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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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montrer des yeux cernés jusqu’au menton et des signes certains d’essoufflement, il n’en était pas moins en excellente santé.
    Et Louis d’Orléans, furieux, se livrait en vain à sa navrante besogne.
     
    En juin 1494, le roi, repus et satisfait, pensa de nouveau à partir pour l’Italie. Et sans doute aurait-il quitté Lyon où il n’y avait plus rien à faire, si les Napolitains, qui connaissaient sa dépravation, ne s’étaient ingéniés, de façon fort habile, à retarder encore son départ [41] .
    Ils chargèrent une femme d’assez basse extraction, mais d’une grande beauté, de séduire le roi et de faire durer l’intrigue le plus longtemps possible en se montrant « ingénieuse et experte aux jeux de Vénus ». La belle avait appris tant de raffinements auprès des princes italiens qu’elle émerveilla Charles VIII. Il ne put s’en séparer…
    Bientôt, il prit ses repas et logea chez elle, à la grande douleur de la reine Anne, qui était naturellement au courant de cette aventure.
    La conquête de Naples semblait fort compromise. Et sans doute l’eût-elle été irrémédiablement, si Ludovic Sforza, inquiet, n’avait chargé son ambassadeur, Belgiojoso, d’aller voir à Lyon ce que faisait le roi de France. L’envoyé ne tarda pas à être fixé, car les amours royales étaient connues de toute la ville. Il demanda une audience à Charles VIII.
    — Sire, dit-il d’un ton sévère, je crains que, pour un mois de plaisir, vous ne vous exposiez à perdre la joie et l’honneur de toute votre vie.
    Le roi rougit et baissa la tête.
    — Nous partirons la semaine prochaine, promit-il.
    Naturellement, sa maîtresse fit tout pour le retenir encore, mais il eut la force de se séparer d’elle.
     
    Lorsqu’elle sut que le départ était enfin décidé, Anne se mit en quête de femmes laides, « commères ou lavandières », qu’elle chargea du service intime du roi pendant son voyage. Elle savait que son époux ne pourrait résister aux belles Italiennes qu’il verrait, mais elle voulait du moins qu’il ne partageât pas régulièrement sa couche avec les servantes de sa suite…
    Le 23 août 1494, l’armée quitta Lyon en direction de Grenoble où Anne fit ses adieux au roi.
    Les Alpes furent franchies sans difficulté ; mais, à Montferrat, le roi s’aperçut avec terreur qu’il n’avait plus d’argent pour continuer la campagne. La chose était fort ennuyeuse, car on était encore loin du but. « Et pouvez voir, écrit Commynes, témoin oculaire, quel commencement de guerre c’étoit, si Dieu n’eut guidé l’œuvre. » Heureusement, Charles avait séduit la marquise du lieu. Il lui confia ses soucis et la ravissante Blanche de Montferrat, sans aucune hésitation, lui donna tous ses bijoux pour qu’il les mît en gage. Ce geste, inspiré par l’amour, nous est rapporté par Brantôme.
    « … Toutefois, nous dit-il, il avoit d’autres raisons de la bien aimer, car elle lui aida de tous ses moyens et se défit de toutes ses pierreries, perles et joyaux pour lui prêter et engager où bon lui plaisoit, ce qui étoit une très grande obligation, car volontiers les dames portent une très grande affection à leurs pierreries, bagues et joyaux, et volontiers prêteroient et engageroient plutôt quelque pièce précieuse de leur corps que leur richesse de joyaux. Je parle d’aucunes et non de toutes. Certes, cette obligation fut grande car, sans cette courtoisie, le roi en étoit pour sa courte honte et s’en retournoit de son demi-voyage qu’il avoit entrepris sans argent, ayant pis fait que cet évêque de France qui alla au Concile de Trente sans argent ni latin… »
    Sur les bijoux de la marquise de Montferrat, la banque prêta à Charles VIII 12 000 ducats, et l’armée reprit sa route vers Turin et Asti, où Ludovic Sforza vint la saluer en compagnie de sa femme Béatrice. Connaissant les goûts sensuels du roi de France, le More s’était fait accompagner des demoiselles d’honneur de la duchesse et d’un grand nombre de dames d’une excellente beauté, « dont le rôle ne devait pas rester inactif dans cette entrevue diplomatique ».
    En voyant ces jolies filles, Charles pensa qu’il avait eu raison de venir en Italie. Et, bien qu’elles fussent au nombre de trois cents, nous dit Sigismondo de Conti, il décida de jouter galamment avec chacune d’elles, ce qui retarda encore un peu l’expédition.
    Enfin, l’armée se remit en marche

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