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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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et, après un séjour d’un mois à Rome, pénétra dans Naples, but de la campagne.
    Charles VIII, tout heureux d’avoir accompli aussi facilement cette promenade militaire, se mit à lorgner les Napolitaines. L’une d’elles se présenta à lui, en robe de satin vert, chargée de diamants, la gorge nue…
    — Ici, toutes les femmes sont belles, déclara-t-il à ses soldats. Je veux que vous vous souveniez de cette admirable ville.
    Les Français allaient, en effet, rapporter un souvenir de Naples…

7
    L’armée de Charles VIII rapporte en France le mal de Naples
    Sait-on jamais ce que l’on rapporte d’un voyage ?
     
    Maurice Dekobra
     
    Pendant de longues semaines, Charles VIII sembla oublier les raisons qui l’avaient poussé à se rendre à Naples. Véritablement sous le charme de cette ville paradisiaque où tout l’émerveillait : la pureté du ciel, le bleu de la mer, les palais de marbre, les jardins à terrasses remplis de fleurs exotiques, les parcs où voletaient des oiseaux des Indes, il ne songeait qu’à goûter la douceur de vivre.
    Il organisa des fêtes, des tournois et des bals costumés où certaines belles dames du lieu se montrèrent vêtues seulement de quelques rangs de perles ; puis il profita de la tiédeur des nuits de printemps pour offrir, en plein air, des banquets qui se terminaient généralement par des orgies considérables. Et il n’était pas rare qu’au petit matin les gardes trouvassent sur les pelouses, autour de la table non desservie, des couples enlacés, dont le sommeil avait eu finalement raison…
    Ces excès n’étaient pas seulement commis dans l’entourage du roi ; l’armée entière semblait en proie à une véritable folie amoureuse. Au point qu’un chroniqueur vénitien, Sanuto, rapporte que « les Français ne se plaisaient qu’au péché et aux actes vénériens : et qu’ils prenaient les femmes de force, sans respect pour personne ».
    Il raconte le désespoir d’un père dont la fille de seize ans avait été quelque peu endommagée par le passage d’un régiment. « Le roi, écrit-il, écouta poliment le malheureux et lui donna raison. Mais il ne fit rien de plus. D’ailleurs, Charles VIII avait à ce moment, pour son plaisir, une religieuse du monastère de Sainte-Claire, en plus de sa favorite, la Melfi, et de quantité d’autres femmes que ses gens lui procuraient… [42]  »
    On comprend, dans ces conditions, que le roi n’ait pas eu beaucoup de temps à consacrer aux affaires politiques, ni même à sa correspondance privée.
    Aussi, Anne de Bretagne, dans son grand château de Lyon, était-elle fort triste. Triste de ne pas recevoir de lettres, triste à la pensée que son mari devait la tromper avec toutes les Italiennes qu’il rencontrait, triste d’avoir à se coucher seule.
    La jeune reine, en effet, était douée d’un tempérament ardent et cette solitude mettait ses nerfs au supplice. Pourtant, tous les chroniqueurs nous assurent qu’elle fut d’une fidélité exemplaire.
    Pendant que Charles VIII se vautrait dans la débauche, la pauvre lisait de gros ouvrages religieux, copiait quelques « oraisons pour les absents » sur son livre d’Heures, ou priait en sa chapelle. Parfois, lorsqu’elle s’ennuyait trop, elle se rendait à Moulins, auprès d’Anne de Beaujeu qui l’accueillait avec une grande gentillesse, malgré les soucis que lui causait la folle campagne d’Italie. Mais la jeune souveraine, il faut bien l’avouer, ne se montrait guère curieuse des nouvelles politiques ; elle ne venait à Moulins que pour parler interminablement de ce cher époux volage qu’elle aimait maintenant de « bel amour ».
     
    De temps à autre, elle envoyait à Charles une tendre lettre par laquelle elle le suppliait de rentrer en France.
    Au mois d’avril 1495, pressée par Anne de Beaujeu, elle écrivit au roi de façon plus catégorique : Il faut revenir en votre royaume pour ce que le peuple, qui moult vous aime, pleure sur votre absence et moi avec lui.
    Lorsqu’il reçut cet émouvant appel, Charles VIII était en train d’organiser une fête magnifique en l’honneur de Léonora, sa favorite du moment, et il n’avait aucune envie de rentrer en France.
    D’ailleurs, il ne considérait pas l’expédition comme terminée, loin de là. À ses yeux, Naples n’était qu’une étape vers Constantinople.
    — Notre but n’est pas atteint, disait-il souvent ; nous devons aller jusque chez

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