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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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main.
    J’avais toujours l’autre main dans la bouche d’Henri-Christian, maintenant sa langue et sa luette hors du chemin, un doigt marquant l’emplacement de la végétation extraite pour ne pas le perdre. Je me mordis l’intérieur de la joue quand le cautère me brûla le doigt au passage mais je ne l’ôtai pas. Une odeur de chair brûlée s’éleva. Marsali poussa un petit gémissement de panique mais ne lâcha pas son fils.
    — Tout va bien, Amie Marsali, la rassura Rachel. Le petit respire bien ; il n’a pas mal. Il est dans la lumière de Dieu ; il sera guéri.
    — Parfaitement, confirmai-je. Rachel, vous pouvez reprendre le cautère ? Plongez la boucle dans le whisky puis repassez-la-moi. Une ablation réussie ! Encore trois et nous y serons.
     
    — Je n’ai jamais rien vu de pareil, répéta Denzell Hunter pour la cinquième fois.
    Son regard allait du tampon dans sa main à Henri-Christian qui commençait à se réveiller et à gémir dans les bras de sa mère.
    — Je ne l’aurais jamais cru, Amie Claire, si je ne l’avais vu de mes propres yeux !
    J’essuyai la sueur sur mon front avec un mouchoir.
    — Oui, j’ai pensé que cela vous intéresserait. Je vous montrerai comme procéder, si vous voulez.
    Une profonde sensation de bien-être m’avait envahie. L’opération avait été rapide, pas plus de cinq à six minutes, et Henri-Christian toussait déjà, sortant des vapeurs d’éther. Germain, Joanie et Félicité nous avaient observés depuis le seuil de la cuisine, le grand frère tenant fermement la main de ses deux sœurs.
    Le visage de Hunter, déjà épanoui par la réussite de l’intervention, s’éclaira encore.
    — Oh, Claire ! C’est un tel présent ! Pouvoir entailler la chair sans provoquer la douleur ! Pouvoir immobiliser son patient sans devoir l’attacher ! C’est… c’est inimaginable !
    — C’est encore loin d’être parfait, le mis-je en garde. Et très dangereux, tant à administrer qu’à fabriquer.
    J’avais distillé l’éther la veille dans le bûcher au fond du jardin. C’était un composé extrêmement volatil et il y avait un grand risque qu’il explose, nous faisant voler, le bûcher et moi, en éclats. Tout s’était bien passé mais l’idée de devoir recommencer le processus me nouait déjà le ventre.
    Je soulevai le flacon équipé d’un compte-gouttes. Il était aux trois quarts plein et j’en avais un autre un peu plus grand.
    Devinant mes pensées, Denny me demanda :
    — Vous croyez que ce sera suffisant ?
    — Tout dépendra de ce que nous trouverons.
    En dépit des difficultés techniques, l’opération d’Henri-Christian avait été très simple. Ce ne serait pas le cas de celle de Henry. Je l’avais ausculté, Denny à mes côtés m’expliquant comment il avait extrait la première balle qui se trouvait juste sous le pancréas. Son intervention avait provoqué une irritation locale et une scarification mais n’avait endommagé aucun organe vital. Il n’avait pu trouver la seconde balle, profondément logée quelque part sous le foie. Craignant qu’elle ne soit près de la veine porte, je n’avais pas osé le palper trop fort ; une hémorragie lui aurait été fatale.
    J’étais à peu près sûre que la balle n’avait pas endommagé la vésicule ni le conduit biliaires et, compte tenu de la symptomatologie du patient, je la soupçonnais d’avoir perforé l’intestin grêle en cautérisant le point d’entrée dans son sillage. Autrement, Henry serait mort d’une péritonite depuis longtemps.
    Elle était peut-être enkystée dans la paroi intestinale, ce qui serait l’emplacement idéal. Elle pouvait également s’être logée dans l’intestin lui-même ; ce qui serait nettement moins bien. Je ne connaîtrais l’étendue des dégâts qu’une fois dans la place.
    Au moins, nous avions de l’éther et les scalpels les plus affûtés que l’argent de lord John ait pu nous offrir.
     
    Après une discussion entre les deux médecins qui parut interminable à John Grey, la fenêtre fut entrouverte. Le docteur Hunter insistait sur les bienfaits de l’air frais ; Mme Fraser était d’accord sur ce point en raison des vapeurs d’éther mais ne cessait de parler de choses qu’elle appelait des « microbes », s’inquiétant qu’ils ne pénètrent par la fenêtre et ne contaminent son « champ d’opération ». Elle en parle comme d’un champ de bataille, pensa-t-il.
    Malgré son

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