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Les fontaines de sang

Les fontaines de sang

Titel: Les fontaines de sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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Villaines, le Chevalier Vert, Robert Scot dont on disait qu’il savait obtenir tout ce qu’il souhaitait en matière d’argent, Naudon de Bagerant qui semblait dévorer à belles dents tout ce qui se disait, Espiote, le Petit-Meschin et leurs compères affriandées par cet or invisible dont Mgr de Cabassole arborait quelques échantillons sur sa mitre, les fanons de celle-ci, et sa pourpre cardinalice.
    – Seigneurs, bons et vaillants chevaliers, dit le truchement du Pape, le Saint-Père m’envoie par-devers vous afin d’apprendre pourquoi et sous quelle volonté vous êtes venus céans.
    Guesclin, d’un coup d’œil à Audrehem, lui signifia de répondre, ce que le maréchal fit volontiers :
    – Sire cardinal, nous vous dirons nos faits tout clairement. Moult hommes qui sont maintenant nos compagnons se sont mis en mauvaise voie. Ils ont commis tant de maux dans royaume de France que nul ne les pourrait compter… Notre Pape, naguère, jeta sur eux sa sentence à cause de leurs meurtres et pilleries. Or, ils se sont amendés, accordés : ils s’en veulent piéter jusqu’à Grenade sus aux mécréants. Nous pensions aller au royaume de Chypre, mais on nous a dit que le bon roi Pierre avait été occis, ce dont nous sommes dolents. Or, il nous convient de marcher contre les mécréants afin que nul le nos nouveaux alliés ne demeure en France. Par la volonté du roi Charles, ils sont venus à Villeneuve en la compagnie de messire Guesclin et du comte de la Marche, ici présents, qui vont mener cette armée à Grenade contre les Mahomets pour exalter la Chrétienté ; ils ont pris passage par ici pour obtenir la rémission de leurs péchés. Chacun est suppliant de recevoir son pardon. Il en est temps. Vous direz au Saint-Père qu’il nous veuille absoudre et ne nous refuse point l’absolution, de coulpe et de peine, pour les lourds griefs que nous avons tous commis depuis que nous fûmes enfants. En outre, de par toute l’armée, vous lui direz que pour servir Notre Seigneur et exalter la foi, le trésor de l’Église a été anciennement destiné à des usages tels que les besoins le cette armée, par laquelle grand bien adviendra. Adoncques, votre Hautesse, que le Saint-Père nous fasse présent de deux mille besans pour accomplir notre voyage.
    Le cardinal eut un sursaut. Son visage s’empourpra. Quelque chose de violent passa sous sa mitre, au ras des sourcils : une lueur noire – rage et détestation mêlées. : Auri sacra famés ! » 255 dit-il entre ses dents, puis hautement :
    – Seigneur ! Seigneur ! Cette somme est trop grosse. Vous serez bien absous, je n’en doute point. Mais savoir si l’on vous baillera de l’argent, je ne puis vous l’assurer.
    Le messager du Pape fit mine de se lever. D’une main sur l’épaule, Guesclin le rabattit sur son banc.
    – Holà ! Tout doux, dit-il.
    – Lâchez-moi-! intima le prélat, ou je vous…
    Ses yeux eussent été les mêmes, songea Tristan, s’il avait vu un étron sur son chemin. Guesclin sourit mais la commination, bien qu’inachevée, avait été si forte qu’il obéit. Il avait la vaillance et la fermeté en grande estime quand ces qualités ne s’exprimaient pas au détriment des siennes. Il devait être le meilleur, toujours ; le plus éloquent, le plus disert, le plus imposant. Ce qui lui importait dans la guerre et dans celle qui se préparait, c’était moins les raisons pour lesquelles il y participait que ses bienfaits eux-mêmes : les roberies, l’occision non point admise, mais autorisée. Tristan, pourtant instruit des desseins du Breton, fut ébahi par les regards de tous les chevaliers réunis autour de leur maître. Évoquant inopinément la sienne, il ne put qu’imaginer le s femmes livrées bientôt à leur discrétion. Comment, lui, pourrait-il supporter ces infractions non point seulement aux commandements de la Chevalerie mais aussi aux règles de l’honneur les plus élémentaires. Qu’en pensait Ogier d’Argouges ?
    –  Alors, messire évêque, va-t-il falloir négocier vous et moi ?
    Commandant suprême – ou presque – le Breton souriait, espérant écraser par la force de la sienne la ténacité de cet homme de Dieu qui, après tout, n’était pas le Pape.
    – C’est au Saint-Père, cardinal, de décider. Il convient que nous ayons tout ce que le maréchal d’Audrehem a demandé.
    « Il enrage », se dit Tristan, « et le maréchal reste coi. »
    Et Guesclin poursuivait,

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