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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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victimes ? Et, si tel était le cas, n’existait-il
point d’autres pauvres corps mutilés, enfouis ici ou là et qu’on ne
retrouverait point, ou si tardivement, que le squelette sans crâne n’indiquerait
rien de précis ?
    Jérôme de Galand réfléchit longuement au
problème. Certes, il ne pouvait qu’avancer des hypothèses mais l’une, au moins,
le séduisit davantage que les autres. Si, comme il l’imaginait et semblait le
prouver l’existence du carrosse et de ses gens, l’Écorcheur était un puissant
seigneur, qui plus est un des chefs ou grands meneurs de la Fronde à Paris, le
cours des événements devait l’inquiéter, et requérir une grande partie de son
temps.
    La Fronde avait certes retrouvé son armée, au
reste de qualité, mais ne recevait aucun renfort quand celle de monsieur de
Turenne se fortifiait chaque jour davantage. La défaite d’Étampes, puis le
siège, l’occupation de Saint-Denis aussitôt reprise par l’armée royale, le
départ du duc de Lorraine et de ses huit mille excellents soldats qui auraient
renversé le rapport des forces, tout cela devait inquiéter les généraux de la
Fronde, et laisser peu de temps aux loisirs.
    Dans tous les cas, concernant le corps écorché
et décapité, il portait la marque habituelle car, cette fois encore, on releva
sur les chairs meurtries traces nombreuses de soufre.
    Ce qui ramenait à la piste favorite de Jérôme
de Galand : l’insaisissable baronne Éléonor de Montjouvent.
    Il fallait hâter les choses et, bien qu’il n’eût
point à se plaindre du zèle et de la loyauté du simoniaque, lui imposer forte
obligation à servir mieux encore la police criminelle.
    Aussi, dans cet esprit, Jérôme de Galand
fit-il arrêter et conduire en prison les deux prostituées qui travaillaient à
la fortune de son informateur.
    La réaction ne tarda point car, quelques
heures plus tard, le simoniaque demanda audience au Châtelet afin de rencontrer
le chef de la police criminelle.
    Jérôme de Galand, tout de noir vêtu comme à
son habitude, observa avec curiosité le simoniaque dont les yeux contenaient
des fulgurances assassines.
    Puis, d’un geste évasif, le policier invita
son interlocuteur à parler, ce que l’autre fit aussitôt :
    — Monsieur le baron, c’est grande
injustice que vous m’infligez là !
    — Si vous confondez justice et police, nous
perdons tous deux notre temps.
    Le simoniaque comprit que le policier n’avait
point tort, aussi changea-t-il de ton et trouva-t-il nouvel angle d’attaque :
    — Ne vous ai-je point servi du mieux qu’il
fut possible ?
    — Vous m’avez certes bien servi, mais
point du mieux qu’il fut possible puisque Éléonor de Montjouvent nous échappe
toujours.
    — C’est là femme très intelligente, monsieur
le baron.
    — Je l’ai remarqué. À mes dépens.
    Le simoniaque, un peu désemparé, essaya autre
chose encore :
    — C’est que, voyez-vous, elle vient de la
noblesse et domine par l’esprit et le savoir les gens de ma sorte et ceux qui s’adonnent
aux orgies sous couvert du culte de Satan.
    Jérôme de Galand observa longuement son
interlocuteur, qui ressentit un certain malaise, puis :
    — Vous avez une chance de récupérer vos
putains que je puis faire libérer à tout instant, et bénéficier des avantages
que je vous ai promis mais pour cela, vous devez exécuter mes ordres avec
promptitude.
    — Mais j’y suis tout disposé !
    Le baron se leva, alla jusqu’à la fenêtre, mains
derrière le dos et observa la Seine en se soulevant à plusieurs reprises sur
ses pointes de pieds, faisant chaque fois retomber ses talons avec un bruit sec.
    Il se retourna brusquement vers le simoniaque.
    — J’ai une idée, puisque vous n’en avez
point !
    Il se tut, réfléchit, sourit vaguement et
reprit :
    — J’arrive de province. Mon âge est
rassurant, ma fortune plus encore et le vice m’attire. J’offre deux cents
livres à toute personne pouvant m’organiser soirée où sera rendu culte à Satan
en présence de femmes belles et perverses qui ne fussent point putains mais
bourgeoises venant avec leurs maris. La fête se déroulera en mon hôtel
particulier, dont vous donnerez l’emplacement afin que celui, ou plutôt celle, qui
organisera toute l’affaire se rende compte de ma richesse et que je ne suis
point mauvais payeur… Comprenez-vous ma pensée ?
    Le simoniaque ne put s’empêcher d’admirer l’intelligence
du petit homme en

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