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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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chatouilleux sur ces questions qu’il entendait contrôler
sans partage.
    Avec une parfaite hypocrisie, Mazarin s’approcha
du prince et, baissant la voix comme si la pièce et le château de Saint-Germain
grouillaient d’espions :
    — Soyons net ! Il pourrait s’agir, précisément,
du comte de Nissac.
    — Nissac !… S’ils le capturent, ils
le tueront !
    — A-t-on jamais capturé votre brillant
général ?
    La question était habilement formulée puisque
sans y paraître, comme si la chose allait de soi, Mazarin rendait à Condé la « propriété »
du comte. Le prince apprécia, et son ton se fit fort civil :
    — On ne capture pas Nissac !… Mais, que
vous a-t-il fait tenir ?
    — Qu’il faudrait en grande urgence
investir Corbeil pour prendre les moulins et tendre un guet-apens aux moulins
de Charenton. De même, estime-t-il qu’il faut prendre Gonesse où est cuit le
pain des Parisiens et retenir à Poissy bœufs et moutons destinés à Paris. Sans
blé pour le pain et sans viande, Paris se rendra.
    — C’est fort intelligent, je l’avoue. Nous
commencerons par prendre Corbeil.
    Les deux hommes, songeurs, quittèrent la pièce
et rencontrèrent bientôt la régente que flanquait Monsieur, frère du feu roi
Louis XIII et oncle du futur Louis XIV.
    Anne d’Autriche, forte femme que l’âge
empâtait, avait conservé des yeux vifs.
    Quant à Monsieur, Gaston d’Orléans, l’âge l’avait
physiquement avachi. On le disait cependant doté d’un bel esprit et d’intelligence,
à la mesure de ce qui lui faisait défaut au plan du caractère.
    — Vous complotiez ?… demanda Anne d’Autriche,
exceptionnellement de bonne humeur.
    Monsieur surenchérit sur les paroles de la
régente :
    — Le Premier ministre et le Prince nous
mitonnent peut-être une nouvelle Fronde, à leur façon, celle-ci !
    Mazarin répliqua aussitôt :
    — Une Fronde contre soi-même ?
    — Elle n’en aurait que plus d’élégance, étant
en effet des plus inutiles ! répondit Monsieur.
    Le cardinal sourit avec la politesse de l’homme
de Cour mais le prince, agacé par ces mondanités, déclara :
    — Monsieur le cardinal m’a volé mon
meilleur général, le comte de Nissac.
    La régente, qui n’ignorait rien des manœuvres
de son Premier ministre qu’elle approuvait en toutes choses, lança :
    — Encore et toujours ce monsieur de
Nissac ! Pour ne point en entendre parler davantage, je m’en vais le
nommer gouverneur au bout du monde !
    « Humour autrichien ! », songea
le cardinal qui ne prisait guère cette allusion au repaire secret de la rue du
Bout du Monde d’où opérait le comte.
    — Gouverneur du bout du monde ! répéta
en riant le cardinal qui se sentait contraint de signaler ainsi à Anne d’Autriche
qu’il avait compris le bon mot et en appréciait toute la finesse.
    Au reste, ni le prince de Condé ni Monsieur ne
manifestèrent de soupçon.
    Néanmoins, secrètement, le cardinal s’inquiétait,
se demandant avec perplexité ce que faisait le comte en ce moment précis.

23
    Le comte de Nissac, l’épée à la main, avançait
à pas de loup en le grand jardin d’un très bel hôtel particulier de la rue de
Tournon, située hors les murs de Paris et à laquelle on parvenait par la Porte
Saint-Germain.
    Ses hommes, qui le suivaient en file par un, avaient
eux aussi sorti l’épée et marchaient en cet ordre : le baron de Frontignac,
Florenty, monsieur de Bois-Brûlé et Nicolas Louvet tandis que le baron Le Clair
de Lafitte et Fervac fermaient la marche.
    Déjà, monsieur de Bois-Brûlé avait assommé le
concierge d’un seul coup de poing, sans qu’il faille revoir la chose. Au reste,
la surprise avait joué totalement, le petit groupe d’hommes s’étant fait ouvrir
par Nicolas Louvet dont les fausses clés, correspondant aux moulages qu’il
avait réalisés quelques jours plus tôt, faisaient merveille.
    Nissac fit venir Louvet à ses côtés et le
faussaire, une fois encore, utilisa une fausse clé tandis que le comte donnait
ses ordres par gestes.
    Aussitôt, ses hommes et lui-même nouèrent des
foulards rouges qui leur dissimulaient le bas du visage depuis le nez. Puis ils
se groupèrent, prêts à se ruer à l’intérieur.
    La serrure ayant fait entendre un léger
cliquetis à l’oreille de Louvet qui se trouvait penché sur elle, le comte
baissa légèrement la poignée, ouvrit la porte d’un violent coup de botte et se
rua dans une vaste

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