Les Frères Sisters
 ? dit Charlie. Une semaine en pleine nature et ce petit bonhomme est assoiffé de sang.
â Attends une seconde, dit Warm.
â Câest la seule solution, poursuivit Morris. On les enterre et on nâen parle plus. Il faudra encore un mois avant que le Commodore réagisse, et dâici là on sera partis depuis longtemps.
â Je me sentirais bien plus à lâaise sâils nâétaient plus une menace pour nous, risqua Warm.
â Tue-les, Hermann. Une bonne fois pour toutes.  »
Warm réfléchit. «  Ãa me retourne les sangs rien que dây penser.
â Puis-je dire quelque chose  ? demandai-je.
â Non, dit Morris. Hermann, tue-les. Ils vont sâéchapper.
â Sâils essaient, je vais vraiment les tuer. Vous, là , le gros, allez-y, parlez.  »
Je dis, «  Laissez-nous travailler avec vous. Nous avons quitté le service du Commodore.
â Je ne vous crois pas, dit Warm. Votre présence ici vous trahit.
â Nous sommes ici à cause de ce que nous avons lu dans le journal de Morris, dit Charlie. Nous voulons voir votre rivière illuminée.
â Vous voulez dire, nous la piller, câest ça  ?
â Nous sommes tous deux impressionnés par votre esprit dâentreprise et votre force de caractère, lui dis-je. Et nous comprenons tout à fait la décision de Morris de quitter le Commodore. Comme je vous lâai dit, nous avons pris la même décision, et voulions à tout prix vous rencontrer.  »
Mes paroles, exprimées avec franchise, firent réfléchir Warm, et je sentis quâil mâobservait et sâinterrogeait à mon sujet. Cependant, lorsquâil me répondit enfin, ce quâil avait à dire ne jouait pas en ma faveur. «  Le problème, câest que, même si vous vous êtes séparés du Commodore, ce dont je doute fort, mais imaginons que ce soit vrai, je ne crois pas une seule seconde à la sincérité de vos motivations. En deux mots, vous êtes des voleurs et des tueurs, et il nây a pas de place pour vous avec nous.
«  Nous ne sommes pas des voleurs, dit Charlie.
â Juste des tueurs alors, câest ça  ?
â Vous êtes tous les deux exténués, à force de travailler, dis-je. Nous pourrons vous suppléer et vous offrir notre protection.
â Pour nous protéger de qui  ?
â De quiconque sâen prendra à vous.
â Et qui nous protégera de vous  ?
Laissez-nous nous joindre à vous  », dit Charlie. Sa patience sâétait épuisée, et il sâexprimait avec véhémence, ce qui décida Warm, lequel, sans plus parler et penchant la tête en arrière, braqua son arme sur Charlie. Jâétais sur le point de dégainer lorsque Warm inclina la tête un peu plus, perdit lâéquilibre, tomba à la renverse de sa branche, et, après un salto dans les airs, disparut sans bruit dans un bosquet de hautes fougères. Morris, qui nâétait pas armé, fit demi-tour et sâenfuit à travers les arbres. Charlie pointa son pistolet dans sa direction, mais, du bras, jâarrêtai son geste. Il dégaina son autre pistolet, mais Morris sâétait évaporé. Il se dégagea de moi pour se lancer à sa poursuite, mais dut vite abandonner car Morris avait beaucoup trop dâavance pour être rattrapé  ; il revint sur ses pas et se précipita là où Warm était tombé â sauf que lâhomme nây était plus  : volatilisé. Charlie regarda avec impuissance les fougères aplaties puis leva les yeux vers moi. Un moment sâécoula, et il éclata dâun rire incrédule, le visage blême. Les pistolets mis à part, cette rencontre avec Warm était si différente de tout ce que nous avions vécu jusquâà présent, quâil ne put sâempêcher dâen être diverti. Cette distraction fut cependant de courte durée, et tandis que nous regagnions notre campement pour faire le point, la colère le reprit.
Â
à notre retour, Tub avait disparu. Il était si faible quâil ne mâétait pas venu à lâidée de lâattacher, mais pendant notre absence il sâétait levé, et était parti. Je suivis la trace des grosses
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