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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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mais outre qu’il était impressionné, quelque
chose lui plaisait dans l’allure du général.
    Il se présenta d’une voix grave, celle des
gens qui parlent peu :
    — Anthème Florenty, monseigneur.
    — Florenty, je vous offre un choix. Les
galères à vie, mais la vie tout de même, ou mon service qui est des plus
périlleux.
    — Je ne suis point soldat, monseigneur.
    — Il s’agit d’autre chose. Vous serez…
    Il réfléchit un instant et reprit d’une voix
amusée :
    — Vous serez, cette fois, dans une sorte
de police. Une police… secrète ! Pour le service du cardinal, de la
Régente et de notre futur roi. Vous serez sans chaînes ni entraves. Au bout de
nos aventures, si toutefois vous y survivez, vous serez libre. Et aurez de quoi
vous établir.
    — C’est oui, monseigneur.
    Nissac se tourna vers Fervac :
    — Qu’on le place dans la cour.
    Nissac avait pris
les choses en main, consultant directement les notes de Frontignac, et
éliminant d’emblée certains des futurs galériens.
    Avec ses compagnons, ils observaient un jeune
homme d’à peine vingt ans, mince, frêle et dont la prison n’avait point terni l’éclat
des cheveux blonds.
    Nissac fit signe à Le Clair de Lafitte qui se
leva, contourna avec lenteur le jeune homme enchaîné puis, faisant face à ses
compagnons :
    — Celui-là, Nicolas Louvet, condamné aux
galères à vie, est prodige dans sa partie… fort douteuse ! Sans la
dénonciation d’une femme jalouse, il continuerait de grossir un confortable
magot qui, saisi, a été versé au Trésor royal.
    — Et quelle était donc sa partie ? demanda
Frontignac en feignant l’ignorance.
    — Faussaire. Faussaire sur papier et sur
métal. Il sait fabriquer des fausses clés, de la fausse monnaie mais on a également
retrouvé chez lui de faux billets de loterie, de fausses quittances, de fausses
lettres de change et même de faux contrats de mariage. Ce qui aggrave son cas, c’est
l’absolue perfection de son travail.
    Comme ils en étaient convenus, Le Clair de
Lafitte céda la parole à Fervac :
    — Et tu n’as point honte ?
    Nicolas Louvet jaugea ce nouvel interlocuteur
et, à son regard, Nissac comprit que le jeune homme, non sans finesse, avait
reconnu là quelqu’un de son monde. Ses paroles le prouvèrent :
    — La honte me tenaille… camarade ! Mais
vois-tu, je n’ai jamais pu choisir, aimant tout autant la serrurerie que les
encres et parchemins.
    Cette réponse, où ne perçait point le regret, le
fit adopter sur-le-champ mais encore fallait-il l’accord du jeune homme.
    Nissac, jusque-là silencieux, se présenta avec
tous ses titres et proposa le marché au jeune homme très impressionné qui
baissa la tête.
    — C’est inespéré, monseigneur ! J’accepte
et vous servirai jusqu’en enfer.
    Nissac ne douta pas que cela fût vrai, à supposer,
nota-t-il mentalement, que l’enfer existât.
    C’était le dernier
prisonnier qu’ils devaient entendre et les quatre hommes regardaient avec
curiosité le géant à la peau noire qui, eu égard à sa force, avait eu droit à
un important supplément de chaînes.
    Le Clair de Lafitte, auquel ce rôle avait été
dévolu, présenta le cas à ses compagnons qui le connaissaient parfaitement mais
s’attachaient aux réactions de l’homme.
    — Monsieur de Bois-Brûlé !… Quel est
ce nom étrange ? demanda-t-il à l’homme d’origine africaine.
    Celui-ci le toisa avec insolence puis, d’une
voix douce qui contrastait étonnamment avec sa haute stature :
    — Mes beaux seigneurs, j’ai déjà été jugé
et c’est les galères à vie. Que voulez-vous de plus ?… Me faire écarteler
en place de Grève ?
    Frontignac se leva et pointa vers l’homme un
doigt accusateur :
    — Vous êtes un insolent !
    — Je peux me le permettre, je n’ai rien à
perdre.
    — Ce n’est point sûr !… rétorqua
Nissac qui ajouta : ce serait grande tristesse de perdre une liberté que
vous étiez sur le point de retrouver.
    Un long silence se fit.
    Le Clair de Lafitte reprit :
    — Monsieur de Bois-Brûlé, quelle est l’origine
de ce nom ?
    — Bois-Brûlé fut le nom qu’un bourgeois
de Nantes donna à mon père et à moi-même après nous avoir achetés au marché aux
esclaves de Candie, en Crète, voilà près de vingt ans. J’en avais cinq, à cette
époque.
    — Qu’a-t-il fait ? demanda
Frontignac – qui le savait parfaitement – à Le Clair de Lafitte.

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