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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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pièce, ses hommes sur les talons.
    Le propriétaire des lieux, le banquier
Fabrizio Volterra, avait bien fait les choses : en raison des troubles de
la Fronde, il avait obtenu du prince de Conti une dizaine d’hommes, cette
troupe s’ajoutant à sa garde personnelle permanente, forte de cinq fines lames.
    Les gardes de Volterra bondirent, prêts au
combat.
    À sept contre quinze, la partie semblait fort
rude, d’autant que Nicolas Louvet ne brillait guère à l’épée et Florenty moins
encore. Conscient de cette déficience, l’ancien faux-saunier jeta l’épée et
vida ses deux pistolets, tuant aussitôt deux hommes car, s’il était piètre
escrimeur, on ne pouvait nier ses exceptionnelles qualités de tireur.
    Les deux corps, en chutant lourdement, leur
front troué heurtant les dalles, créèrent un malaise chez les défenseurs.
    Ce flottement, Nissac l’utilisa aussitôt, en
tacticien professionnel. Épaulé par Maximilien Fervac, Melchior Le Clair de
Lafitte et Sébastien de Frontignac, tous soldats valeureux et expérimentés dont
deux venaient des Gardes Françaises, il s’enfonça tel un coin en l’aile gauche
de ses adversaires. En quelques dizaines de secondes, cinq de ceux-ci avaient
mordu la poussière.
    Pendant ce temps, avec un cri rageur et dans
un effort si prodigieux qu’il fit littéralement éclater son pourpoint, monsieur
de Bois-Brûlé souleva une table de chêne pour six et la projeta sur les
rescapés, décimant à lui seul quatre hommes de l’aile droite.
    D’un bond agile qui lui venait peut-être de
son passé mouvementé, Louvet s’était glissé derrière un homme de Conti et lui
caressait la gorge avec un long rasoir.
    Déjà, Florenty avait rechargé ses pistolets et
tenait en joue deux des hommes de Volterra.
    — La messe est dite !… souffla l’un
d’eux en jetant son épée sur les dalles tandis que les autres, un à un, l’imitaient.
    Laissant la garde des prisonniers à son
contingent, duquel il préleva le seul Nicolas Louvet, Nissac se précipita dans
l’escalier tandis que Fervac et Florenty allaient chercher serviteurs et
laquais.
    Nissac et Louvet jouaient sur la vitesse car, avec
le bruit provoqué par la courte lutte, il semblait très improbable que Volterra
ne fût défavorablement prévenu. L’aurait-il ignoré, le martèlement des bottes
du comte et de son compagnon sur le marbre des marches les aurait de toute
façon trahis.
    Louvet s’immobilisa, un peu essoufflé, devant
une porte massive qu’il tenta d’ouvrir. En vain.
    Sans perdre un instant, le faussaire choisit
une nouvelle clé de son trousseau et vint à bout de la serrure mais, comme il
allait entrer, Nissac le repoussa vivement, lui indiquant par gestes qu’il
ferait mieux de se tenir en retrait.
    Seul face à la porte, Nissac se concentra, ouvrit
brutalement et se rejeta brusquement sur le côté : deux balles passèrent
en sifflant, terminant leur course en un tableau du couloir qui représentait
feu madame Volterra mère tout soudainement agrémentée de deux narines
supplémentaires en plein front, ce qui déclencha un fou rire chez Nicolas
Louvet.
    Sans s’arrêter à semblable polissonnerie, Nissac,
d’un geste extraordinairement rapide, tira son poignard de la tige de sa botte,
entra dans la pièce, se donna deux secondes pour situer l’adversaire et lança l’arme
qui se ficha en l’épaule d’un gros homme dans la cinquantaine passée.
    Grimaçant de douleur, celui-ci lâcha ses deux
pistolets vides, tituba jusqu’à un haut fauteuil sur lequel il se laissa choir
en geignant.
    — Les sacs, vite, les sacs ! lança
Nissac à Louvet qui, aussitôt, redescendit.
    Resté seul en la pièce avec le blessé, Nissac
s’avança et contempla le prince Fabrizio Volterra d’un air déçu. Le Ligure, qui
partageait son temps entre son hôtel de la rue de Tournon et son palais de
Gênes, avait piètre apparence. La graisse débordait de tous côtés et c’est en
vain qu’on aurait cherché quelque signe de noblesse chez le gros homme qu’on
disait cependant apparenté aux Grimaldi. Financier sans scrupule, Volterra
prêtait de l’argent au roi d’Espagne afin de l’assister en son effort de guerre.
S’il prêtait beaucoup, Volterra veillait à ce que ce fût pour lui à un taux des
plus avantageux mais, financier fort aimable, il avait l’art de parfaire
davantage encore ses services car vit-on jamais créancier pousser l’amabilité
jusqu’à favoriser les

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