Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les fontaines de sang

Les fontaines de sang

Titel: Les fontaines de sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
Vom Netzwerk:
atteindre Magalon 319 . L’obéissance de l’Anglais avait fait l’objet de discussions serrées au terme desquelles le Breton et le géant avaient conclu un marché dans la forme prescrite en Angleterre : une endenture de guerre selon laquelle ils se constituaient en une compagnie unique pour la campagne en Castille et Grenade 320 .
    Calveley s’éloigna ; Guesclin en fit autant, mais dans une autre direction.
    – Où est allé l’Anglais ? demanda Tristan à Audrehem.
    – Borja… Il aura du pain sur la planche… et du butin. C’est une cité d’Aragon occupée depuis longtemps par des compagnies du roi Pèdre.
    Derrière le Breton, le troupeau des routiers s’ébranla Aux premiers jours de mars, on apprit que Hugh Calveley avait attaqué Borja. Petite victoire : à l’approche des bannières anglaises, pourtant peu nombreuses, et sans doute en raison de la réputation faite aux armées de France, la garnison avait abandonné vélocement les murs, entraînant dans son repli quelques troupes castillanes cantonnées à Magallon (556) . Sachant cela, Enrique de Trastamare décida qu’il fallait se hâter. La horde immense entra sans coup férir en Navarre, traverse l’Èbre, franchit la marche de Castille à proximité de Tudela, le 8 mars, et continua d’avancer vers Alfaro, à cinq lieues de là. Guesclin se proposa de conquérir cette ville. Ce plaisir lui fut interdit par le Trastamare approuvé par le comte de Dénia et quelques ricos hombres.
    –  Nous avons mieux à faire, observa Dénia, qu’on voyait peu.
    – Il suffit d’un matin pour prendre cette bastille !
    – Je n’en suis pas sûr, dit le Trastamare. Elle est tenue par Inigo de Orozco. C’est un chevalier méritoire.
    –  Je le suis aussi et le vaincrai !
    « Décidément », se dit Tristan présent comme la plupart des prud’hommes à cet échange, « pour être heureux, il ne lui faut que du sang et des victoires. »
    La voix du Trastamare devint basse, melliflue. Sous la bienveillance affectée, Tristan sentit une espèce de forcennerie contenue à grand-peine. L’accointance de ces deux hommes était bancale.
    – Je ne doute point des mérites qui sont vôtres et de certains que vous vous arrogez… Soumettez-vous pour cette fois. Quelques-uns de mes hommes liges se sont donné Calahorra comme lieu de réunion. Je les dois rejoindre sans retard. L’évêque don Fernando de Tovar est l’un d’eux. Lorsqu’il nous verra, il nous fera ouvrir les portes de la cité… Hé oui : point de combat… Nous entrerons à quelques-uns. Dites-le dès maintenant à vos ricos hombres.
    –  Je n’en ai aucun. Et j’affirme que pas un de mes chevaliers n’est riche.
    – Ils n’ont point emporté leur fortune avec eux, ricana le Trastamare, très informé sur ce sujet. Prévenez tous vos capitaines que je ne tolérerai aucun excès sous peine de rompre notre alliance ! Tout homme qui contreviendra à mes volontés aura les poignets et les chevilles liés. Je le ferai jeter dans le Cidacos !
    – Holà ! Messire… Vous savez bien que sans nous, jamais vous ne serez roi de Castille.
    Le Trastamare répondit par un juron dans sa langue. Ensuite, il avança sans se soucier de rien – seul dans ses pensées. Dénia le suivit de loin.
    Le pays se bossela. La vallée de l’Èbre s’élargit. Calahorra, peu à peu, éleva ses murs au-dessus des collines. De loin, la cité avait un air revêche. Son enceinte, mélange d’ocre et de carmin, semblait inaccessible mais, comme prévu par don Henri, une porte s’ouvrit, un évêque apparut et fit un signe de bienvenue : don Fernando de Tovar que Pèdre avait chargé de défendre la plac4 accueillait son nouvel ami.
    Les ricos hombres, fidalgos et prud’hommes purent franchir un seuil dont le pavement mal ajusté déplut aux chevaux. Certains hennirent ; d’autres eurent des velléités de ruade. Paindorge, les Lemosquet et Lebaudy durent demeurer sur la rive du Cidacos. Après qu’ils eurent abreuvé les montures, ils s’usèrent la vue dans la contemplation des murailles entre les merlons desquelles se pressaient des hommes d’armes et des femmes inquiètes d’imaginer, comme Paindorge se plut à le dire avant de se séparer de Tristan et de son beau-père, des milliers et des milliers de braquemarts privés d’un fourreau.
    Bannières hautes, à la suite d’une dizaine de prélats et de dignitaires qui, quelques jours plus tôt, ployaient l’échine et

Weitere Kostenlose Bücher