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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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Louis XII ne pouvait plus répondre…
    « Fort ennuyée », ainsi qu’elle l’écrivit à son frère Henry quelques jours après, elle refusa donc de devenir la femme de François I er .
    — Vous ne m’en voudrez point, j’espère, si je me marie selon mon cœur.
    Un mois plus tard, Mary épousait secrètement Suffolk. À cette occasion, le roi eut l’élégance de lui compter soixante mille écus de dot et de lui donner le douaire de Saintonge.
    Devenue duchesse de Suffolk, Mary, qui avait préféré son amour au trône de France, et dont François I er disait avec tendresse qu’elle était « plus folle que reine », regagna finalement l’Angleterre, où elle mourut en 1534 à l’âge de trente-six ans…

11
    M me  de Châteaubriant est responsable
du Camp du Drap d’Or
    L’amour du luxe conduit souvent les femmes
    à commettre des actes extravagants.
     
    Jacques Datin
     
    Le 4 septembre 1505, en l’église de Saint-Jean-du-Doigt, près de Morlaix, la messe fut dite dans une atmosphère étrange. Réunis autour de la reine Anne de Bretagne, une cinquantaine de hauts barons et de vieux seigneurs, oubliant l’office, considéraient, l’œil brillant, une petite fille de onze ans d’une remarquable beauté.
    Les vieillards n’étaient d’ailleurs pas les seuls à être émus. À côté de la fillette se trouvait un jeune homme de dix-neuf ans, grand et athlétique, qui, lui aussi, semblait fortement troublé par la présence de sa voisine. Dix fois, vingt fois, pendant la messe, il contempla avec amour le visage de cette enfant qui avait décidément un pouvoir de séduction peu compatible avec la sainteté du lieu…
    Voici d’ailleurs comment nous la décrit un historien du temps : « Quoiqu’elle sortît à peine de l’enfance, et qu’elle ne fust que sur sa douzième année, sa beauté estoit si achevée qu’elle enlevoit les cœurs. Une taille avantageuse et qui se perfectionnoit de jour en jour ; un air engageant mêlé de fierté et de douceur ; des cheveux noirs et en grande quantité qui relevoient la blancheur et l’éclat de son teint ; tout cela joint à un esprit aysé, juste, fin, de bon sens, qui commençoit à briller, la rendoit la plus rare et la plus belle personne de son siècle… »
    À la fin de la messe, alors que les barons étaient de plus en plus congestionnés, la reine se leva, prit la main de la petite fille et celle du jeune homme, et s’avança vers l’autel.
    — Mon père, dit-elle, je vous demande de bénir les fiançailles de ma cousine et demoiselle d’honneur Françoise de Foix et de messire Jean de Laval, seigneur de Châteaubriant.
    Le prêtre dit une prière, plaça la main droite de Françoise dans la main droite de Jean et fit un signe de croix.
    Alors les cloches se mirent à sonner et tout le monde sortit de l’église. Sous les regards envieux des vieillards, Jean de Laval, rayonnant de bonheur, donnait le bras à sa petite fiancée…
    Il ne s’agissait pas, en effet, d’une union de convenances motivée par des soucis politiques ; le seigneur de Châteaubriant était follement amoureux de cette enfant qui, à l’âge des poupées, allait devenir sa femme. Si amoureux même qu’il n’attendit point le mariage pour l’initier à toutes sortes de jeux dérivés de la main chaude – mais moins innocents.
    Quelques jours après les fiançailles, en effet, Jean de Laval quitta la Cour et alla s’installer avec Françoise au manoir de Châteaubriant.
    Contrairement à ce qu’on pourrait penser, cette vie impudique qu’ils menèrent pendant trois ans (le mariage ne fut célébré qu’en 1509) ne choqua personne, même pas la très prude Anne de Bretagne. Et lorsque, en 1507, Françoise, âgée de douze ans, mit au monde une petite fille, elle fut comblée de cadeaux par la reine et félicitée chaleureusement par le clergé…
    Françoise et Jean vécurent heureux en leur château pendant dix ans. Ils organisaient des bals et des fêtes champêtres qui se terminaient fort bien – ou fort mal, suivant l’humeur des invités – et auxquels Brantôme fait allusion lorsqu’il écrit : « On tenait grande cour d’amour et grand harroy de bouche en les lyeux les plus retirés des forêts. »
     
    Françoise, naturellement, était la reine de ces divertissements galants. Lorsqu’elle eut vingt ans, sa gorge admirablement dessinée attira tous les connaisseurs et sa démarche ondulante provoqua chez ceux qui

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