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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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elle « rioit, nous dit un chroniqueur, et folâtroit auprès du roi »…
    Cette attitude lui valut d’ailleurs de recevoir la plus grosse injure de sa vie.
    Quelque temps après, ayant fait arrêter un ouvrier tailleur, elle voulut le chapitrer en présence du roi et du cardinal de Guise. Le jeune homme l’interrompit :
    — Madame, dit-il posément, contentez-vous d’avoir infecté la France et ne mêlez pas votre ordure aux choses de Dieu…
    Ce qui était, somme toute, une assez belle réponse.
     
    Naturellement, cette noble insolence décupla la haine de Diane. La cruauté dont elle fit preuve alors dans sa lutte contre les protestants devint tellement monstrueuse que tous les braves gens, même catholiques, furent révoltés. Des pamphlets extrêmement violents commencèrent à circuler et on la chansonna en des termes fort peu polis, ainsi qu’on en aura une idée par ce simple couplet :
     
    O pauvres, pauvres protestants,
    Que l’on mène au bûcher ardent.
     
    C’est Diane qui vous fait brûler,
    Les yeux crevés, tondus, pendus,
    Car on allume les bûchers
    Avec le feu qu’elle a au c…
     
    La favorite s’irrita de ces chansons et, pour se venger, désigna à la colère du roi quelques conseillers au Parlement de Paris qui ne se cachaient pas pour protester contre les persécutions et les exécutions des réformés.
    Henri II, piqué, décida de se rendre, à l’occasion des Mercuriales, à l’assemblée des Chambres pour y juger par lui-même de l’état d’esprit de la Cour.
    Le 10 juin, il arriva au Parlement et donna la parole au procureur général Bourdin.
    Celui-ci (qui était un ami de Diane) attaqua aussitôt cinq ou six conseillers « mal sentant de la foi entre lesquels était un nommé Anne du Bourg ».
    Fort courageusement, du Bourg prit la parole pour prêcher la clémence envers les luthériens et blâmer vigoureusement les massacres auxquels on se livrait au nom de Dieu. Animé par une sainte colère, il conclut en disant, sur un ton de défi, « qu’il serait odieux d’appliquer à des innocents la peine qu’on épargnait aux adultères [168]  ».
    Cette allusion transparente à la liaison de Henri II et de Diane de Poitiers fit l’effet d’une bombe. Les membres du Parlement restèrent figés sur leurs bancs, les fesses serrées, attendant la colère du roi. Celui-ci, rouge jusqu’aux oreilles, parvint à se contenir, mais il donna l’ordre au capitaine des gardes d’emmener immédiatement du Bourg à la Bastille.
    Peu de temps après, le procès du conseiller commença. À l’issue de la première séance, Henri II, qui n’avait pu, cette fois, cacher sa fureur, s’écria « qu’il vouloit voir rôtir Anne du Bourg de ses yeux ». Et le malheureux fut condamné à être brûlé en place de Grève…
     
    À Cateau-Cambrésis, Henri II n’avait pas seulement signé un traité de paix, il avait aussi préparé deux mariages destinés à renforcer sa sécurité. D’une part, sa fille aînée, Élisabeth de Valois, devait épouser Philippe II, roi d’Espagne ; d’autre part, sa sœur Marguerite, alors âgée de trente-six ans, devait devenir la femme du duc Emmanuel de Savoie.
    Cette dernière union ne fut d’ailleurs pas du goût de tout le monde, car Marguerite apportait en dot, à son mari, le Piémont et la Savoie.
    — Nous perdons deux belles provinces à cause d’une princesse amoureuse, disaient les braves gens.
    Les soldats français qui tenaient garnison au Piémont, furieux de quitter un pays où ils menaient une existence fort agréable, exprimèrent leur mécontentement dans un langage plus vif que celui des braves gens.
    Voici, en effet, ce que nous rapporte Brantôme :
    « Les uns, tant Gascons qu’autres, disaient : “Hé ! cap de Dieu ! faut-il que, pour cette petite pièce de chair qui est entre les jambes de cette femme, qu’on rende tant de belles et grandes pièces de terre ?” Les autres : “Que maudit soit le c… qui tant nous coûte !” Les autres : “Faut-il qu’un vieux et pauvre c… s’enrichisse et se pare de nos dépouilles !” Les autres : “Maugré Dieu ! de quoi elle n’est pas née sans c…” D’autres : “Vraiment oui, on nous la devait bien tant dire et tant faire Minerve, déesse de chasteté, pour venir en Piémont changer de nom et se faire f… à nos dépens.” D’autres : “Elle devait bien garder l’espace de quarante-cinq ans sa virginité et son beau

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