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Les Frères Sisters

Les Frères Sisters

Titel: Les Frères Sisters Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick deWitt
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  ? dit Charlie. Une semaine en pleine nature et ce petit bonhomme est assoiffé de sang.
    â€” Attends une seconde, dit Warm.
    â€” C’est la seule solution, poursuivit Morris. On les enterre et on n’en parle plus. Il faudra encore un mois avant que le Commodore réagisse, et d’ici là on sera partis depuis longtemps.
    â€” Je me sentirais bien plus à l’aise s’ils n’étaient plus une menace pour nous, risqua Warm.
    â€” Tue-les, Hermann. Une bonne fois pour toutes.   »
    Warm réfléchit. «   Ça me retourne les sangs rien que d’y penser.
    â€” Puis-je dire quelque chose   ? demandai-je.
    â€” Non, dit Morris. Hermann, tue-les. Ils vont s’échapper.
    â€” S’ils essaient, je vais vraiment les tuer. Vous, là, le gros, allez-y, parlez.   »
    Je dis, «   Laissez-nous travailler avec vous. Nous avons quitté le service du Commodore.
    â€” Je ne vous crois pas, dit Warm. Votre présence ici vous trahit.
    â€” Nous sommes ici à cause de ce que nous avons lu dans le journal de Morris, dit Charlie. Nous voulons voir votre rivière illuminée.
    â€” Vous voulez dire, nous la piller, c’est ça   ?
    â€” Nous sommes tous deux impressionnés par votre esprit d’entreprise et votre force de caractère, lui dis-je. Et nous comprenons tout à fait la décision de Morris de quitter le Commodore. Comme je vous l’ai dit, nous avons pris la même décision, et voulions à tout prix vous rencontrer.   »
    Mes paroles, exprimées avec franchise, firent réfléchir Warm, et je sentis qu’il m’observait et s’interrogeait à mon sujet. Cependant, lorsqu’il me répondit enfin, ce qu’il avait à dire ne jouait pas en ma faveur. «   Le problème, c’est que, même si vous vous êtes séparés du Commodore, ce dont je doute fort, mais imaginons que ce soit vrai, je ne crois pas une seule seconde à la sincérité de vos motivations. En deux mots, vous êtes des voleurs et des tueurs, et il n’y a pas de place pour vous avec nous.
    Â«   Nous ne sommes pas des voleurs, dit Charlie.
    â€” Juste des tueurs alors, c’est ça   ?
    â€” Vous êtes tous les deux exténués, à force de travailler, dis-je. Nous pourrons vous suppléer et vous offrir notre protection.
    â€” Pour nous protéger de qui   ?
    â€” De quiconque s’en prendra à vous.
    â€” Et qui nous protégera de vous   ?
    Laissez-nous nous joindre à vous   », dit Charlie. Sa patience s’était épuisée, et il s’exprimait avec véhémence, ce qui décida Warm, lequel, sans plus parler et penchant la tête en arrière, braqua son arme sur Charlie. J’étais sur le point de dégainer lorsque Warm inclina la tête un peu plus, perdit l’équilibre, tomba à la renverse de sa branche, et, après un salto dans les airs, disparut sans bruit dans un bosquet de hautes fougères. Morris, qui n’était pas armé, fit demi-tour et s’enfuit à travers les arbres. Charlie pointa son pistolet dans sa direction, mais, du bras, j’arrêtai son geste. Il dégaina son autre pistolet, mais Morris s’était évaporé. Il se dégagea de moi pour se lancer à sa poursuite, mais dut vite abandonner car Morris avait beaucoup trop d’avance pour être rattrapé   ; il revint sur ses pas et se précipita là où Warm était tombé — sauf que l’homme n’y était plus   : volatilisé. Charlie regarda avec impuissance les fougères aplaties puis leva les yeux vers moi. Un moment s’écoula, et il éclata d’un rire incrédule, le visage blême. Les pistolets mis à part, cette rencontre avec Warm était si différente de tout ce que nous avions vécu jusqu’à présent, qu’il ne put s’empêcher d’en être diverti. Cette distraction fut cependant de courte durée, et tandis que nous regagnions notre campement pour faire le point, la colère le reprit.

 
    Ã€ notre retour, Tub avait disparu. Il était si faible qu’il ne m’était pas venu à l’idée de l’attacher, mais pendant notre absence il s’était levé, et était parti. Je suivis la trace des grosses

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