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Les Frères Sisters

Les Frères Sisters

Titel: Les Frères Sisters Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick deWitt
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prêter leur outil. Eh bien, ils n’auront plus besoin de hache à présent.   » Il se dirigea vers la cabane et y entra par le trou qu’il avait fait. Je ne compris pas d’emblée ce qu’il fabriquait, mais vis bientôt de la fumée qui s’échappait de l’intérieur. Puis mon sac et ma marmite jaillirent de la fenêtre, suivis de près par Charlie, qui affichait un large sourire. Tandis que nous nous éloignions à cheval, la baraque s’était transformée en une tornade de flammes qui sifflaient et s’élevaient dans l’air en tournoyant. L’ours, sur lequel Charlie avait répandu l’huile de la lampe, brûlait lui aussi, impressionnant mais triste spectacle, et j’étais content de quitter l’endroit. Je songeai que j’avais franchi le seuil pour un cheval dont je ne voulais pas, quand Charlie ne l’avait pas fait pour son propre frère. Ainsi va la vie, me dis-je.

 
    L’œil de Tub était rouge et gonflé, comme mort, et la bête se comportait de manière étrange, tournant à droite quand je tirais mes rênes à gauche, s’arrêtant et repartant quand l’envie l’en prenait, avançant de travers. Je dis à Charlie, «   Je pense que ce grizzly a endommagé le cerveau de Tub.   »
    Charlie répliqua, «   Il est sonné, c’est tout.   » Fonçant la tête la première dans un arbre, Tub se mit à uriner bruyamment. «   Tu es trop gentil avec lui. Donne-lui un coup d’éperon et ça va le recadrer, tu verras.
    â€” Je n’avais pas besoin de pousser autant mon autre cheval.   »
    Charlie secoua la tête. «   Ne parlons plus de ça, s’il te plaît.
    â€” Mon autre cheval était plus intelligent que beaucoup d’hommes adultes que je connais.   »
    Charlie secoua la tête   ; le sujet était clos. Nous passâmes par le campement des prospecteurs morts, ou des prospecteurs en devenir, ou des prospecteurs qui ne le seraient jamais. Je comptai cinq cadavres à plat ventre, tous éloignés les uns des autres. Charlie me raconta l’histoire tandis qu’il vidait leurs poches et leurs sacs de tout objet de valeur   : «   Le gros, là, c’était le plus coriace. J’ai essayé de le raisonner, mais il a voulu impressionner ses camarades. Je lui ai tiré dans la bouche et ils se sont tous sauvés en courant. Voilà pourquoi ils sont éparpillés, et qu’ils ont une balle dans le dos, tu vois   ?   » Puis, s’accroupissant devant un corps frêle   : «   Celui-là ne doit pas avoir plus de seize ans, je dirais. Eh bien, ça lui apprendra à voyager avec de telles têtes brûlées.   »
    Je restai silencieux. Charlie me regarda pour voir ma réaction, et je haussai les épaules.
    Â«   Qu’est-ce qu’il y a   ? dit-il. Tu as ta part de responsabilité là-dedans, n’oublie pas.
    â€” Je ne vois pas comment tu peux dire ça. Je ne voulais pas passer la nuit dans la cabane de cette vieille femme, tu te souviens   ?
    â€” Mais c’est ton état de santé qui nous a obligés à nous arrêter.
    â€” Une araignée est entrée dans ma botte, voilà pourquoi j’étais malade.
    â€” Tu es en train de dire que c’est la faute de l’araignée   ?
    â€” Je ne suis pas en train d’incriminer quiconque. C’est toi qui as lancé le sujet.   »
    S’adressant aux cadavres autour de nous, Charlie déclara, «   Mes amis, c’est une araignée qui est responsable de la disparition prématurée de votre groupe. Une grosse araignée poilue à la recherche d’un peu de chaleur, voilà ce qui a causé votre mort.   »
    Je rétorquai   : «   Tout ce que je dis, mon frère, c’est que c’est dommage qu’ils aient dû mourir. Et c’est vrai que c’est dommage. C’est tout.   » D’un coup de botte, je retournai le corps du garçon. Sa bouche était entrouverte et deux incisives proéminentes pointaient entre ses lèvres.
    Â«   En voilà un beau garçon   », plaisanta Charlie. Mais il avait des remords, je le voyais bien. Il cracha sur le sol et balança une poignée de terre par-dessus son

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