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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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Novare. Déjà les faubourgs sont incendiés. Le duc d’Orléans n’en a plus que pour quelques heures.
    Charles VIII, un peu ennuyé, comprit qu’il était grand temps « de se mouvoir ». Délaissant la fête, il donna des ordres et, deux heures plus tard, il était en route pour Novare.
    Le lendemain à l’aube, il entrait en contact avec les assiégeants. Naturellement il n’était plus question de se battre. Charles dut proposer la paix…
    Le soir, Louis d’Orléans, pâle, amaigri et furieux contre le roi, sortit de la ville et vint participer aux pourparlers. La rédaction du traité fut longue. Chaque paragraphe suscitait des discussions interminables, et les signatures ne furent apposées au bas du parchemin que le 9 octobre.
    Aussitôt, Charles, qui n’avait plus aucune raison de rester en Italie, retourna à Chieri passer quelques nuits avec son amie, avant de reprendre le chemin de la France, le 21 octobre.
    Les dernières étapes furent sans histoires et, le 7 novembre, Charles VIII arrivait à Lyon où Anne, folle de joie, vint se presser contre sa poitrine.
    — J’ai fait noble campagne, madame, dit le roi.
    La reine sourit tristement. Voyant à quoi il s’attachait, elle feignit l’admiration et se garda de lui dire qu’à toute la gloire du monde elle eût préféré sa présence…
     
    Pendant quelques jours, les souverains organisèrent de grandes fêtes où toutes les dames de Lyon accueillirent Charles VIII « en liesse très singulière ».
    Hélas ! cette joie devait être de courte durée. Un matin, le courrier apporta deux mauvaises nouvelles : un pli d’Italie annonçait que Ferdinand d’Aragon assiégeait la ville de Naples, et une lettre venant d’Amboise apprenait aux souverains que le dauphin Charles-Orland, âgé de trois ans, était atteint de la variole et gravement malade.
    Une semaine plus tard, le dauphin était mort et Naples reprise par Ferdinand…
    La reine, nous dit un chroniqueur, « eut le plus grand deuil qu’une femme puisse faire et longuement lui dura ». Elle s’enferma dans sa chambre où les dames de sa suite l’entendirent gémir « haultement » toute la nuit. À l’aube, une triste caravane se mit en route par les chemins d’hiver, en direction d’Amboise. Dans son chariot, Anne pleurait son fils ; dans le sien, Charles soupirait après son royaume de Naples…
    Après les obsèques du petit prince, la reine sombra dans une tristesse profonde, et le roi, fort affligé, imagina, pour lui changer les idées, de faire danser devant elle quelques jeunes gentilshommes au cours d’une petite fête. Parmi les danseurs se trouvait Louis d’Orléans, qui montra en cette occasion une telle exubérance, une telle allégresse, que la reine en fut choquée. Elle pensa, ainsi que nous le rapporte Commynes dans ses Chroniques , que Louis « avait joie de la mort du dauphin à cause qu’il étoit maintenant le plus proche héritier de la couronne ». Et elle lui signifia d’avoir à s’abstenir un temps de paraître à la Cour ; ce qui chagrina Louis, « pour ce qu’il aimoit toujours la reine ».
    Quant au roi, il montra se désapprobation en tournant le dos au duc et en restant quelque temps sans lui adresser la parole.
     
    Charles VIII pensait se reposer un peu de ses campagnes en organisant quelques fêtes à Amboise et en courtisant les jolies filles qui étaient entrées à la Cour pendant son absence. Il n’en eut pas le loisir. Au printemps 1496, une épidémie de « mal de Naples » s’abattit sur Paris, avec de si « vilains et puants » effets qu’elle donna au peuple le dégoût de l’acte charnel. L’Église en profita pour prôner la chasteté (attitude à peu près inconnue du Moyen Âge), et l’on vit de très galantes dames, réputées pour leur « ardeur aux jeux du lit », se rendre en foule dans des couvents de Pénitentes. Charles VIII fut désolé, car les plus belles demoiselles de la Cour se firent nonnes.
    Cette vague de pureté poussa même des femmes tout à fait chastes à se présenter à la porte des cloîtres. Mais il était difficile d’y entrer, ainsi que nous le dit J. A. Dulaure :
    « Les filles, pour être admises dans ces couvents, écrit-il [48] , étaient tenues de faire des preuves suffisantes de leur libertinage, d’affirmer par serment prêté sur les saints Évangiles, en présence du confesseur et de six personnes, qu’elles avaient mené une vie dissolue. On était

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