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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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demeura longtemps secrète.
    Au cœur de Notre-Dame, le duc de Salluste de Castelvalognes,
général des jésuites, choisit le silence et ne s’adressa plus que par écrit à
ses interlocuteurs.
    Le Premier ministre, qui savait presque tout
et bien entendu la folle et réciproque passion entre madame de Santheuil, qu’il
considérait comme sa fille, et son très cher comte de Nissac, auquel il devait
la vie et tout le panache que la cause royale retirait des exploits des Foulards
Rouges, le Premier ministre, donc, ne savait que faire pour l’inconsolable
Mathilde. Lui offrir de l’or eût été plus que ridicule, offensant. Il la fit
donc baronne, mais cette nouvelle laissa la jeune femme indifférente. Alors, il
eut l’ingénieuse idée de la mettre en étroite relation avec Jérôme de Galand
qui, bien qu’il eût refusé le titre qu’on voulait créer à son intention, se
trouvait de fait véritable chef de la police parisienne.
    Ainsi, le policier vieillissant et la jeune
baronne de Santheuil partaient sur les routes de France dès qu’on signalait
ossements d’homme de haute stature portant bottes de cavalerie jusqu’aux genoux
ou bien encore corps déterré en la région où le comte avait trouvé la mort.
    Car ainsi était Mathilde, et ce n’était point
là sa faute qui en revenait à son amour démesuré : sans preuves, elle
continuait d’espérer.
    En la région de Saint-Vaast-La-Hougue, le
vieux château du comte de Nissac essuyait toujours avec grande vaillance les
assauts de la mer et du vent.
    Aux écuries grandissait un poulain d’un noir
diabolique dont le père, cheval du comte de Nissac, s’était laissé mourir de
chagrin malgré tous les soins qu’on lui porta en les écuries royales.
    Le vieux couple de serviteurs assurait son
service et l’entretien du château par reconnaissance envers celui dont la
générosité les préservait de la misère. À ceux qui leur portaient paroles de
consolations, ils répondaient en haussant les épaules : « Monsieur
le comte reviendra, et le vent jouera de nouveau avec les belles plumes rouges
et blanches de son chapeau. Il reviendra, même d’entre les morts, parce qu’il
est toujours revenu et qu’un Nissac de cette valeur, il faut le tuer deux fois ! »
    Près du pont-levis, « Mousquet », le
chien noir et feu qui commençait à blanchir, attendait. Il attendait du lever
du soleil au coucher du jour un homme qui ne venait plus jamais.
    Ailleurs, en le reste du royaume, la guerre
civile faisait rage…
    FIN DE LA PREMIÈRE
ÉPOQUE.

Seconde époque

LES FOULARDS ROUGES

36
    TROIS
ANS PLUS TARD , mars 1652…
    L’officier du guet
regardait ses trois visiteurs avec incrédulité, tout comme la demi-douzaine d’autres
« témoins » requis de se trouver en la grande salle du château à
cette heure.
    Jamais l’on n’avait vu si beaux et nombreux
cortèges envahir la ville de Gien, et avec une telle rapidité ! Partout en
les rues et campagnes environnantes, ce n’était qu’escadrons de dragons, chevau-légers,
gendarmes, cuirassiers, mousquetaires ; sans parler des troupes d’infanterie,
nombreuses elles aussi, assoiffées, et qui parlaient haut.
    Tout cela pour un homme qu’on recherchait afin
de le pendre haut et court au premier arbre qui se trouverait, un homme… Un
vagabond, en somme, un manouvrier taciturne et rebelle !
    À n’y rien comprendre !
    L’officier du guet détailla l’homme en écarlate
qui n’était autre que le tout-puissant Mazarin, Premier ministre du jeune roi
Louis XIV. Il nota fugitivement que le cardinal se poudrait les joues et
fardait ses lèvres d’un rouge violent.
    Son regard s’arrêta ensuite sur une très jolie
femme d’à peine trente ans, qu’on lui avait présentée comme madame la baronne
Mathilde de Santheuil et qu’il supposa être la maîtresse du Premier ministre.
    Enfin, le troisième personnage lui inspira une
crainte instinctive, de policier à policier. La cinquantaine, l’air chétif, on
disait cependant que Jérôme de Galand, officiellement lieutenant criminel du
Châtelet, commandait en réalité toutes les polices du royaume, la Criminelle
comme la Politique, l’officielle comme la secrète et que sa puissance égalait
celle d’un ministre.
    Au second plan, l’officier du guet remarqua, compact,
un groupe de cinq autres personnages, trois militaires et deux civils qui se
tenaient silencieux mais portaient tous, bien étrangement, foulard rouge autour
du

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