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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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toi, mon âme.
    Le jeune Jamie est désormais maître de Lallybroch, comme il se doit. Le testament de Ian a été lu et Ned Gowan veillera à son exécution. Il n’y a pas grand-chose à part la terre et les bâtiments ; uniquement de petits legs, la plupart de nature personnelle, laissés à chacun des enfants. Ma sœur a été confiée à mes bons soins. (Avant de mourir, Ian m’a demandé mon accord. Je lui ai répondu qu’il n’avait pas besoin de me le demander. Il m’a rétorqué qu’il le savait mais voulait surtout s’assurer que je me sentais à la hauteur de la situation, puis il s’est mis à ricaner comme une hyène. Mon Dieu, comme il va me manquer !)
    Il y avait quelques petites dettes à régler. Je m’en suis chargé comme nous en étions convenus.
    Jenny me préoccupe. Je sais qu’elle est profondément affligée par le départ de Ian mais elle pleure rarement. Elle reste assise durant des heures, contemplant quelque chose qu’elle est seule à voir. Elle est d’un calme inquiétant, comme si son âme s’était envolée avec Ian, ne laissant qu’une coquille vide derrière elle. En parlant de coquille, elle me rappelle le nautilus que Laurence Sterne nous avait montré un jour aux Antilles. Un grand et beau coquillage comprenant de nombreux compartiments mais tous vides hormis le plus au centre où se terre le petit animal.
    Puisque je parle d’elle, elle me demande de t’exprimer ses remords pour les choses qu’elle t’a dites. Je lui ai expliqué que nous en avions parlé ensemble et que tu ne lui reproches rien car tu es consciente des conditions désespérées dans lesquelles elle les a prononcées.
    Le matin de la mort de Ian, elle m’a déclaré qu’elle souhaitait quitter Lallybroch car plus rien ne la retenait ici. Tu peux imaginerma stupeur. Je n’ai toutefois pas discuté, estimant que le manque de sommeil et le chagrin avaient perturbé son esprit.
    Elle m’a répété ce sentiment depuis, tout en m’assurant fermement qu’elle possède toute sa raison. Je dois me rendre en France pour quelque temps, tant pour effectuer des transactions privées que je ne décrirai pas ici que pour m’assurer que Michael et Joan sont bien installés. Ils sont partis le lendemain de l’enterrement de Ian. J’ai demandé à Jenny de réfléchir durant mon absence. Si elle est vraiment convaincue que c’est là ce qu’elle veut, je l’emmènerai en Amérique. Pas pour vivre avec nous (je souris en imaginant ta mine, je lis en toi même dans mon esprit).
    Elle s’installerait avec Fergus et Marsali, auprès de qui elle pourrait se rendre utile sans que tout, autour d’elle, lui rappelle quotidiennement l’absence de Ian. Elle serait également en mesure d’aider le petit Ian si ce dernier requérait son soutien (s’il n’en veut pas, elle saura au moins ce qu’il fait).
    En outre, il ne lui a pas échappé que l’épouse du jeune Jamie sera désormais la dame de Lallybroch, et qu’il n’y a pas de place pour deux d’entre elles. Elle est suffisamment avisée pour savoir quelles difficultés une telle situation ferait naître et assez bonne pour vouloir les éviter à son fils et à sa femme.
    Quoi qu’il en soit, je pense embarquer pour l’Amérique à la fin de ce mois ou le plus tôt possible. La perspective d’être réuni avec toi illumine mon cœur et je reste à jamais
    ton époux dévoué
    Jamie
    Paris, 1 er  avril
    Ma très chère épouse,
    Cette nuit, je suis arrivé très tard à mon nouveau logis parisien. J’ai trouvé la porte de la rue verrouillée et ai dû crier pour réveiller ma logeuse qui est descendue ouvrir de fort méchante humeur. La mienne ne valait guère mieux quand je découvris qu’elle n’avait rien gardé pour mon dîner, qu’il n’y avait pas de feu dans ma chambre et qu’en guise de lit, il n’y avait qu’un vieux sommier recouvert d’une toile moisie et d’une couverture élimée dont même un gueux n’aurait pas voulu.
    Mes protestations ne m’ont valu en retour que des insultes (proférées lâchement derrière une porte solidement fermée). Ma fierté m’interdisant de chercher à la soudoyer, même si j’en ai les moyens, me voici donc dans ma mansarde nue et glacée, la faim au ventre (je peins ce tableau sordide dans le but indigne d’attirer ta compassion et de te montrer quel être pitoyable je fais quand tu n’es pas avec moi).
    Je suis déterminé à quitter cet endroit dès les premières lueurs de

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