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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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admit William. Mais je suis convaincu qu’il s’agit bien du même. Il portait une canne, tout comme lui. Et puis il avait la même façon de se tenir, légèrement voûté. L’homme que j’ai vu dans le New Jersey était très vieux et marchait comme celui-ci.
    Il ne mentionna pas les doigts manquants. De toute manière, l’inconnu avait été trop loin pour qu’il puisse voir ses mains.
    Rollo avait cessé de grogner et s’était recouché mais ses yeux jaunes étaient toujours sur le qui-vive. Une étrange odeur leurparvenait de la fenêtre. Elle était malsaine et entêtante, mêlée à des remugles de sang et d’excréments. C’était une odeur de champ de bataille, ce qui acheva de le mettre mal à l’aise.
    Afin de penser à autre chose, William demanda à sa cousine :
    — Quand comptez-vous vous marier ?
    — Je voudrais que ce soit avant que les combats ne reprennent. Ainsi, je pourrais partir avec Denny et Rachel.
    Elle sourit à sa future belle-sœur qui lui retourna brièvement son sourire avant de se tourner vers William d’un air grave et troublé :
    — Comme c’est étrange. Bientôt nous serons à nouveau ennemis.
    — Je ne serai jamais votre ennemi, mademoiselle Hunter. Vous pourrez toujours me compter parmi vos amis.
    Elle esquissa un sourire triste.
    — Tu sais très bien ce que je veux dire.
    Son regard glissa de William à Dottie. Pour la première fois, il prit conscience que sa cousine s’apprêtait à épouser un rebelle… et à en devenir une elle aussi. Bientôt, il se retrouverait en guerre contre une partie de sa famille. Le fait que Denny refuse de prendre les armes ne le protégerait pas, pas plus que Dottie ou Rachel. Ils étaient tous trois coupables de trahison. Ils couraient le risque d’être tués, capturés, emprisonnés. Consterné, il se demanda ce qu’il ferait si Denny était condamné à la pendaison. Ou même Dottie.
    — Oui, je sais ce que vous voulez dire, répondit-il doucement.
    Il saisit la main de Rachel et ils restèrent tous les trois assis en silence, soudés, attendant le verdict de l’avenir.

48
    Un misérable couvert d’encre
    Je repris le chemin de l’imprimerie ivre de fatigue, euphorique et titubante. En toute sincérité, j’étais également un peu ivre d’alcool. Lord John avait tenu à nous faire goûter son meilleur cognac et, compte tenu de notre état après l’opération, Denzell et moi ne nous étions pas fait prier.
    Ç’avait été l’intervention chirurgicale la plus angoissante que j’aie pratiquée au XVIII e  siècle. Je n’avais effectué jusque-là que deux opérations abdominales : l’appendicectomie réussie d’Aidan McCallum (ce dernier endormi à l’éther) et la césarienne totalement ratée réalisée avec un couteau de cuisine sur le cadavre de Malva Christie. Ce souvenir, qui me plongeait habituellement dans le regret et la tristesse, était étrangement tempéré. Tout en marchant dans la fraîcheur du soir, l’image qui me revenait en mémoire était celle du moment où j’avais tenu la vie dans mes mains, si brève, si fugace, mais néanmoins là, telle une petite flamme bleue.
    Je venais de tenir la vie de Henry entre mes mains durant deux heures et sentais à nouveau ce feu. Une fois de plus, j’avais concentré toute mon énergie sur la préservation de cette petite flamme mais, cette fois, je l’avais sentie se stabiliser et grandir au creux de mes paumes.
    La balle avait pénétré l’intestin mais ne s’était pas enkystée. Elle était restée piégée et cependant mobile, ne pouvant quitter le corps mais se déplaçant en irritant la tunique interne de l’intestin qui était grièvement ulcérée. Denzell Hunter avait été tellement fasciné par la possibilité, nouvelle pour lui,d’examiner les entrailles d’une personne alors que celle-ci était inconsciente qu’il avait eu du mal à se concentrer sur sa tâche, s’extasiant à tout bout de champ devant les couleurs et les palpitations des organes vivants. Après une brève discussion avec lui, j’avais jugé que l’ulcération était trop étendue. Une excision aurait rétréci l’intestin grêle et laissé une scarification, risquant de l’obstruer totalement.
    Nous avions donc opté pour une modeste résection. Je fus prise d’une envie de rire au souvenir de l’expression de lord John quand j’avais extrait le segment d’intestin ulcéré et l’avais laissé tomber avec un sploutch ! sur le parquet à ses

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