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Les fontaines de sang

Les fontaines de sang

Titel: Les fontaines de sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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e
    Love the old yew-tre e
    And the land where the yew-tree grows .
    What of the cord  ?
    The cord was made in England :
    À rough cord, a tough cord,
    À cord that bowmen love,
    So w e’ll drain our jacks
    To the English fla x
    And the land where the hemp was wove .
    What of the shaft  ?
    The shaft was eut in England :
    À long shaft, a strong shaft,
    Barbed and trim and true  ;
    So w e’ll drink ail together.
    To the grey goose feathe r
    And the land where the grey goose flew .
    What of the men  ?
    The men were bred in England : 232
    The bowmen , the yeomen,
    The leads of dale and fell .
    Her e’s to you – and to you !
    To the hearts that are true .
    And the land where the true hearts dwell  ! 233
    On avançait en rangs parfois lâches, parfois serrés, sans voir à l’entour autre chose que des arbres aux membres tourmentés, figés d’une stupeur sans limites, tout comme les corbeaux immobiles dessus. Dans les chemins encaissés, les clercs retenaient leurs mules de crainte d’une embûche, ignorant ou voulant ignorer que les chevaliers et les piétons qui occupaient les crêtes étaient en quelque sorte leurs ouailles. Il advenait – rarement – qu’un larron ou un prud’homme s’adressât à leur congrégation pour communier en plein champ et avaler une pincée de terre ou quelques brins d’herbe en guise d’hostie. De temps en temps Guesclin arrêtait son roncin pour voir passer quelques centuries, ou bien il galopait à contre-courant pour encourager les Bretons et vilipender les charroyeurs qui, à son goût, musardaient sans trêve et sans vergogne, bien que leurs chevaux fussent solides et endurants.
    Tristan suivait, luttant contre un invincible ennui et louant secrètement la foi et la force d’âme des Anciens, ceux qui s’étaient croisés pour délivrer Jérusalem. Des milliers de lieues, des centaines d’embûches, la faim, la soif, la maladie et, pour les survivants, d’ultimes et terrifiantes batailles. Il ne se passionnait plus pour l’étincellement des lances, des épieux et des armes d’hast, ni pour le miroitement des plates d’armures et des mailles : il suivait, cherchant parfois la haute barbute de Calveley dans le flux des coiffes de fer ou sa bannière parmi celles des gens de France. Il advenait qu’il entendît, poussé par le vent, quelque rire féminin. Fermant les yeux et se fiant à Alcazar, il revoyait les yeux humides de Luciane, son nez qui savait être impertinent, sa bouche gourmande. Il frissonnait sous son hoqueton de cariset seul tout à coup et comme égaré dans une armée dont la puanteur hircine, porcine, ne se pouvait délayer dans l’air, et dont les succès et les malaventures à venir ne le concernaient pas.
    –  Où qu’on va ? demandait un archer.
    – On sait pas, répondaient dix compères.
    Une voix s’élevait :
    – En Avignon, voir le Pape.
    Et l’on n’entendait plus que le bruit des sabots.
    On laissait à Guesclin, Calveley et quelques autres, le choix des chemins et des haltes. Certains, lors de celles-ci, évoquaient les anciennes batailles et ceux qui y avaient couru, galopé, aratelé 234 de rage ou de frayeur dans l’ivresse de la male mort. Les clercs, surtout frère Gayssot, n’étaient pas les moins affriandés par ces récits. Des ruines attestaient qu’il ne fallait rien attendre de bon des hommes. Il y avait parfois, à proximité du campement ou du lieu choisi pour une halte brève, quelque église méconnaissable. Elle était convertie en latrine. La mitte 235 du bran, du pissat et des vomissures des envoyés de Dieu y remplaçait les encens.
    Nul capitaine ne criait au sacrilège. Il fallait bien un lieu pour s’alléger. Les clercs levaient leur froc, même frère Béranger qui entrait sous les voûtes ou ce qu’il en restait non pour prier mais pour les profaner davantage.
    – Que d’offrandes ! s’exclamait Orriz lorsqu’il revenait auprès de son Bertrand, lequel, pour ses rejets, préférait l’intimité des roncières.
    Jamais l’esprit de Tristan ne s’était élevé plus aisément au-dessus des remous de l’opinion de toute cette multitude où le meilleur côtoyait le pire. Il savait que parmi ses voisins – tout comme son beau-père -, on l’accusait de chercher à sauvegarder sa dignité de chevalier en se plaçant hors des incongruités, des calomnies et des injures que la bonne gent des cités, massée tout au long de ses murailles, déversait sur cette armée

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