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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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nom » portait très vieilles bottes de cavalerie tout
usées. D’une vivacité de loup, il plongea la main dans la tige d’une de ses
bottes, saisit un poignard et le lança sur un garde qui s’effondra, touché à la
gorge.
    — C’est lui ! dit le baron de
Frontignac.
    Le prêtre, troublé un instant, reprit :
    — D’un bond, « L’homme sans nom »
s’empara de l’épée du garde mort. Le peuple regardait avec fascination « L’homme
sans nom », un simple manouvrier, l’épée à la main face à quatorze gardes
et un officier dont les armes sont le métier. Tous pensaient, et moi de même, que
l’affaire serait vite expédiée et pourtant… « L’homme sans nom », en
sa posture, ne manquait point de grâce, et marquait même grande élégance, une
main sur la hanche et l’autre tenant l’épée haute, à la verticale…
    — C’est lui !… s’écria le lieutenant
Fervac.
    Le prêtre, qui prenait habitude de ces
interruptions, continua aussitôt son récit :
    — Un garde lui faisait face. Il détendit
simplement le bras et le tua…
    — C’est lui !… s’enthousiasma
monsieur de Bois-Brûlé.
    Le prêtre poursuivit :
    — Un autre garde s’approcha et fut tué,
« L’homme sans nom » frappant toujours d’estoc…
    — D’estoc ?… C’est lui ! gronda
Florenty, que l’émotion gagnait.
    Le prêtre soupira.
    — D’estoc, oui, à la fin : c’est que
j’y étais, moi ! Au reste, il touchait une seule fois, sans jamais faillir,
sans ôter la main de sa hanche et sans omettre de redresser son épée à la
verticale avant de frapper de nouveau. Cinq, six, sept, bientôt huit hommes
avaient roulé sur le sol, tués sans appel…
    — Huit ?… C’est bien de lui, cela, et
de lui seul ! dit le baron Le Clair de Lafitte en riant et donnant forte
claque dans le dos du prêtre qui s’étouffa un instant avant de reprendre :
    — Les autres gardes s’enfuirent en
courant et leur officier que vous avez vu tout à l’heure fit pareillement.
    — Eh bien, nous attendons la suite !
ordonna le cardinal, en très grande impatience.
    — La suite… Avec son poignard, il coupa
les liens de la vieille femme et traversa la foule qui s’inclina sur son
passage car en peu de temps, le sentiment des témoins s’était inversé et l’on
considérait à présent le rebelle comme un héros du peuple, l’officier du guet n’étant
guère aimé… « L’homme sans nom » entraîna la veuve Pesch et de là, ils
gagnèrent cette caverne où on les assiège car nul soldat n’ose y pénétrer, et
pas même à cinquante !
    — A-t-il les cheveux gris noués en
catogan ? questionna Mathilde de Santheuil.
    — En effet, madame la baronne. Et
cicatrices sur la tempe et sur tout le corps car je le vis aux moissons, poitrine
nue, et en conclus que c’était là corps de soldat ayant livré très nombreuses
batailles et cent fois risqué la mort.
    — Mais la bague, à la fin, cette fameuse
bague ? demanda Mazarin qui, le cœur gonflé d’espoir, piaffait d’impatience.
    Le prêtre hésita à peine :
    — C’est bien étrange blason de marin et
de soldat, sans doute fort ancien, qui figure sur cette bague. Tête de loup
au-dessus de deux ancres de marine croisées, étoiles et lune, le tout sur fond
de grande tour à créneaux battue par les flots. J’ai pensé haute et très
vieille noblesse, mais quelle que soit l’estime en laquelle je tiens « L’homme
sans nom », telles armoiries ne peuvent être siennes lui que j’ai vu aux
champs comme paysan ou en forêt abattre des arbres à la hache comme simple
bûcheron.
    Mazarin ignora les dernières paroles du prêtre
et, se tournant vers Mathilde de Santheuil qu’il trouva d’une très grande
pâleur :
    — Eh bien ?
    Cachant son émotion, la jeune femme répondit :
    — C’est bien là blason et armoiries des
comtes de Nissac.
    Un lourd silence se prolongea quelques
instants, puis Mazarin se tourna vers le prêtre :
    — L’abbé, votre fidélité sera récompensée.
    — Je n’ai fait que servir le roi, Votre
Éminence, et puis encore apporter précisions que je crois utiles sur cet homme
dont vous semblez faire si grand cas.
    — À quoi pensez-vous ?
    Le prêtre regarda les cinq compagnons de celui
qu’on hésiterait à présent à nommer feu le comte de Nissac et leur sourit.
    — Notre homme porte semblable foulard
rouge autour du cou, quoique le soleil et les pluies aient terni

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