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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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pucelage, et le perdre pour la ruine de la France !” Et d’autres : “Ah ! qu’elle doit avoir le c… grand pour engloutir tant de villes et châteaux, et je crois que, quand son mari y sera entré, n’aura pas grand goût ; car il n’y f… que des pierres et murailles des villes qui sont entrées dedans.” Bref, si je voulais débagouler une infinité de telles causeries, je n’aurais jamais fait, car assurez-vous qu’ils en disaient prou et déchiffraient bien comme gens désespérés… »
    Mais ces critiques et ces doléances n’eurent, bien entendu, aucun effet sur le roi, et les Parisiens se préparèrent à célébrer les deux mariages en dansant aux carrefours et en buvant plus que de coutume, suivant une tradition bien établie.
    Des plaisirs plus délicats étaient réservés aux nobles, c’est ainsi que le roi avait fait dépaver une partie de la rue Saint-Antoine, afin que des joutes pussent y être organisées, et tous les amateurs de tournois se réjouissaient.
    À la Cour, on citait les noms des seigneurs qui seraient admis à se mesurer avec le roi et l’on s’amusait à parier, sans s’apercevoir qu’une femme tremblait.
    La reine, en effet, avait peur. Un de ces astrologues dont elle aimait s’entourer, Lucas Gauric, lui avait dit en 1542 « que le dauphin parviendrait certainement au pouvoir royal, que son avènement au trône serait marqué par un duel sensationnel et qu’un autre duel mettrait fin à son règne en même temps qu’à sa vie ».
    La première partie de la prophétie s’étant réalisée avec le duel de Jarnac, disputé au début du règne, la reine voyait avec effroi les préparatifs du tournoi.
    Elle se souvenait que Gauric avait ajouté qu’il fallait « éviter tout combat singulier en champ clos, notamment aux environs de la quarante et unième année, parce qu’à cette époque de sa vie le roi était menacé d’une blessure à la tête qui pourrait entraîner rapidement la cécité ou la mort ».
    Or Henri II était dans sa quarante et unième année depuis trois mois…
    Ce n’était pas tout. Un curieux astrologue nommé Nostradamus, que Catherine avait fait venir à la Cour en 1556, avait publié un ouvrage où se trouvait ce quatrain qui semblait confirmer la prophétie de Gauric :
     
    Le lion jeune, le vieux surmontera
    En champ bellique, par singulier duelle,
    Dans cage d’or les yeux lui crèvera
    Deux classes une, puis mourir, mort cruelle…
     
    C’est donc une reine au visage cireux que l’on vit apparaître le 30 juin au matin, dans la tribune d’honneur.
    À dix heures, sous un soleil brûlant, le roi entra en lice, portant les couleurs noire et blanche de Diane de Poitiers. Tout de suite, le jeu commença.
    Après avoir salué les dames, Henri courut brillamment contre le duc de Savoie puis, avec une adresse remarquable, contre le duc de Guise.
    Tout se passait bien. Pourtant, comme il s’épongeait après le deuxième combat, Catherine lui fit dire « de ne plus courir pour l’amour d’elle ».
    — Répondez à la reine que c’est précisément pour l’amour d’elle que je veux courir cette lance, dit le roi.
    Et il ordonna au jeune comte Gabriel de Montgomery, seigneur de Lorges, de courir contre lui.
    Le comte s’en défendit d’abord, se souvenant que son père avait failli tuer François I er en lui jetant, par jeu, un soir de beuverie, une bûche enflammée sur la tête ; mais, sur l’insistance du roi, il prit l’arme et se mit en garde.
    Alors, devant la reine livide, les prophéties s’accomplirent : les combattants se précipitèrent l’un vers l’autre, et la lance de Montgomery se brisa sur le casque du roi avec une telle violence que la visière s’ouvrit.
    Un cri s’éleva de la foule, et la reine s’effondra sans connaissance.
    Henri II, le visage en sang, se cramponnait à son cheval. On se précipita : l’extrémité de la lance lui avait crevé l’œil droit et défoncé le crâne.
    — Je suis mort, murmura-t-il.
    Les gardes le transportèrent rapidement aux Tournelles, et il passa sans la voir devant Diane de Poitiers qui, debout, hébétée, le contempla, sans le savoir, pour la dernière fois…
     
    Lorsque Catherine de Médicis entra dans la chambre où le roi reposait sans connaissance, une douzaine de personnes, affolées, piétinaient inutilement autour du lit. Elle alla prendre la main de son mari, sentit que le pouls battait encore, et ses traits se

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