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Les fontaines de sang

Les fontaines de sang

Titel: Les fontaines de sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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Il partit en grommelant quelque chose.
    – Ce loudier me fait peur, avoua Lebaudy.
    – On ne peut pourtant pas l’occire afin d’avoir la paix !
    Ogier d’Argouges souriait, mais cette petite joie semblait vaine, insincère. Tristan se promit d’accroître sa surveillance.
    – Qu’il se garde à carreau ! dit-il d’un ton hargneux qu’il ne se connaissait pas. Oui, qu’il se garde à carreaux où je lui ferai avaler l’un des siens !
    On ne vit plus Guesclin. On apprit qu’il avait fait demi-tour avec quelques fidèles, abandonnant, non sans regret, le commandement à Jean de Bourbon. Celui-ci divulgua la raison d’un départ nocturne et précipité : le breton s’en était allé à Tarragone où il savait trouver Pierre IV d’Aragon.
    – Le roi n’a pas acquitté complètement sa contribution aux Compagnies. D’après ce que je sais, Bertrand accompagnera Pierre IV et son épouse, Eléonor de Sicile, sur le chemin de Saragosse, puis il obliquera ers nous…
    Henri de Trastamare était-il présent ? Il semblait être confiné sous sa tente…
    Tristan se laissait désormais porter par l’armée comme une barque par une rivière. Il s’arrêtait quand on s’arrêtait, mangeait quand on mangeait, dormait quand on dormait, repartait quand on repartait. Il ne chevauchait plus en tête avec son beau-père et leurs compagnons. Sans se consulter, ils s’étaient laissés glisser vers le centre, insoucieux de devoir y côtoyer quelles capitaines d’aventure.
    Tout en confabulant avec Ogier d’Argouges, Tristan songeait que le carnage espéré par plus de dix mille hommes n’était pas commencé. Il se considérait comme un animal bien portant égaré dans une harde encore épargnée par la rage. Avant même d’en subir les affres, cette guerre gagnée ou perdue lui semblait détenir en on mystère les éléments d’une paix incertaine. Tel qu’il imaginait le roi Pèdre, celui-ci ne se tiendrait jamais pour vaincu. Il évitait de s’en entretenir avec ses compères. Il évitait de parler de Luciane et des dames de Gratot. Il évitait de savoir quel jour on était et cette année 1366 lui semblait lugubre et presque indigne d’être vécue. Une sorte de pudeur le prenait d’exhiber des émois et des craintes trop intimes. L’Espagne lui paraissait un pays si grand qu’il éprouvait parfois l’impression le s’y engloutir plutôt que d’y avancer. Il advenait qu’il craignît de s’y perdre si le malheur faisait en sorte qu’il fût seul, séparé de la meute, et qu’il devînt le gibier de quelques Castillans avides de revanche. Il regardait alors Paindorge, attaché à sa personne comme une sorte d’ombre parfois nette, parfois indécise. Il voyait avec satisfaction se resserrer l’amitié de son écuyer, des Lemosquet et de Lebaudy. Sous l’influence des présages de mort, ils avaient besoin de se sentir en solide accointance. Cette amitié, en l’occurrence, était plus indispensable que les souvenirs d’amour. Il enviait parfois leurs rires et leur simplesse. Même s’ils l’importunaient.
    « Que faisons-nous ? Nous attendons pour mieux sauter. Un seul tirera bénéfice de cette malaventure : Guesclin.… Où est Calveley ? Est-il malade comme le prétend la rumeur ? Nous avançons vers Zaragoza. Où est cette cité ? En cas de conquête du royaume de Grenade promis à Guesclin par le Trastamare, celui-ci se l’adjugera pro indiviso, comme il le proclame si mal quand il veut faire l’intéressant 316 . » j
    Février en son début piquait. Le froid de la journée s’aiguisait dans la nuit. Les grands feux pétillants dispensaient, outre de la tiédeur, une moiteur désagréable. On supposait que le roi d’Aragon et Guesclin attendaient tous les guerriers à Saragosse. On ne voyait plus Enrique. Son rhume s’était-il aggravé ? On ne savait qui commandait. Olivier et Guillaume Guesclin, les frères toujours discrets et qui sans le grand homme étaient désemparés ? On voyait, deux ou trois fois par jour s’assembler quelques prud’hommes : le sire d’Antoin ; Allard de Briffeuil, Jean de Neuville, Gauvain de Baileul, Jean de Berguetes et quelques autres ; on voyait aussi se réunir fort à l’écart les dévoyés des Compagnies : Robert Briquet, Jean de Carsuelle, Naudon de Bagerant, Lamit, le Petit-Meschin, les bourcs Camu  ; Lesparre, de Breteuil, Batillier, Espiote, Aimemon Ortige, Perrot de Savoie, la plupart auteurs des premiers

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