Les Frères Sisters
du doigt  ; de lâendroit où nous étions, nous pouvions voir quâil nây avait personne à lâintérieur. à ce moment précis, une voix au-dessus de nos têtes ordonna sèchement, «  Haut les mains, sinon câest une balle dans la tête à tous les deux.  » Nous levâmes les yeux et vîmes un sauvageon aux allures de gnome assis sur une branche. Il tenait à la main un pistolet, un Baby Dragoon, quâil pointait sur nous. Ses yeux étincelaient, victorieux.
«  Voici sans doute notre Hermann Warm, dit Charlie.
â Câest exact, répondit lâhomme, et si vous connaissez mon nom, je sais moi aussi comment vous vous appelez. Vous êtes les hommes du Commodore, nâest-ce pas  ? Les légendaires frères Sisters.
â Câest ça.
â Vous avez fait du chemin pour venir jusquâà moi. Jâen suis presque flatté. Pas tout à fait, mais presque.  » Je changeai de position et Warm me lança brusquement, «  Encore un geste comme ça, et je vous tue. Vous croyez que je plaisante, messieurs, mais je vous tiens, et jâappuierai sur la détente sans hésitation.  » Il parlait sérieusement, et jâéprouvai une sensation de chaleur à lâendroit où sa balle allait pénétrer mon crâne. Tout comme Morris, Warm était pieds nus, et portait le bas de son pantalon retroussé  ; la peau sur ses jambes et ses mains était également lie-de-vin, et je me demandai, La solution qui révèle lâor a-t-elle marché  ? à le voir, je ne parvenais pas à me faire une idée, car il nâavait guère que lâair féroce de celui qui se défend. Charlie remarqua aussi sa peau violacée, et demanda, «  Avez-vous fait du vin, Warm  ?  »
Tout en se frottant les chevilles lâune contre lâautre, tel un grillon, Warm répondit, «  Pas le moins du monde.
â Dans ce cas, êtes-vous plus riche aujourdâhui quâhier  ?  » demandai-je.
«  Le Commodore vous a parlé de la solution  ? sâenquit-il, soupçonneux.
â Vaguement, oui, dit Charlie. Mais nous avons surtout appris de quoi il sâagit par Morris.
â Jâen doute fort, dit Warm.
â Demandez-lui vous-même.
â Câest ce que je vais faire.  » Sans nous quitter des yeux, il émit deux sifflements brefs et stridents  ; un son identique retentit au loin, et Warm siffla derechef, une fois. Morris apparut alors à travers les arbres, dévalant la pente tel un petit garçon, et sans se départir de son sourire jusquâau moment où il nous aperçut, Charlie et moi. Il se figea alors, et une terreur absolue envahit son visage. «  Câest bon, je les tiens, dit Warm. Jâai grimpé ici pour observer lâaval de la rivière, et encore heureux. Jâai vu ces lascars qui se faufilaient en direction de notre campement. Ils sont au courant de notre petite expérience ici, et ils essaient de me faire croire que câest grâce à toi.
â Ils mentent  », dit Morris.
Charlie dit, «  Il nây a pas que vous, Morris. Le borgne du Black Skull nous a dit où vous pensiez vous installer. Mais câest votre journal qui nous a tout révélé.  »
Je lus sur le visage de Morris le tourment que lui valait de convoquer le souvenir de ses ultimes faits et gestes avant son départ de San Francisco. «  Le lit, gémit-il, désespéré. Je suis désolé, Hermann. Que je sois damné, je lâai complètement oublié.
â Tu lâas laissé là -bas  ? dit Warm. Ne tâen fais pas, Morris. On a été débordés, et on a travaillé dur, et de toute façon, nous sommes fautifs tous les deux. Nâest-ce pas moi qui ai laissé ce cyclope sâimmiscer dans nos projets  ? Et pour quoi  ? Pour quelques bols de ragoût rance.
â Quand même, dit Morris.
â Nây pense plus, dit Warm. On les a trouvés avant quâils ne nous trouvent. Câest ça qui compte. La question maintenant, câest  : quâest-ce quâon fait dâeux  ?  »
Le visage de Morris se figea. «  La seule solution, câest de les abattre.
â Tu as vu ça
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