Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les fleurs d'acier

Les fleurs d'acier

Titel: Les fleurs d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
Vom Netzwerk:
peau quand vous le changerez !… Ah ! tu es là, toi…
    Saladin sauta sur le lit, bâilla de plaisir puis revint se lover sur les dalles. Après une hésitation, Adelis effleura le front où la froidure demeurait :
    — La fièvre est tombée.
    Ogier soupira ; il émergeait d’une nuit dont il n’avait rien retenu :
    — J’ai rêvé qu’une femme couchait auprès de moi… Sans elle, je crois que je serais mort… Mais je voulais vivre et elle y tenait autant que moi ! Était-ce vous ?
    Il but le contenu du gobelet qu’Adelis lui tendait et grimaça en le lui restituant :
    — Du lait !… J’aurais préféré une demi-pinte de grenache !… J’ai grand-soif et grand-faim… C’est bon signe… Il s’en est fallu de peu, je crois, que je succombe au venin qui coulait en moi.
    — Vous êtes vigoureux, messire.
    — J’ai hâte de revoir mes parents et ma sœur Aude… Et vous, Adelis, où voulez-vous aller ?… Jusqu’au Mont-Saint-Michel avec Bressolles ?… Aviez-vous de la famille en Langue d’Oc ?
    Les yeux clairs, sous les paupières lasses, scintillèrent. Le profil pâle se durcit. La jeune femme se leva et marcha jusqu’au fond de la chambre où Saladin la rejoignit. Elle avait disposé ses cheveux en couronne. La robe noire qu’elle portait, serrée à la taille, devait être un prêt voire un présent de dame Perrine.
    — Je n’ai plus de famille… et n’en veux point parler.
    — Girbert veille sur vous. Il est loyal, bienveillant et solide.
    — Entre lui et moi, messire, il n’y a rien sinon la Langue d’Oc d’où il vient, lui aussi. Nous savons qu’un jour cette parenté entre nous se rompra.
    — Venez à Gratot !… Vous y serez bien conjouie [75] .
    Adelis s’immobilisa, ombre svelte sur le fond clair de la fenêtre :
    — Et mon passé, messire !… Vous savez qui je suis.
    — N’en parlons plus jamais… Approchez… La femme, cette nuit, c’était vous ?
    Il sonda ce regard songeur dont l’émeraude noircissait. Elle le lui déroba de crainte, sans doute, qu’il y trouvât un autre sentiment que la reconnaissance. Elle bredouilla : « J’ai affaire, messire » et s’éloigna, suivie de Saladin, en laissant l’huis ouvert.
    — Thierry !
    L’écuyer apparut, rasé, habillé, morose.
    — Aide-moi à me vêtir.
    Quand ce fut fait, ils descendirent à la cuisine.
    Ogier s’étonna de trouver dame Perrine en larmes devant son feu de cheminée. Attablés face à face, Matthieu Eyze et Raymond buvaient un bouillon gras, odorant. De sa perche, Titus les observait, l’œil vif.
    — Mon faucon semble guéri, lui aussi… Où est Tancrède ? Dort-elle encore ?
    — Messire, dit Thierry en prenant place devant Raymond, votre cousine est partie. Je ne savais comment vous l’annoncer.
    — Partie avec mon Hervé ! sanglota dame Perrine.
    Tandis qu’elle reniflait derrière un pan de son devantier, Ogier se tourna vers le fèvre :
    — Votre fils est parti avec Tancrède !
    — Hé oui, messire, dit l’homme en repoussant sa cuiller. Il ne rêvait qu’aventures… Ils s’en sont allés au plus fort de la nuit. Ils ont emmené Broiefort et la jument blanche.
    Raymond rompit une tranche de pain dont à menus morceaux il épaissit sa soupe :
    — Elle m’a proposé de partir avec elle. J’ai refusé.
    — Tu aurais dû me prévenir !
    — Et comment ? Vous gisiez sur ce lit… Nous sommes allés dormir et nous étions trop las pour nous méfier de cet abandon. J’estime que c’est un bienfait, car Briatexte a dû suivre votre cousine… Son cheval n’est plus à l’écurie, ni la fardelle contenant son armure…
    — Qu’il soit parti, lui, peu me chaut. Mais qu’elle ait consenti à cheminer auprès de ce malandrin…
    Ogier s’interrompit, moins pour reprendre son souffle que pour laisser à sa déception le temps de s’accoiser.
    — Elle et Enguerrand !
    Pourquoi donc se montrait-il si surpris ? C’était dans la nature même de Tancrède que d’accepter pour quelques lieues – mais combien ? – une pareille compagnie.
    Bressolles apparut dans l’encadrement de la porte. Aussitôt, il fournit son avis :
    — Cet homme vient de Bretagne et non de la Langue d’Oc… Je pense qu’il a usurpé le nom de quelque seigneur qu’il peut bien avoir meurtri. Je le crois du parti de Jean de Montfort… Souvenez-vous, messire Ogier, de ce qu’il nous a conté lors du dernier repas que nous avons pris à

Weitere Kostenlose Bücher