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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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encore.
    — Comme j’aimerais que M me  de Châteaubriant fût des nôtres, dit le roi à Jean. Je suis sûr qu’elle regrettera de n’être point venue ici, quand vous lui raconterez le bon temps que l’on prend à la Cour du roi de France. Voulez-vous, encore une fois, essayer de la convaincre ?
    — Bien sûr, dit hypocritement Jean de Laval.
    Et, montant dans sa chambre, il rédigea une quatrième lettre, pensant bien qu’elle aurait le même effet que les autres.
    — Donnez-moi votre lettre, dit le roi le lendemain, je vais la confier à l’un de mes courriers, elle arrivera plus vite.
    Le fonctionnaire reçut le pli de Jean, quitta Blois au triple galop, s’arrêta au premier tournant pour ajouter au message la bague volée et arriva le soir à Châteaubriant.
    En voyant le bijou, Françoise, toujours obéissante, prépara à la hâte ses affaires, monta dans une litière et se fit conduire le plus rapidement possible à Blois, où elle arriva sans que la fatigue du voyage eût terni le moins du monde sa beauté.
    Son apparition fit l’effet d’une bombe. Jean de Laval faillit s’évanouir de rage, et toute la Cour fut dans un état de surexcitation extraordinaire en constatant que le roi avait gagné la partie.
    Quant à François I er , qui était venu accueillir Françoise à sa descente de litière, il fut ébloui.
    « De la litière au lit, il n’y a qu’un pas », pensa-t-il.
    Les choses n’allaient pas se faire aussi facilement ; car, si M. de Châteaubriant était jaloux, M me  de Châteaubriant, elle, était fort rusée…
     
    Certains auteurs racontent que Jean de Laval, furieux de se voir jouer par François I er , repartit chez lui sur-le-champ, « de peur d’estre témoin de sa honte ».
    Et Varillas [67] , laissant aller son imagination, ajoute même : « La comtesse, abandonnée par celui qui avoit le plus d’intérêt à la conservation de son honneur, fist ce qu’on devoit attendre d’une vertu qui n’avoit point encore esté éprouvée – c’est-à-dire qu’elle résista quelque temps et céda enfin aux assiduités du roi. »
    En réalité, François I er n’acheva pas sa conquête aussi facilement que cet historien veut bien nous le dire. Il lui faudra trois ans de cour passionnée et de stratégie galante pour amener la belle Françoise dans son lit.
    En homme habile, son premier soin fut d’amadouer le mari. Il lui donna tout d’abord le commandement d’une compagnie d’Ordonnance et ce cadeau fit le meilleur effet. Jean de Laval était fort jaloux, certes, mais plus ambitieux encore. Quand le roi lui eut dit : « Ouvrez l’œil sur vos hommes, vous êtes dès lors responsable de leur conduite », il comprit qu’il lui faudrait, en échange, fermer les yeux sur celle de sa femme. Et, acceptant, pour le moment, le prix du glorieux privilège qui lui était accordé, il s’occupa fougueusement de la compagnie dont il avait reçu la charge.
    Tranquillisé par cette attitude, le roi chercha à apprivoiser les frères de M me  de Châteaubriant, trois farouches Pyrénéens, peu décidés à laisser déshonorer leur sœur. Pour commencer, il « neutralisa » l’aîné, M. de Lautrec, en lui donnant le gouvernement de Milan, ce dont la belle fut heureuse. Le soir, après dîner, elle vint remercier le roi de prendre tant soin de sa famille. L’espace d’une seconde, ses yeux violets se firent plus tendres en considérant François I er , puis, plongeant soudain en une respectueuse révérence, elle prit congé et s’éloigna avec la reine Claude, dont elle était devenue la dame d’honneur.
    Fort troublé et encouragé, le roi passa alors à l’attaque directe ; il envoya, dès le lendemain, à Françoise, par messager spécial, une superbe broderie.
    La finaude savait depuis longtemps que François I er était amoureux d’elle et la désirait. Elle lui adressa la lettre la plus hypocrite, la plus habile qui se puisse imaginer :
     
    Au roy, mon Souverain Seigneur. Sire, la libéralité qu’il vous a plu me despartir de la broderie que j’ai reçue par ce porteur, ne vous puis rendre grâces suffisantes, mais les plus très-humbles qu’il m’est possible les vous présente, avecque confiance de la perpétuelle servitude et obligation de messieurs de Lautrec, de Châteaubriant et mienne, de ceux de nos maisons présentes et avenir, des biens reçus et de la bonne volonté que nous faites l’honneur m’écrire… De ma

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