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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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Celui-ci
répliqua aussitôt :
    — Monsieur de Bois-Brûlé, qui s’est
ajouté une particule, était acteur dans une troupe aujourd’hui dispersée mais c’est
pour avoir tué trois hommes, des soldats, et à mains nues, qu’il fut condamné
aux galères, la cour estimant qu’il avait eu quelques raisons d’agir ainsi.
    — Quelles étaient-elles ? s’enquit
Frontignac.
    Nissac, d’un geste de sa main gantée, fit
taire Le Clair de Lafitte et, regardant le prisonnier dans les yeux.
    — Peut-être pourriez-vous le dire
vous-même ?
    — Ils voulaient me couper les couilles
pour en faire une bourse. J’ai défendu ma vie en sauvant ces couilles-là !
    — Et vous avez bien fait ! répondit
lentement Nissac qui se leva, l’air soucieux, et fit les cent pas.
    Enfin, regardant un à un ses compagnons, le
comte leur dit :
    — Messieurs, je ne sais trop à quoi
pourrait bien nous servir monsieur de Bois-Brûlé mais, voyez-vous, je tiens que
son jugement ne fut point juste. J’ai donc forte envie de le tirer des galères
et de le compter parmi nos compagnons.
    — Il faudrait qu’il renonce à sa
particule ! lança Fervac avec une pointe de jalousie avant d’ajouter :
ou qu’on m’appelle à mon tour de Fervac !
    Nissac leva sa main gantée pour imposer
silence à Fervac et, faisant de nouveau face à Bois-Brûlé :
    — S’il accepte nos conditions.
    Bois-Brûlé les accepta avec enthousiasme et, comme
Nissac lui proposait de changer un nom qu’il n’avait point choisi et devait lui
rappeler l’horreur du marché d’esclaves de Candie, Bois-Brûlé refusa en
expliquant :
    — C’est le nom qui figure sur la petite
croix que j’ai sculptée pour la tombe de mon père, là-bas, en un pauvre
cimetière près de Nantes.
    Puis, avant de quitter la pièce escorté par
Fervac, il dit encore au comte :
    — Monseigneur, je n’ai que ma force, un
peu de ruse et un certain talent d’acteur. Mais je vous remercie de m’avoir
sorti de cet endroit infect et épargné la condition de galérien. Je vous
remercie avec émotion car je sais que vous ignorez à quoi m’employer. Mon
dévouement sera à la hauteur de ma gratitude.
    — Je n’en doute point ! répondit le
comte de Nissac.
    Tandis que Fervac
gardait les prisonniers en la cour, Fontenac était parti acheter trois chevaux
et Le Clair de Lafitte des vêtements.
    Demeuré seul, le comte de Nissac attendait en
la grande salle où avaient défilé les futurs galériens.
    Il songeait que les choses devaient changer, là
aussi, et comptait en parler à « l’allié invisible » qu’il n’avait en
effet jamais rencontré malgré une correspondance de plus de vingt ans.
    Soudain, de la cour, monta la voix de Fervac
qui, pour gagner du temps, avait pris sur lui de faire ôter les chaînes des
prisonniers.
    Irrité, le comte quitta la pièce.
    Le concierge refusait. Les deux gardes chargés
de massues et de burins attendaient avec indifférence.
    Nissac, qui s’était fait expliquer la
situation, se tourna vers le concierge et lui jeta un regard glacé :
    — Service du cardinal !… Exécutez l’ordre !
    L’autre, sournois et qu’on devinait tout
acquis à la Fronde, répondit :
    — Le cardinal donnera-t-il encore
longtemps des ordres ?
    Sans plus de façon, et au grand bonheur des
prisonniers, Nissac lui expédia son poing droit en pleine figure et le
concierge en resta évanoui sur le pavé humide.
    Puis, essuyant sa main gantée à l’aide d’un
mouchoir blanc, il se tourna vers les gardes qui, effrayés, s’étaient reculés
et il répéta de la même voix son ordre :
    — Service du cardinal !… Brisez les
chaînes des prisonniers !
    Les gardes se mirent au travail sans discuter.
    Une demi-heure plus
tard, sept cavaliers prenaient, depuis la rue Sainte-Marie Égiptienne, la
direction de la base secrète qu’ils appelaient « le Bout du Monde »
sans plus lui donner sa qualité de rue.

14
    L’homme au masque d’argent piaffait.
    La politique, toujours la politique !
    Et avec la moitié de Paris surveillant l’autre
moitié, une armée d’espions circulant dans la ville, ses entreprises
hasardeuses se trouvaient compromises, les jeunes femmes étant les premières à
se calfeutrer chez elles quand le soir venait.
    Il fallait différer.
    Il en éprouva une réelle douleur : jamais
l’envie de passer à l’acte n’avait à ce point tourmenté celui qu’on n’appelait
plus que

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