Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
Vom Netzwerk:
contempler.
    Ils se concentrèrent lentement en silence, remuant un peu jusqu’à trouver une position confortable. Rachel ferma les yeux, regardant la lueur rouge du feu à travers ses paupières, le sentant lui réchauffer les orteils et les mains. Elle remercia en silence le Seigneur pour ces bienfaits, se souvenant du froid mordant du camp qui lui brûlait le bout des doigts en permanence, la faisant grelotter même quand elle se blottissait sous les couvertures la nuit, laissant ses muscles endoloris et épuisés. Il n’y avait rien d’étonnant à ce que Denny ne veuille pas que Dorothea les y suive. Elle-même n’avait aucune envie d’y retourner. Elle aurait volontiers tout donné pour rester ici au chaud s’il n’y avait eu la conscience de Denny. Elle détestait avoir faim et froid mais ce serait pire d’être au chaud et bien nourrie en sachant son frère seul là-bas.
    Lady Dorothea avait-elle la moindre idée de ce qui l’attendait ? Rachel rouvrit les yeux. Dorothea était assise le dosdroit, ses belles mains longues sur ses genoux. Rachel devina que Denny imaginait, comme elle, ces mains rougies et déformées par les engelures, ce ravissant visage émacié par la faim, couvert de crasse.
    Les paupières de Dorothea étaient baissées mais Rachel aurait juré qu’elle était en train d’observer Denny. Elle prenait un risque considérable. Si le Seigneur parlait à Denny et lui ordonnait de la renvoyer chez elle ? Et si le Seigneur parlait à Dorothea ? pensa-t-elle soudain. Peut-être l’avait-il déjà fait ? Cette perspective prit Rachel de court. Ce n’était pas que les Amis considéraient que Dieu ne s’adressait qu’à eux mais ils n’étaient pas certains que les autres L’écoutaient très souvent.
    Elle-même, L’écoutait-elle ? En toute sincérité, il lui fallait reconnaître qu’elle n’avait pas été très attentive ces derniers temps. Elle savait pourquoi : elle ne voulait pas entendre ce qu’elle redoutait d’entendre : qu’Il lui dise de se détourner de Ian Murray et d’abandonner ces pensées qui lui réchauffaient le corps la nuit dans la forêt glacée. Elle faisait parfois des rêves si torrides qu’en se réveillant elle avait l’impression que, si elle touchait la neige, celle-ci fondrait entre ses doigts dans un sifflement.
    Elle rassembla son courage, referma les yeux et se concentra, s’efforçant de s’ouvrir à la Vérité.
    Elle n’entendit rien d’autre qu’un halètement régulier. L’instant suivant, la truffe humide de Rollo lui poussa la main. Déconcertée, elle lui gratta le crâne. Cela ne se faisait sans doute pas pendant la prière mais, autrement, il ne la lâcherait pas. Il posa sa lourde tête sur ses genoux et ferma ses grands yeux jaunes, savourant son plaisir.
    Tout en passant les doigts dans son épaisse fourrure rêche, elle pensait : Ce chien l’aime. Ce ne peut donc pas être un homme mauvais, si ? Ce ne fut pas la voix de Dieu qui lui répondit mais celle de son frère : « Les chiens sont des créatures admirables mais ne sont sans doute pas les mieux placés pour juger du tempérament d’un homme. »
    Mais moi si, se défendit-elle. Je sais ce qu’il est et ce qu’il pourrait devenir. Elle jeta un coup d’œil à Dorothea, immobile dans son sac à patates. Pour Denny, elle était prête à abandonner son ancienne vie, très probablement aussi sa famille, età devenir une Amie. Pourquoi Ian Murray serait-il incapable de tourner le dos à la violence pour elle ?
    Péché d’orgueil ! se tança-t-elle. Pour qui te prends-tu, Rachel Hunter ? Personne n’a ce pouvoir, hormis Dieu.
    Mais Dieu pouvait. Et s’Il était bien disposé, tout était possible. Rollo remua la queue, la frappant trois fois sur le plancher.
    Denzell Hunter se redressa légèrement sur son tabouret. C’était un mouvement à peine perceptible mais, vu le silence et l’immobilité absolue qui régnaient dans la pièce, il fit sursauter les deux femmes.
    Il parla très doucement mais ses yeux doux brillaient derrière ses lunettes.
    — Je t’aime, Dorothea. Veux-tu bien être ma femme ?

46
    Séparation et réunion
    20 avril 1778
    Pour un voyage transatlantique (et après nos aventures avec les capitaines Roberts, Hickman et Stebbings, je pouvais me considérer comme une experte en désastres maritimes), la traversée fut plutôt morne. Nous eûmes bien une prise de bec avec un navire de guerre britannique mais, fort

Weitere Kostenlose Bücher