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Les fontaines de sang

Les fontaines de sang

Titel: Les fontaines de sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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d’assister à cette reddition… Holà ! Comme il crie…
    – Espagnols forcenés, tonnait Guesclin, donnez-nous vos Juifs ou vous le paierez cher !
    À l’entour du Breton, des hommes approuvèrent.
    – Ouvre les yeux, Tristan. Vois : Audrehem, Bagerant, Espiote, Bourbon et moult autres sont d’accord pour cette tuerie… On traite… Un temps sera donné pour que les Castillans emportent leurs blessés et que les Français, les Anglais et les Aragonais mettent les leurs en sûreté. Je n’ose imaginer la suite.
    Tristan ouvrit enfin ses paupières. Un édile de Briviesca, gros et vêtu de noir, affirmait :
    –  Vous aurez les Juifs.
    – Tous ? demanda Guesclin.
    – Je vous en fais serment.
    – Adonques, messires, à la juiverie !… Vous aussi Argouges et Castelreng !
    Il fallut suivre quelque cinq cents malandrins et Bretons dans des petites rues obscures où seuls brillaient, ensanglantés, les aciers des vouges, des guisarmes et des couteaux de brèche. Au bout d’une ruelle, un huis haut et solide se présenta. Enfoncés dans le bois aux puissantes ferrures, des clous serrés représentaient une étoile à six branches.
    – La juiverie ! jubila Guesclin. Il doit y avoir une autre porte à l’opposé. Celle devant laquelle se tiennent Calveley et ses hommes… On dirait que cet Hercule goddon hésite à nettoyer la place !
    Audrehem ricana, suscitant d’autres rires. Dénia haussa le ton :
    – Juifs !… Eternels amis de Pèdre, ouvrez-nous ! Rendez-vous !
    Une voix répondit : «  Nous rendre, c’est mourir ! » Une seconde implora :
    –  Indulto !
    Guesclin se tourna vers Dénia :
    – Que dit cette commère ?
    – Elle demande grâce.
    – Point de grâce ! C’est une race de porcs ! Des répandeurs de pestilence et autres ordures ! Des souilleurs de puits, de ruisseaux, de rivières !
    Puis, à pleine gueule :
    – Rendez-vous !
    – Rendez-vous ! insista un homme qui, peut-être, était l’alcade de Briviesca. Entendido ? No hay remedio 340  !
    –  Vous parolez pour rien, dit la voix d’un vieillard.
    Vous nous livrez aux Français, fijodalgos 341 de Briviesca ! Vous nous trahissez sans le moindre remords.
    – Toi, le rabbi, je vais te rabattre le caquet !… Foi de Guesclin !
    En dépit de leur épouvante, les Juifs semblaient résolus à combattre. On entendit des coups terribles : les Anglais, pour forcer une défense, utilisaient un bélier. Il y eut des craquements. Des hurlades d’hommes, des cris de femmes et d’enfants. Un remous de remuements divers et des cliquetis d’armes.
    – Comme ils crient laidement ! ricana Audrehem. Oyez ! Oyez !… Par Dieu, on se croirait dans une porcherie… Que nos arbalétriers et les archers courent aux aleoirs 342  !… Vous dominerez ces coquins et pourrez les tirer mieux encore qu’au papegai !
    Un archer déjà juché tendit le bras : « On vient ! » et la foule des guerriers se retourna tout entière. Deux hommes en armure s’avançaient, suivis de cinq à six autres. C’était, selon Dénia, don Rodriguez de Senabria et un chevalier gascon, allié des Anglais, que don Tello reconnut :
    – Mosén Bernard de Sala 343 , dit-il. Je ne l’avais pas encore vu. Il a pris Rodriguez !
    Les guerriers s’immobilisèrent et Senabria, seul, fit un pas en avant :
    – Francs chevaliers hardis. Où est Bertrand Guesclin ?
    – Me voici, messire, auprès de votre roi et de tous les prud’hommes. Cette cité n’est qu’à demi conquise. Que voulez-vous ? Nous aider de ce côté ou nous annoncer son rendage 344  ?
    –  Je vous la livrerai sans être plus assailli, sauf notre avoir et notre vie.
    – Je l’octroie, dit Guesclin, selon votre dire.
    Bien qu’il eût le roi Henri à son côté, c’était lui qui s’exprimait en maître. Il ajouta : « Les Juifs sont-ils à nous ? » Le rico hombre haussa les épaules :
    – Ils ont décidé de vous combattre. Je ne puis les en empêcher.
    – Nous les exterminerons, dit Dénia. Cette guerre est une guerre sainte !
    Aucun prud’homme de France ne protesta : après un assaut des plus aisé – sans mérite et sans grande mortalité -, on allait épancher son plaisir de meurtre sur des manants d’une espèce particulière.
    – Où sont-ils ? s’enquit avidement Audrehem après que Senabria eut fait ouvrir, puis béer la porte récalcitrante par ses hommes d’armes dont l’un d’eux portait les clés. Où

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