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Les galères de l'orfêvre

Les galères de l'orfêvre

Titel: Les galères de l'orfêvre
Autoren: Jean-Christophe Duchon-Doris
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temps, en se dégageant d’un mouvement brusque du poignet, de contrer la seconde, la détournant assez pour que la pointe en vînt ricocher sur la pierre du mur. « Si tu veux survivre, pensa-t-il, tu dois remettre à plus tard tes questions. » Il tenta une botte basse qui fut écartée sans une hésitation et une autre à hauteur d’épaule qui manqua de peu sa cible.
    La rue résonnait du cliquetis des fers. De temps en temps, dans la furie des assauts, les lames heurtaient les murs et jetaient des étincelles dans la nuit claire. Les deux hommes juraient en patois à haute voix comme s’ils voulaient se faire entendre d’autres qui les auraient attendus dans les rues voisines. Des lumières s’allumaient sous les portes et quelques têtes apparaissaient aux fenêtres.
    Guillaume était maintenant tout au combat. Il ne se concentrait plus que sur les deux épées qui sans cesse revenaient vers lui. Il n’arrivait pas à toucher les hommes dont la science était manifeste mais il était parvenu à les maintenir du même côté, évitant, ce qui aurait été trop dangereux, que l’un deux ne parvînt à passer derrière lui, et par moments il sentait même qu’il prenait le dessus. Mais cela ne le rassurait qu’à demi. Ses adversaires, il le comprenait, étaient de sa force. À plusieurs reprises, déséquilibré ou entraîné trop loin dans un mouvement inutile, il s’était senti perdu. Une fraction de seconde, il avait entrevu la mort. Mais, chaque fois, il s’était miraculeusement rétabli. L’estocade fatidique n’était pas venue. C’était comme si les deux hommes s’amusaient avec lui. Ils continuaient à faire beaucoup de bruit, poussant des cris ou des jurons, tapant de la botte, envoyant valdinguer les pots de fleurs sur les pas des portes. Peut-être voulaient-ils le distraire et le fatiguer ?
    De fait, une douleur commençait à envahir son bras et il sentait, sous son pourpoint, sa chemise trempée de sueur. Il rompit brusquement et recula d’un pas. Les deux assaillants semblaient également ressentir quelque lassitude. Ils s’avancèrent cependant et la lumière verte vint, par-dessous, éclairer leurs visages. Le plus petit avait une face ridée, des joues sèches où la petite vérole avait laissé des trous que soulignait l’éclairage oblique de la rue. Le plus grand portait une barbe et une cicatrice au milieu du front.
    « Puisqu’ils ne veulent pas me tuer, pensa Guillaume, il y a peut-être place pour une attaque. » Et aussi brusquement qu’il avait reculé, il plongea vers eux d’un furieux saut de bottes. La surprise de ce changement de tactique lui permit d’aller chercher haut le fer du barbu alors même qu’il était le plus éloigné de lui et de le repousser contre le mur. Il s’offrit, ce faisant, à la lame du plus petit mais, comme il l’avait supposé, celui-ci hésita à lui porter un coup qui, dans cette position, aurait pu lui être fatal. Et en se retournant, presque à l’aveuglette, il parvint à le toucher à l’épaule droite.
    L’homme jura en patois et se mit en retrait en portant sa main libre à sa blessure. Le barbu était de retour. Mais cette fois, c’était un combat à un contre un. L’intensité des charges se haussa d’un cran. Des cris et des applaudissements descendaient maintenant des fenêtres et des balcons où avaient pris place des dizaines de curieux. Guillaume n’esquissa qu’à grand-peine une botte sournoise. À son tour, il faillit percer l’homme au thorax. Mais sur l’assaut suivant il ne dut qu’à la protection de son bras gauche, levé comme un bouclier, de ne pas être à son tour touché. La lame avait glissé sur sa main et il sentit le sang chaud couler entre ses doigts. Le barbu était un redoutable bretteur. On entendait maintenant son souffle court ponctuant chacune de ses attaques. Guillaume avait beau faire, il ne parvenait pas à reprendre l’offensive, concentré uniquement à parer le feu d’artifice des bottes dont son adversaire faisait étalage. Coincé contre le mur, il fut contraint de mettre un genou en terre pour parer une attaque basse.
    — Messieurs, arrêtez, par ordre du roi !
    Des hommes en armes arrivaient des deux côtés de la rue. Guillaume reconnut l’uniforme des archers de la sénéchaussée. Il était sauvé. Le barbu, loin de s’enfuir, n’avait pas bougé. Il avait baissé son fer et attendait sagement. Son compagnon était écroulé contre un mur. Le sergent
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