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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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je l’ai embrassée… et puis, c’est tout.
    Il fit un geste d’impuissance.
    — Je ne lui ai jamais demandé. J’étais tellement sûr.
    — Et à présent, tu as des doutes ?
    — Oh non, ma tante. Je suis aussi sûr de ce qu’il y a entre nous que de… que de…
    Il regarda autour de lui, cherchant un symbole de solidité sur le pont qui tanguait, puis capitula.
    — … que du fait que le soleil se lèvera demain.
    — Je suis convaincue qu’elle en est consciente.
    — Moi aussi, dit-il d’une voix plus sereine. Je le sais.
    Nous restâmes assis en silence un moment puis je me levai.
    — Dans ce cas, Ian, tu devrais dire une prière pour ton père puis aller t’asseoir en proue, pour changer.
     
    J’étais déjà venue à Philadelphie une ou deux fois au XX e  siècle pour des congrès médicaux. Je n’avais pas aimé la ville, la trouvant sale et inhospitalière. Elle était différente en cette fin de XVIII e  siècle mais guère plus attirante. Les rues qui n’étaient pas pavées étaient des bourbiers et celles qui seraient plus tard bordées de pavillons délabrés avec des jardins remplis de détritus, de jouets en plastique cassés et de pièces détachées de motocyclettes étaient à présent bordées de taudis avec des cours remplies d’ordures, de coquilles d’huîtres éparses et de chèvres au piquet. Certes, il n’y avait pas de policiers patibulaires en uniforme noir mais les petits voyous étaient toujours les mêmes et toujours aussi visibles en dépit de la présence criante de l’armée britannique. Les tavernes regorgeaient d’uniformes rouges et notre carriole croisait des colonnes de soldats marchant le mousquet sur l’épaule.
    Nous étions au printemps, ce qui était déjà ça. Il y avait des arbres partout, conformément au principe de William Penn selon lequel un arpent sur cinq devait rester boisé. Même les politiciens cupides du XX e  siècle n’étaient pas parvenus à raser toute la végétation, probablement parce qu’ils n’avaient pas trouvé le moyen de le faire en s’en mettant plein les poches en toute impunité. Bon nombre des arbres étaient en fleurs et une pluie de pétales blancs s’amoncelait sur le dos des chevaux tandis que nous entrions dans la ville.
    Une patrouille barrait la route principale. Elle arrêta notre voiture, demanda les laissez-passer au cocher et aux deux hommes qui l’accompagnaient. Pour une fois, j’avais coiffé un bonnet convenable. J’évitai de croiser les regards et répondis dans un murmure que je venais de la campagne pour assister ma fille sur le point d’accoucher. Les soldats lancèrent un bref coup d’œil au grand panier rempli de provisions sur mes genoux mais n’eurent pour moi aucun regard inquisiteur avant de faire signe à la carriole de poursuivre son chemin. La respectabilité avait du bon. Je me demandai combien de chefs des services secrets avaient eu l’idée d’employer de vieillesdames à l’air digne. On n’entendait jamais parler d’une vieille femme arrêtée pour espionnage mais cela pouvait signifier simplement qu’elles faisaient bien leur métier.
    L’imprimerie de Fergus ne se trouvait pas dans le quartier le plus chic mais n’en était pas loin. Nous n’avions pas écrit pour les prévenir de ma venue car je serais arrivée en même temps que la lettre. Je fus ravie de constater qu’elle occupait une solide bâtisse en brique rouge dans une rangée de maisons tout aussi solides et agréables. Ce fut donc le cœur plus léger que je poussai la porte.
    Marsali se tenait derrière le comptoir, occupée à trier des piles de papier. Elle releva le nez en entendant la cloche tinter et resta interdite.
    — Ma chérie, c’est moi ! dis-je en posant mon panier.
    Je me précipitai, soulevai le rabat du comptoir et la serrai contre moi. Le soulagement de me voir illumina ses traits sans pour autant cacher sa mine épouvantable. Elle s’effondra dans mes bras et se mit à sangloter. Alarmée, je lui tapotai le dos, murmurant des paroles de réconfort. Elle semblait n’avoir plus que la peau sur les os et ses cheveux sentaient le rance. Elle n’avait pas dû les laver depuis des lustres.
    — Tout va bien se passer, lui répétai-je pour la énième fois.
    Elle cessa enfin de pleurer et recula d’un pas, sortant un mouchoir crasseux de sa poche. Consternée, je constatai qu’elle était à nouveau enceinte.
    — Où est Fergus ? demandai-je.
    — Je ne sais pas.
    — Il

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