi ? demanda-t-elle d’une voix qui tremblait à peine.
    — Dorothea, dit-il le plus doucement possible. En mettant de côté le fait que cela te mettrait en conflit avec ta famille, il s’agit d’une armée. Qui plus est, d’une armée très pauvre, capable de n’offrir aucun confort. Il n’y a ni vêtements, ni lits, ni chaussures, ni nourriture. En outre, c’est une armée au bord du désastre et de la défaite. Ce n’est pas un endroit pour toi.
    — Mais c’en est un pour ta sœur ?
    — Pas du tout, mais…
    Il s’interrompit, conscient qu’il était sur le point de se laisser piéger. Emue, Rachel vola à nouveau à son secours.
    — Mais il ne peut pas m’empêcher de venir avec lui.
    Elle n’était pas sûre que cela aiderait la jeune femme mais elle ne pouvait s’empêcher d’admirer sa force de caractère.
    — Et tu ne peux pas m’en empêcher non plus, affirma celle-ci.
    Denny se massa entre les sourcils, comme s’il souffrait d’une migraine.
    — Dorothea… Je fais ce que je fais parce que c’est ma vocation. C’est une histoire entre Dieu et moi. Rachel m’accompagne non seulement parce qu’elle a une tête de cochon mais aussi parce qu’elle est sous ma responsabilité. Elle n’a nulle part où aller.
    — C’est faux, se défendit Rachel. Tu as dit toi-même que, si je le voulais, tu pourrais trouver des Amis qui m’hébergeraient. C’est juste que je ne le veux pas.
    Avant que Denny ait pu répondre, lady Dorothea leva une main dans un geste théâtral, l’arrêtant net dans son élan.
    — J’ai une idée !
    — Je crains le pire, gémit-il.
    — Pas moi, déclara Rachel. Laquelle ?
    Dorothea les dévisagea tour à tour.
    — Je me suis rendue à une assemblée quaker. A deux, même. Je sais comment on fait. Tenons un culte et demandons à Dieu de nous guider.
    Denny en resta pantois, pour le plus grand amusement de Rachel. Elle ne parvenait que rarement à désarçonner son frère et commençait à trouver Dorothea décidément très forte.
    — Mais… commença Denny.
    Rachel approchait déjà un troisième tabouret du feu.
    — C’est une excellente idée !
    Denny pouvait difficilement refuser. Il s’assit, l’air parfaitement déboussolé, mais Rachel remarqua qu’il l’avait placée entre Dorothea et lui. Peut-être avait-il peur d’être trop près d’elle et d’être bouleversé par sa présence. A moins qu’il n’ait simplement voulu se placer de manière à mieux la

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