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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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jambes gainées de bas.
    Il la regarda descendre l’escalier devant lui
puis elle se retourna et se jeta dans ses bras en lui murmurant à l’oreille :
    — Je pensais, étant jeune fille, que l’amour
est gouverné par la seule morale… Ce qu’il y entre de sensualité et de passion !
    Enfin, lentement, elle ôta une de ses
jarretières de soie rouge bordée de dentelle blanche :
    — Aux couleurs des belles plumes de ton
chapeau…
    Elle passa la jarretière au bras du comte :
    — Ne m’oublie pas !
    — Plutôt oublier de vivre !
    — Ne dis pas chose pareille, le malheur
viendrait sur nous.
    — Mathilde, le temps des superstitions s’achève.
Arrive enfin celui de la raison ! dit le comte en prenant délicatement
dans ses mains le beau visage aux pommettes hautes.

35
    À peine parvenus en les lignes de l’armée
royale, le comte et ses hommes furent envoyés au combat, tant manquaient les
troupes fraîches.
    Ils participèrent à la chute de Montlhéry, interdisant
ainsi la route de la Beauce à la Fronde. Dix jours plus tard, la route de la
Brie était coupée à son tour après la prise par les troupes de Condé de
Brie-Comte-Robert, bataille où les canons du général de Nissac firent merveille.
Au terme d’un violent combat, le duc de La Rochefoucauld fut grièvement blessé
et, comme Condé admirait la réelle bravoure du duc, Nissac répondit froidement :
    — Ce n’est point son courage, qui est en
cause, mais l’amour qu’il porte à son pays. Il en va donc du duc de La
Rochefoucauld comme de tous les Frondeurs : ces hommes n’ont point d’honneur
qui s’allient à l’étranger contre les fils de France qui servent en l’armée
royale.
    Le prince, publiquement, ne pouvait aller là
contre encore qu’il fût intimement plus proche des Frondeurs que de Nissac sur
le point qu’il fallait conserver ses privilèges à tout prix, fût-ce celui d’une
occupation étrangère. En revanche, par réelle fidélité à la couronne, il
admettait mal que les rebelles se dressent contre l’autorité royale, ce qui
expliquait qu’il n’eût point rallié la Fronde comme tant d’autres grands
seigneurs.
    Il n’empêche, le comte de Nissac l’intriguait.
    Une curiosité où se mêlait une certaine
inquiétude. Ni le courage, ni l’intelligence du comte n’étaient un instant mis
en doute, et pas davantage qu’il fût un très remarquable et même exceptionnel
général, mais…
    Le prince de Condé, qui souvente fois
vacillait en ses croyances et se laissait facilement influencer, conçut en cet
instant grande méfiance à l’endroit du comte, de la fermeté de ses convictions
et de ses inébranlables certitudes, allant jusqu’à songer : « Il
faudra prendre garde à ce Nissac qui n’est point accommodant en toutes choses
touchant ses opinions, qui ne sont pas miennes. »
    Peu après, la paix
était conclue à Rueil et enregistrée par le parlement une quinzaine de jours
plus tard.
    Au grand dépit des loyalistes et des
moralistes – mais il s’agissait souvent des mêmes ! –, charges, faveurs et
cadeaux furent distribués aux chefs de la Fronde qui se trouvaient également
amnistiés. Ainsi en fut-il pour les plus compromis, Conti, Longueville, Beaufort,
Bouillon, Elbeuf, Turenne, Noirmoutier et tous les autres.
    À croire qu’on ne récompensait que les
criminels de lèse-majesté.
    Mazarin savait que cette attitude ne serait
point comprise de ses rares fidèles et des loyaux serviteurs de la monarchie. Mais
comment aurait-il pu leur expliquer la précarité de cette paix et qu’avec ses
largesses, il tentait simplement « d’acheter » les grands seigneurs
qui dès lors n’auraient plus motif de se lancer en une nouvelle Fronde ?
    Tout semblait si fragile au Premier ministre. Il
n’était sorti vainqueur de la Fronde qu’en raison de la loyauté du prince de
Condé mais il n’ignorait point la haine en laquelle celui-ci le tenait, ni que
son entourage travaillait à attiser l’ambition démesurée du prince.
    Même Turenne avait finalement trahi !
    Quelques jours après la victoire de
Brie-Comte-Robert, le maréchal avait mis en ordre de départ l’armée d’Allemagne
afin qu’elle vînt écraser l’armée royale et sauvât Paris. Et si Turenne fut
abandonné par cette armée qui ne le suivit pas, Mazarin savait que la raison ne
tenait point au loyalisme de l’armée vis-à-vis de la couronne mais à la
cassette royale où l’on avait puisé

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