Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
Vom Netzwerk:
foin des
simagrées !
    Le décor avait changé. Au fond d’un bleu si
tendre succédait un noir charbonneux. Autour d’un autel rouge feu se voyaient
différentes choses plus propres à inspirer la terreur que la piété : crânes
humains dont l’un était encore coiffé d’un effrayant casque à nasal ; chauves-souris
crucifiées avec des clous en or ; bocal où nageaient des yeux de sorcières
enucléées par des bourreaux corrompus avant que d’être brûlées vives ; fioles
contenant étranges liquides où dominait la coloration violette.
    Deux statuettes de haute facture ornaient le
centre de l’autel. En la première, posée sur épaisse couche de poudre d’or, se
reconnaissait Satan, le corps nu et noir, le sexe démesuré et dressé, qui
tenait un sablier à la main et semblait l’attendre avec air de grande
bienveillance. Deux rubis d’un rouge très intense figuraient les yeux.
    L’autre statuette était de plus d’importance
aux yeux de l’Écorcheur au masque d’argent car elle était installée sur un
tapis de diamants d’une absolue pureté et d’inestimable valeur.
    — Plus précieuse que le diable lui-même !
dit l’homme en souriant et en tentant de refouler son désir.
    La seconde statue représentait une femme. Une
très jolie femme, nue, jeune, très brune, la poitrine haute, la taille fine, les
hanches larges et le visage altier. Une jambe légèrement fléchie, l’autre très
droite, donnaient à la pose une allure cambrée très provocante qu’accentuait
une main sur la hanche. De l’autre main, la femme brune tenait des ciseaux d’argent
et coupait le sexe d’un homme, lui-même, la minutie du travail ne laissant le
moindre doute à ce sujet.
    Un travail magnifique.
    C’était grand dommage, mais l’artiste qui
avait exécuté les deux statuettes, un tout jeune Calabrais de grand talent, n’avait
pas survécu dix minutes à la livraison de ses chefs-d’œuvre.
    En dessous, sur une tablette en marbre de
Carrare, reposaient deux coffrets de tailles inégales.
    Le premier, en argent massif incrusté d’émeraudes,
attirait davantage le regard. L’homme l’ouvrit et observa pensivement le masque
d’argent magnifiquement travaillé et poli, soigné jusque dans ce manque d’expression
qui lui donnait un aspect si terrifiant lorsqu’il s’approchait de ses victimes.
    Cette fois encore, l’orfèvre de génie qui
avait réalisé cette merveille artistique était trépassé de mort violente
quelques minutes après avoir remis ce joyau à son actuel propriétaire.
    Celui-ci referma le couvercle et passa au
coffret suivant, d’une largeur et d’une longueur comparables à celles d’une
main de nouveau-né.
    Un objet étrange, exécuté au XIII e siècle par un artiste inconnu. Entièrement fabriqué avec des os
humains, la merveille résidait en cela que vis, chevilles, tenons et mortaises
qui assujettissaient l’ensemble, avaient eux aussi été travaillés dans l’os
avec une minutie qui laissait stupéfait.
    L’homme ouvrit le couvercle et considéra avec
gravité la poudre grise que renfermait ce singulier coffret.
    Il était sans doute le dernier être vivant à
connaître la nature de cette poudre d’aspect si banal. Des années de recherches
dans les grimoires et autres archives royales auxquels seul son rang lui donnait
accès pour aboutir à ceci, cette boîte oubliée de tous ! Ah, ils pouvaient
rire, à la Cour, de ce qu’ils considéraient comme aimable marotte en laquelle
ils ne voyaient guère malice ! Il n’empêche, elle était là, la
toute-puissance !
    Ils pouvaient bien s’entretuer pour le trône
de France, il aspirait, lui, à davantage : gouverner la terre et le ciel
par l’entremise des forces des ténèbres.
    Il mouilla son index et l’approcha de la
poudre grise. Quelques fragments adhérèrent au doigt qu’il porta à ses lèvres
avec délices.
    Ces cendres, et voilà ce que tous ignoraient, avaient
été recueillies sur le bûcher refroidi où, sur ordre de Philippe IV le Bel,
Jacques de Molay, dernier Grand Maître du puissant Ordre des Templiers, avait
été brûlé vif.
    Il leva les yeux vers le ciel de l’autel et y
considéra quelques symboles gravés dans la pierre d’anciennes Commanderies du
Temple desquelles ils avaient soigneusement été arrachés : étoiles à cinq
ou six branches, roue solaire, ancre renversée, croix celtique, croix tréflée
percée de cinq trous – les cinq plaies du Christ – et,

Weitere Kostenlose Bücher