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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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à pleines poignées pour soudoyer les
officiers du grand soldat.
    Mais au moins Turenne, réfugié aux
Provinces-Unies, obéissait-il à plus noble motif que bien des Frondeurs cupides
car son égarement venait de la folle passion qu’il portait à la trop belle
duchesse de Longueville, venue fort opportunément le séduire en son camp.
    Le cardinal, du haut de sa victoire, se
sentait terriblement seul.
    Le comte de Nissac lui manquait très
cruellement. Comment un tel homme, qu’on eût pensé indestructible, avait-il pu
être tué ?
    Attristé, Mazarin songea au récit qu’on lui
fit, peu après qu’elle fut survenue, de la mort du comte de Nissac.
    Moins d’une semaine
après la paix de Rueil, l’armée espagnole, venue des Pays-Bas, avait envahi la
Picardie, déferlant sur le nord de la France aux frontières dégarnies.
    En catastrophe, l’armée royale, brûlant les
étapes, s’était portée au-devant de l’envahisseur dont les avant-gardes
occupaient déjà Soissons et, malgré sa fatigue des combats de la Fronde, elle
avait réussi en un magnifique sursaut à repousser les envahisseurs.
    Une fois encore, le comte de Nissac et ses
canons faisaient merveille quand, à sa grande surprise, il fut appelé en plein
combat par le maréchal du Plessis-Praslin, qui commandait l’armée royale. Il
déféra cependant à cet ordre absurde et se mit en route pour le camp du
maréchal, ne se faisant accompagner que du seul Nicolas Louvet qui, comme son
chef, arborait fièrement son foulard rouge autour du cou.
    On sut plus tard, devant ses vives
protestations, que le maréchal du Plessis-Praslin ne donna jamais cet ordre et
Jérôme de Galand, lieutenant de police criminelle personnellement chargé de l’enquête
par le Premier ministre, parvint à identifier le porteur du faux document qui, après
ses aveux, fut aussitôt pendu avec ordre de ne point décrocher le corps avant
qu’il fût premier jour de l’été.
    Mais Galand, considéré comme le plus fin
limier du royaume, ne s’en tint pas là et démasqua parmi les canonniers du
comte un homme qui, gagnant les lignes espagnoles, s’était autorisé à prévenir
l’ennemi de la présence du chef des Foulards Rouges.
    Après ses aveux, l’homme fut pendu dans les
minutes qui suivirent et son corps promis à longue pourriture publique.
    Les Espagnols, militaires de carrière qui se
souciaient peu des affaires intérieures de la Fronde, s’étaient contentés de
mener le canonnier félon à un traître de plus haute volée, le marquis de
Noirmoutier, Frondeur notoire qui guidait les troupes étrangères depuis la
frontière.
    Ainsi fut monté le guet-apens et bientôt, égarés
par le faux message du maréchal du Plessis-Praslin, le comte de Nissac et Nicolas
Louvet furent entourés par le marquis de Noirmoutier accompagné d’une
cinquantaine d’hommes, dont quelques nobles, du parti de la Fronde.
    À la surprise de tous, et notamment à celle d’un
vieux général espagnol qui suivait la scène de loin, les deux Foulards Rouges
sortirent aussitôt l’épée et se battirent avec une folle bravoure.
    Autour de Nissac, qui se savait pourtant perdu,
on compta bientôt une quinzaine de cadavres.
    Les soldats espagnols et leur vieux général, curieux
d’abord puis fascinés et enfin débordant d’admiration et d’enthousiasme, ce qui
exaspéra fort le marquis de Noirmoutier qui se sentait désavoué en cette
occurrence par ses alliés, les soldats espagnols, donc, s’étaient approchés et,
devant tant de noblesse, ne ménageaient point leurs encouragements aux deux
Foulards Rouges noyés sous le nombre.
    Nicolas Louvet tomba le premier, d’un coup de
dague au rein, et Nissac ne faiblissant point, un Frondeur lui tira une balle
dans la poitrine.
    On devina un flottement chez les hommes de
Noirmoutier et, comme le comte sentait ses forces l’abandonner rapidement, on
assista à une scène étrange. Dans un sursaut de volonté, Nissac brisa son épée
sur son genou plié et jeta les deux morceaux au visage de Noirmoutier avant de
croiser fièrement les bras en une insolente attitude de défi.
    Après la stupeur, ce fut la ruée. Le Frondeur
qui avait tiré une première fois approcha un second pistolet et fit feu à bout
portant, tirant une balle dans la tête du comte de Nissac. Le voyant chanceler,
quatre assaillants le percèrent de leur épée et il s’effondra enfin, mais les
poings serrés.
    Déjà, un Frondeur ayant coupé la tête

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