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Les galères de l'orfêvre

Les galères de l'orfêvre

Titel: Les galères de l'orfêvre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Christophe Duchon-Doris
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de fermer la cachette. Un homme ouvrait la porte de fer. Peut-être était-ce l’Orfèvre ? Guillaume décida de se glisser jusqu’à la pièce où il s’était réveillé, de dissimuler les ciseaux et de s’allonger sur sa couche.
    Il le reconnut immédiatement. C’était le barberot, le coiffeur petit et sec, avec des bras poilus comme des pinces de homard qui lui avait rasé la tête et qui avait été le tout premier à invoquer devant lui le nom de l’Orfèvre. Était-ce lui ? Non. Le barberot n’avait pas quarante ans et l’Orfèvre à ce que lui avait dit Mathusalem sévissait au moins depuis une trentaine d’années.
    L’homme portait des gamelles fumantes, un gros pain rond glissé dessous l’aisselle, et une bouteille de vin rosé enveloppée dans un chiffon. Il posa tout cela sur la table.
    — Tu ne dors pas, je le sais et donne-moi ces ciseaux, ce serait folie de t’en servir. Tu n’irais pas loin.
    Il prit un tabouret qu’il glissa sous ses fesses, alluma une pipe en terre. Guillaume se releva lentement, l’arme à la main. Le barberot lui jeta un rapide coup d’oeil et, haussant les épaules, il entreprit de faire sauter le couvercle des gamelles.
    — Ce serait le comble que tu me saignes, dit-il. Je t’ai pansé et dorloté pendant deux jours et deux nuits et voilà que je t’ai préparé un fameux repas. N’as-tu donc pas faim depuis ce temps ?
    Le ventre de Guillaume, alerté par les consistantes odeurs qui s’échappaient des plats chauds répondit à sa place. Mais le procureur entendait mener son interrogatoire. L’homme paraissait coriace, avec ses yeux durs, sa peau où la maladie laissait ses traces et les fendillements autour du cou, derrière les anneaux d’or aux oreilles, de la peau cuite par le soleil.
    — Qu’est-ce que je fais là ? Qui m’a amené ici ?
    — Tu le sais bien : c’est l’Orfèvre.
    — J’avais cru comprendre qu’il voulait me tuer ?
    Le barberot redressa la tête. La fumée de la pipe montait le long de sa joue et l’obligeait à plisser la paupière droite. Des gouttes de sueur s’accrochaient à ses sourcils épais, couraient le long de sa peau rongée par le sel marin.
    — Toi, je ne sais pas, mais moi je crève la dalle. Alors, on va faire vite. Pour une raison que nous ignorons, l’intendant général des galères a fait courir le bruit que tu étais un informateur, ce qui aurait en principe justifié qu’on te fasse la peau.
    Guillaume se garda bien de répondre. Il essuya ses mains à son pantalon et fit mine de s’intéresser au contenu des gamelles.
    — Oui, mais voilà, l’Orfèvre est un malin. Si tu es vraiment un informateur, pourquoi Montmor fait-il tout pour qu’on te supprime ? Ce n’est pas logique et le manque de logique, l’Orfèvre, il n’aime pas trop. Ça sent bon, hein ? On appelle ça aïgo boulido , une sorte de soupe faite d’ail, d’huile, de sel et aromatisée de sauge. Il faut tremper dedans des morceaux de pain frottés d’ail, comme ça.
    Il sortit un couteau à cran d’arrêt de sa poche et tailla dans le pain une grande tartine, assez épaisse pour résister au frottement de la gousse d’ail, puis il la détailla en petits cubes au-dessus de la gamelle.
    — Alors, disais-je, l’Orfèvre a pris une autre décision. Celle de te tuer pour de faux. Un cadavre défiguré, celui d’un autre galérien fauché par la mitraille de cette putain de frégate anglaise, porte ton nom. Tu es pour l’intendant tout ce qu’il y a de mort. C’est là l’essentiel. Nous ne sommes que quelques-uns, une poignée, à savoir qui tu es et où tu es.
    Il s’essuya la bouche d’un revers de manche, but la bouteille au goulot et la tendit à Guillaume.
    —  Fachte de ! C’est meilleur que la vinasse que servent les taverniers des galères. Je continue. Avant peut-être de revenir sur sa décision première, l’Orfèvre voudrait connaître les raisons de cette inimitié entre toi et l’intendant.
    — C’est très simple, dit Guillaume. Il est amoureux de ma femme.
    — La blonde mignonne qu’il a promenée dans tout Marseille ?
    — Oui.
    — Cette dame est ta femme ?
    — Avant de le connaître, elle ne ressemblait pas à une dame mais à une femme de faux saunier.
    Le barberot recula sa chaise et observa Guillaume en se frottant la joue.
    — C’est cohérent, finit-il par dire. Alors, je passe à la seconde étape. L’Orfèvre te propose son aide. Il te protège de

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