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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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mêlée de sable et de mortier. Certains Foulards Rouges y
ajoutèrent, de leur propre initiative, de l’urine. Puis ce fut au tour des
canons, gravement sabotés un à un et laissés en un état où ils n’étaient point
récupérables.
    Il eût certes été beaucoup plus rapide de
faire sauter l’Arsenal mais Nissac répugnait aux morts inutiles qu’eût
fatalement provoquées une aussi formidable explosion.
    Le travail achevé, ils quittèrent l’endroit
avec ordre de se disperser pour se retrouver deux heures plus tard au refuge de
la rue Sainte-Marie Égiptienne.
    Mazarin ne laissait guère d’alternative. Séduit
jusqu’à l’ivresse par l’idée du comte de Nissac qui privait l’armée de la
Fronde de poudre et de canons, il n’entendait pas abandonner ses Foulards
Rouges en cette ville de débordements et de haine.
    Aussi l’ordre, qu’on ne pouvait point discuter,
était-il de franchir les lignes aussitôt le projet exécuté et de rallier l’armée
royale.
    Quittant ses hommes, le comte de Nissac décida
d’accompagner madame de Santheuil jusqu’en sa maison de la rue
Neuve-Saint-Merry.
    Ils ne se parlaient
guère.
    Sachant que le voyage serait périlleux, Mathilde
avait préparé des châtaignes, des pruneaux et du cognac offert par Joseph.
    Ils mangèrent rapidement, le cœur n’y étant
pas.
    Enfin, le comte de Nissac repoussa son
assiette, s’émerveilla une fois encore des flammes de la cheminée qui se
reflétaient en tous les cuivres de la pièce puis, d’une voix triste :
    — Je vais à la guerre, madame, et n’ai
point pour habitude de m’y cacher. Ne sachant pas si j’en reviendrai, je
voudrais une fois encore implorer votre pardon : je sais que ma courte
aventure avec la duchesse vous fit grand-peine, même si je ne l’ai point voulu
ainsi, et que les circonstances m’y menèrent par dépit. Car voyez-vous, madame…
    Il hésita et reprit :
    — Je vous aime plus que tout au monde.
    Elle leva vers lui un regard où l’admiration
le disputait à un sentiment infiniment plus tendre et profond.
    Le comte perdait ses manières de soldat à la
fois précises et sèches mais conservait son regard fier et son attitude
hautaine :
    — Je souhaiterais, si tel est votre bon
plaisir et si je reviens vivant, que vous fussiez ma femme.
    Elle crut défaillir de bonheur mais se reprit :
    — C’est mon vœu le plus ardent, mais
chose impossible.
    — Impossible est un mot dont je n’ai pas
la fréquentation, madame. Qu’adviendra-t-il ? Nous ne serons point reçus ?
Et alors, ces tristes visages poudrés ne nous manqueront guère. Vous donnerez à
l’intérieur de mon cher vieux château apparence moins austère ; quant à
son aspect extérieur, nous n’y pouvons rien changer et au fond, je ne le souhaite
point. J’ai de vastes terres et des forêts, vous n’aurez donc jamais ni faim ni
froid et trouverez grand bonheur en ma bibliothèque. Nous chevaucherons
ensemble à la lisière des vagues lorsque le soleil se lève ou qu’il se couche. Je
vous trouverai cheval docile et vous apprendrez à tenir en selle… Mais surtout,
je vous aimerai.
    Elle se jeta dans ses bras.
    Il lui avait demandé
de conserver ses bas, afin d’effacer le souvenir de la duchesse qui avait gardé
les siens.
    La tête tournée vers elle, il l’observait, s’émerveillait
de ce corps magnifique et généreux, de ce visage d’une émouvante beauté. Il
chercha longuement ses mots :
    — Ce n’est pas la première fois. Ton
corps m’a parlé, le mien t’a reconnue. Même livrées à la fièvre, mes mains n’ont
pas oublié.
    Ils se disaient « tu », là aussi
contre l’usage, mais avec le sentiment que cela les rapprochait plus encore.
    Elle leva une jambe, le bas tenu par une
jarretière, la regarda avec amusement, puis tourna vers lui ses grands yeux
sombres :
    — Eh bien oui. Tu fus le premier, tu
aurais été le dernier.
    — Mais pourquoi ne me l’avoir point dit ?
    — Je t’aime bien trop fort pour faire
peser contrainte sur toi.
    Impitoyable, le temps s’enfuyait et les amants
se caressaient et s’embrassaient à perdre haleine.
    Puis le comte s’habilla avec lenteur, faisant
traîner les choses, mais il refusa que Mathilde passât quelque vêtement, voulant
jusqu’au bout conserver l’image de ce corps qu’il chérissait, ce corps nu aux
cuisses rondes et fermes, à la poitrine petite mais altière, aux épaules minces,
à la peau douce et aux longues

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