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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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t’a quittée ? m’exclamai-je horrifiée. Le petit sal…
    — Non, non… m’interrompit-elle précipitamment, riant presque à travers ses larmes. Il se cache. Il change de lieu tous les deux ou trois jours et je ne me rappelle plus où il est aujourd’hui. Les enfants le trouveront.
    — Pourquoi se cache-t-il ? Question idiote, je suppose.
    Je lançai un regard vers la petite presse trapue et noire derrière le comptoir et rectifiai.
    — A cause d’un pamphlet en particulier ?
    — Oui, celui de M. Paine. Il lui a fait imprimer une série d’articles intitulée « La Crise américaine ».
    — Thomas Paine ? Celui du Sens commun  ?
    — Oui, lui-même. C’est un homme charmant mais, selon Fergus, mieux vaut éviter de boire avec lui. Vous savez comment certains hommes deviennent doux et affectueux quand ils ont bu, alors que d’autres deviennent grossiers ou se mettent à chanter à tue-tête Bonnie Dundee alors qu’ils ne sont même pas écossais ?
    — Oui, je vois le genre. Dis-moi, tu en es à quel mois ? Tu ne devrais pas plutôt être assise ? Il ne faut pas rester debout trop longtemps.
    Elle me regarda sans comprendre puis suivit mon regard vers son ventre légèrement rebondi.
    — Ah, ça ?
    Elle se mit à rire et, glissant une main sous son tablier, en sortit une grosse sacoche en cuir qui avait été attachée autour de sa taille.
    — C’est en cas de départ précipité. S’ils mettent le feu à l’imprimerie et que je dois m’enfuir avec les enfants.
    Quand je lui pris la sacoche, je fus surprise de la trouver si lourde. J’entendis un cliquetis métallique dans le fond, sous les couches de papier et de petits jouets d’enfant.
    — Le Caslon Italic 24 pt. ? lui demandai-je.
    Elle sourit, paraissant aussitôt dix ans de moins.
    — Elles y sont toutes sauf le « X ». J’ai dû le troquer chez un orfèvre contre de l’argent pour acheter des provisions quand Fergus est parti. J’ai remis un autre « X » dans la sacoche mais il est en vrai plomb.
    — Vous avez déjà utilisé le Goudy Bold 10 pt. ?
    Jamie et Fergus avaient moulé deux jeux complets de caractères en or, avant de les frotter dans de la suie et de les tremper dans de l’encre jusqu’à ce qu’on ne puisse les distinguer des nombreuses polices en plomb qu’on pouvait trouver dans une imprimerie.
    Marsali reprit la sacoche en secouant la tête.
    — Non, celle-là, Fergus l’a emportée avec lui. Il comptait l’enterrer quelque part pour la mettre à l’abri. Le voyage a dû vous épuiser, mère Claire. Voulez-vous que j’envoie Joanie à l’estaminet chercher une cruche de cidre ?
    Encore un peu étourdie par toutes les révélations de ces dernières minutes, je soupirai :
    — Oh volontiers ! Mais où est Henri-Christian ? Ici avec toi ?
    — Dans le jardin derrière, avec un ami. Je vais l’appeler. Il est un peu fatigué à force de si mal dormir, le pauvre chou, et avec sa gorge enflée, il souffle comme un crapaud constipé. Malheureusement, cela ne tempère pas son énergie, croyez-moi !
    Elle sourit en dépit de sa fatigue et franchit la porte menant à leur logement en appelant son fils.
    S’ils mettent le feu à l’imprimerie , avait-elle dit. Qui ? L’armée britannique ? Les loyalistes ? Et comment faisait-elle pour tenir seule l’imprimerie et s’occuper des enfants avec un mari en cavale et un gamin malade qui ne pouvait rester seul la nuit ? L’horreur de notre situation , avait-elle écrit à Laoghaire. Et encore, les conditions de vie qu’elle avait décrites dataient de plusieurs mois, quand Fergus était encore à ses côtés.
    Au moins, elle ne serait plus seule désormais. Pour la première fois depuis que j’avais quitté Jamie, je ressentais plus que la triste nécessité d’accomplir mon devoir. Je décidai de lui écrire le soir même. Il serait peut-être parti avant que ma lettre ne lui parvienne (je l’espérais) mais, dans ce cas, Jenny et le reste de la famille seraient heureux de savoir ce qui se passait ici. Et si, par chance, Ian était toujours parmi eux… Je ne voulais même pas y penser. Le fait que sa mort signifiait que Jamie était libre de me rejoindre me donnait l’impression d’être un monstre, comme si j’avais hâte qu’il meure. Cela dit, Ian le souhaitait probablement aussi.
    Ces pensées morbides furent interrompues par le retour de Marsali, Henri-Christian sur ses talons.
    — Grand-mère !
    Il bondit dans mes

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